En Algérie, chaque kilomètre parcouru par les automobilistes, motards et piétons est un pari avec la mort.
L’excès de vitesse, l’alcool, la consommation de drogues, l’inattention, le non-respect des distances de sécurité, les dépassements dangereux et le refus de porter ceinture ou casque et le téléphone sont les causes les plus fréquentes des accidents. Trop de conducteurs se comportent comme des délinquants de la route, ignorant les règles les plus élémentaires. Les campagnes de sensibilisation, répétées à longueur d’année, n’ont pas suffi à changer les comportements, les routes algériennes restant le théâtre d’une violence quotidienne où la vie humaine semble trop souvent sacrifiée à l’imprudence et à la négligence.
Des chiffres qui illustrent l’urgence
Chaque année, des milliers de vies sont fauchées sur les routes, laissant derrière elles des familles brisées, des enfants orphelins et des drames silencieux. Selon le bilan 2024 de la Direction générale de la Protection civile, 64 261 accidents ont été recensés, provoquant 76 800 blessés et 1 959 morts. Sur la première moitié de 2024, 11 162 accidents ont causé 1 446 morts et 14 852 blessés. Dans les zones urbaines, 18 881 accidents ont entraîné 751 décès et 22 979 blessés, contre 665 morts et 20 600 blessés en 2023. La situation s’est aggravée en 2025, avec 18 395 accidents corporels, 2 618 décès et 25 399 blessés recensés au cours des huit premiers mois de l’année. Ces chiffres témoignent d’un fléau quotidien qui ne connaît pas de répit et qui frappe sans distinction, jeunes ou vieux, novices ou conducteurs expérimentés.
Chaque chiffre représente une vie, un foyer détruit, un avenir volé. La majorité des victimes sont des jeunes conducteurs ou des piétons imprudents, mais aussi des automobilistes respectueux des règles pris dans l’inconscience des autres. Ces statistiques traduisent la gravité de l’insécurité routière et montrent que les campagnes de prévention, bien qu’intenses, sont restées lettre morte.
Chaque accident est une urgence législative
Face à ce fléau, le projet de loi portant réforme du code de la route en Algérie prend toute son importance. Le texte introduit des mesures strictes pour réprimer les comportements dangereux et responsabiliser les conducteurs. Il classe les infractions selon leur gravité et prévoit des amendes allant de 4 000 à 15 000 dinars, adaptées aux manquements commis, allant du non-respect de la signalisation ou de la ceinture, jusqu’aux infractions graves mettant en danger la vie d’autrui.
Pour les infractions entraînant blessures ou décès, des peines de prison de un à cinq ans sont prévues, pouvant atteindre douze ans en cas de conduite sous alcool ou drogue, ou si un poids lourd est impliqué. Ces mesures visent à envoyer un message clair : la vie humaine n’est pas négociable et les délinquants de la route doivent être sanctionnés.
Contrôle strict pour les conducteurs
Le code réformé impose également un contrôle strict de l’obtention et du renouvellement des permis. Chaque candidat doit fournir un dossier médical complet attestant de son aptitude à conduire et prouvant l’absence de consommation de drogues. Une période probatoire de deux ans est instaurée pour les nouveaux conducteurs, accompagnée de vérifications régulières. Ces mesures visent à responsabiliser tous les conducteurs, en particulier les jeunes et les détenteurs récents de permis, qui représentent une part importante des accidents.
Malgré des années de sensibilisation et d’efforts éducatifs, les résultats restent décevants. Les accidents continuent de frapper, les victimes se comptent par milliers et les comportements à risque persistent. Les routes algériennes sont devenues le théâtre quotidien de l’irresponsabilité et de la délinquance routière. Cette réalité tragique démontre qu’il ne suffit pas d’informer ou de sensibiliser, il faut agir, avec des sanctions dissuasives et un contrôle rigoureux.
Les communes concernées
L’insécurité routière ne se limite pas aux routes nationales ou aux autoroutes, elle s’invite dans chaque ville, chaque quartier, chaque rue. Dans de nombreuses communes, la signalisation est insuffisante, défaillante ou inexistante. Les feux tricolores sont souvent absents ou hors service, les passages piétons manquent, notamment aux abords des écoles, et les carrefours deviennent des zones où la vigilance seule ne suffit plus. Les chaussées sont parfois dégradées, semées de nids-de-poule, et la circulation anarchique accentue les risques pour tous, des piétons aux cyclistes, en passant par les automobilistes.
La responsabilité n’incombe pas qu’aux conducteurs imprudents : les communes doivent être considérées comme pleinement responsables de l’aménagement de la voirie et de la mise en place d’une signalisation efficace. Le manque de feux, de panneaux et de passages sécurisés constitue une négligence grave, qui transforme chaque carrefour en piège potentiel. Les sanctions ne devraient pas se limiter aux automobilistes délinquants : les municipalités doivent être tenues pour responsables lorsqu’elles omettent de sécuriser les espaces publics et les zones scolaires. La sécurité routière en milieu urbain est un devoir partagé, et le respect du code de la route passe autant par la vigilance des conducteurs que par l’engagement des autorités locales à aménager des infrastructures sûres pour tous.
Sanctionné mais vivant
Sans un encadrement législatif fort et une application stricte de la loi, les routes continueront à tuer. Le projet de nouveau code de la route n’est pas une option, c’est une nécessité vitale. Chaque vie perdue est une tragédie évitable, chaque mort sur les routes est un appel à l’action immédiate. Les délinquants de la route ne peuvent plus circuler en toute impunité, les victimes innocentes ne peuvent plus attendre que le drame frappe.
Si la réforme est appliquée avec rigueur, avec permis plus stricts, contrôles réguliers et sanctions dissuasives, il sera possible de sauver des milliers de vies et de redonner aux routes leur fonction de passage sûr. Chaque vie sauvée représente un drame évité, une famille préservée, un avenir qui continue. L’Algérie n’a plus le droit de laisser l’imprudence et la délinquance routière continuer à faucher ses citoyens, il est temps d’agir, fermement et rapidement. Sans compromis.
Par : Aly D









