Par : Fatima Zahra Bouledroua
La toile s’est enrichie depuis quelques jours d’un nouveau service en ligne. Une visite virtuelle du musée et site antique d’Hippone (HIPPO REGIUS) que viennent de découvrir les amoureux d’histoire et les passionnés de civilisations antiques, qui peuvent désormais satisfaire leur curiosité quelle que soit la ville ou le pays où ils habitent. Le mérite de ce projet citoyen revient au bénévole et passionné de photos hocine KOUDRI, qui a mobilisé compétences et savoir-faire pour réussir l’initiative en étroite collaboration avec monsieur Amar NOURA directeur du musée, ainsi que toute son équipe.
Le nouveau service récemment mis en ligne est consultable depuis le lien http://vrdz360.com/VR/RuinesRomainesHippone, qui d’un clic, donne accès à une visite virtuelle au musée au site antique d’Hippone permettant ainsi l’immersion totale du visiteur dans les lieux.
Cette virée virtuelle se distingue des quelques autres déjà existantes, par le guide sonore utilisant les langues arabe et Française, la qualité de la photo 360° ainsi que la fluidité du déroulement de la promenade.
Sortir les gens de chez eux en période de confinement a été l’idée d’une telle entreprise ; un challenge qui ne coutera rien, pour le visiteur, au-delà d’un ordinateur ou smartphone et un casque VR 360 pour les plus « branchés ». Outre la mise en valeur de la richesse et diversité historique, ce projet met en exergue le potentiel touristique que recèle la ville d’Annaba et pourquoi pas le valoriser pour en faire une destination touristique sur les guides de voyages internationaux.
Les visites virtuelles liées aux musées ont débuté avec l’explosion d’Internet dans les années 90, elles se focalisaient entre autres sur les œuvres numérisées à l’intention de spécialistes, elles visaient aussi le grand public. Les buts poursuivis sont à la fois éducatifs, scientifiques et touristiques, notamment dans le cas des publics éloignés qui demeurent une cible importante à impacter.
Tout en mettant en avant le caractère irremplaçable des visites réelles, elles permettent de simuler la visite d’un site. L’image représentant le site visité évolue dynamiquement, en interaction avec la demande de l’utilisateur.
Selon le philosophe, sociologue et chercheur en sciences de l’information et de la communication Pierre Lévy, nous sommes dans un cyberespace entièrement décloisonné et interconnecté qui remplace de façon non institutionnelle l’ensemble des institutions culturelles. Ainsi La visite virtuelle est un des principaux outils de la muséologie numérique et de la muséologie participative. Ce champ interdisciplinaire évolue en adéquation avec les bases de l’économie de la culture et plus précisément de la théorie économique des musées. Le musée virtuel est aujourd’hui un atout pour la diffusion des connaissances et la recherche scientifique. Il est un outil de médiation et de communication privilégié. Il participe à la stabilité du musée en tant qu’entité économique (entreprise économique) grâce à la visibilité qu’il offre en termes de notoriété et d’image et les visiteurs virtuels contribuent efficacement à son chiffre d’affaire.
Richesses d’Hippone
Le musée et site antique d’Hippone recèle de pièces uniques et de pièces rares, nous citons entre autres : Trophée en bronze ou trophée d’Hippone, le masque de la Gorgone d’Hippone, statuette de Jupiter barbu…..etc. Il raconte plusieurs civilisations, saint augustin y fut évêque.
Allons-nous donc nous diriger grâce à la mise en ligne d’une visite virtuelle vers une gestion économique du musée d’Hippone ?
« Je veux laisser mon empreinte dans ma ville –Annaba- »
Agé de 35 ans, Koudri Hocine est un jeune cadre commercial passionné de photographie sous-marine. Autodidacte, il a vite compris le sens et l’intérêt du bénévolat. Il a investi des moyens et du temps dans l’apprentissage de la conception des visites virtuelles de sites et infrastructures, dans le but de combler un besoin qui s’est fait beaucoup ressentir en temps de confinement sanitaire.
Faire des visites virtuelles du musée et du site d’Hippone tout en restant chez soi, est l’idée qu’il avait proposée au directeur du musée monsieur Amar Nouara, ce dernier, n’a pas hésité une seconde à se lancer dans le défi pour faire rayonner l’endroit antique comme il l’avait déjà fait, mais cette fois ci sur « la toile ».
Une étroite collaboration est née entre les deux hommes qui ont comme objectif commun la passion et l’amour du patrimoine et un professionnalisme sans égal.
Notre bénévole n’a pas résigné sur les moyens pour venir à bout de son projet, il a mis toutes ses compétences techniques au service du projet, il a investi dans les voix off pour les visites sonores dans les deux langues, un logiciel d’assemblage de photos 360°, et, du matériel de pointe pour la prise des photos.
Collaboration gagnante
Quant à la contribution de l’administration du musée et plus précisément du directeur, monsieur Ammar Nouara nous déclare, que le projet s’inscrit dans une stratégie qu’il avait préalablement tracée pour donner de la visibilité et valoriser HIPPO REGIUS à l’échelle nationale et internationale. Selon lui, c’est un outil qui éveille l’intérêt des chercheurs en histoire, religions et archéologie, voir même en informatique à différents niveaux.
Le directeur du musée insiste sur le caractère lucratif que pourrait générer un tel projet pour les jeunes créateurs. En suivant l’exemple de Hocine KOUDRI, ils ont pu proposer leurs services à d’autres musées nationaux. Au dernier passage de la ministre de la culture et des arts Malika BENDOUDA à Annaba, monsieur Amar NOUARA n’a pas hésité à lui présenter cette innovation incrémentale, et depuis, notre jeune KOUDRI s’est classé demi-finaliste au concours national « THAKAFA-UP ».
Monsieur Amar NOUARA considère que nous devons aller vers la généralisation des visites virtuelles à l’échelle de tous les musées du pays, mais, il énumère hélas moult obstacles. Il a récemment enclenché une réflexion et une dynamique au ministère de la culture et des arts autour des points suivants : budgets alloués à cette prestation de service, propriété intellectuelle de la visite qui devrait revenir au musée, protection des sites hébergeant la visite virtuelle d’éventuel piratage cybernétique, protection du produit (la visite virtuelle) et de son propriétaire, protection des directeurs de musées par rapport à la collaboration dans ce genre de projets.
Par ailleurs, la visite virtuelle sera intégrée dans le site du musée en construction, projet qui se fait actuellement dans le cadre d’un mémoire de fin d’étude d’étudiants du département Informatique de l’université Badji Mokhtar Annaba.
Perspectives technologiques
Le projet ne s’arrête pas là, il y a comme perspective de développer des visites 3D et simulations sur différentes thématiques (Restitution de la vie de Saint Augustin, civilisation romaines…etc) pour être exploitées dans des projets cinématographiques et audiovisuels. Monsieur Nouara y voit même un intérêt commercial autour de la conception de jeux vidéo, une façon selon lui, d’assurer le passage vers une culture économique. Un projet autour de la protection cyber-sécurité des visites a vu le jour en collaboration avec le département informatique de l’UBMA.
Notre jeune bénévole nous informe qu’il se lance désormais dans d’autres initiatives tout aussi intéressantes, visites virtuels d’infrastructures hôtelières, galerie d’art virtuelle…… autant de créativité et d’efforts pour rentabiliser son investissement, mais son geste citoyen demeurera sa FIERTE.