Par : M. Rahmani
Les zones d’ombre dans la wilaya d’Annaba diffèrent d’une commune à l’autre, mais se caractérisent toutes par un déficit en matière de développement, d’aménagement, d’équipements publics et de services.
Cette catégorie de quartiers et de localités au nombre de 110, localisés dans 11 communes, a bénéficié récemment d’une enveloppe assez substantielle, censée améliorer le quotidien des populations en apportant une réponse à leurs préoccupations et en prenant en charge certains aspects en relation avec le développement de ces zones.
Si l’on constate que certains quartiers en ont déjà bénéficié et les travaux sont lancés tels que dans les cités Saf-Saf, Oued Forcha, Errym ou encore l’UV 13 à Sidi Amar et la petite localité de Bouachir à El Bouni, il faut dire que certaines en ont été exclues et leurs habitants ne comprennent pas sur quelles bases ou critères on a décrété certaines zones comme étant des zones d’ombre et d’autres pas. Ce qui a soulevé la colère des citoyens de plusieurs quartiers déshérités à l’exemple de Hay Ellouz à El Hadjar, La Vieille Ville, la Colonne ou encore la cité Chaïba à Sidi Amar.
Certains rapportent que leur quartier remplit les critères édictés du fait que ses voies sont défoncées, que le réseau d’assainissement est vétuste et des égouts éclatés déversent sur la chaussée les eaux usées, dégageant des odeurs insupportables, des semblants de trottoirs et un éclairage public défaillant, puisqu’aucun lampadaire n’a été posé et tout le quartier est plongé dans l’obscurité dès la nuit tombée.
En effet, dans les cités et quartiers que nous avons visités, la situation est déplorable et bien au-delà des critères définis pour leur identification comme étant zones d’ombre. A Hay Ellouz à El Hadjar, c’est un bidonville qui survit dans un environnement des plus défavorables sans la moindre commodité. Malgré les manifestations et les protestations en vue de leur relogement et l’éradication de ce bidonville, la situation est toujours la même et, apparemment cela risque de le rester pour longtemps encore.
A l’UV 24, un quartier isolé et à l’écart, échappant à la vue des autorités, la situation est pire car l’on ne peut presque plus y accéder ; la voie y menant s’est considérablement dégradée, des fils électriques qui pendent à 1 m et demi du sol juste à côté d’une école primaire, un amoncellement d’ordures qui grossit et que les services de la commune « oublient » souvent d’enlever et un espace pour collecter lesdites ordures, construit par les habitants de la cité a été démoli sur décision de l’APC (à n’y rien comprendre) alors que le danger vient de ces fils électriques pendants transportant le courant électrique vers le bidonville situé juste en face. Des eaux usées qui se déversent tout le long de la voie et qui se retrouvent en contrebas sur le semblant de boulevard menant au siège de l’APC et un ensemble de constructions illicites qui rétrécit la chaussée obligeant les automobilistes à passer tour à tour dans les 2 sens.
Dans ce quartier, il n’y a pas l’ombre d’un lampadaire, le jour c’est des troupeaux de bovins qui envahissent les lieux en décorant les espaces de bouses et la nuit, ce sont des meutes de chiens qui interdisent tout passage de piétons sous peine d’être attaqués. Ici, ce n’est pas juste une zone d’ombre, c’est plutôt une zone noire, un point noir dans cette localité abritant une université, l’une des plus anciennes du pays.
« Je ne comprends pas pourquoi notre quartier est oublié, la plupart de ses habitants sont des enseignants qu’ils soient du primaire, du moyen, du secondaire ou universitaire, les coupures de courant ne se comptent plus, les piratages du réseau sont légion, les piquages sur l’AEP sont à l’origine de grosses fuites et de réduction du débit au niveau des habitations, il n’y a pas d’éclairage public. C’est une honte, nous sommes des citoyens de seconde zone car malgré nos protestations et nos écrits aux autorités, la situation est restée la même. » nous a dit un des habitants, enseignant de son état.
Un autre, visiblement très informé sur les zones d’ombre et les critères retenus pour leur détermination, nous dira que l’Etat a recensé plus de 15.000 zones d’ombre et a prévu plus de 32.000 projets placés en tête des priorités pour améliorer le cadre de vie des citoyens et les faire profiter du développement et ainsi garantir la parité et l’égalité des chances pour l’ensemble des Algériens. « Visiblement nous ne sommes pas concernés et je commence à croire que nous ne sommes pas des citoyens à part entière. » nous a-t-il confié avec beaucoup d’amertume.