Par : Mustapha B.
La première ministre française Elisabeth Borne accompagnée d’une très importante délégation a achevé, hier, sa visite de deux jours à Alger où de nombreux sujets ont été abordés.
Une visite très attendue après celle effectuée 40 jours plutôt par le locataire actuel de l’Elysée. La présence de la cheffe du Gouvernement français, qui a présidé avec son homologue algérien les travaux de la 5e réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN), devait servir à traiter plusieurs dossiers importants qui empoisonnent les relations bilatérales entre les deux pays, avec à leur tête le dossier mémorielle, mais aussi les questions des visas pour la France, la lutte contre l’émigration clandestine et la facilitation de la délivrance des laissez-passer consulaires pour les clandestins en instance d’expulsion du territoire français.
Cette visite ne semble pas avoir eu l’effet escompté, du moins du côté algérien, puisque, tout comme la visite d’Emmanuel Macron en août dernier, les problèmes qui empoisonnent les relations entre les deux pays sont restés en suspens.
Avant même son arrivée, Mme Borne a, lors d’un entretien accordé à TSA et El Khabar, écarté, d’une manière aussi diplomatique qu’intransigeante, la possibilité de dénouement du problème des visas, qui dure depuis maintenant une année.
« Délivrer un visa est un acte de souveraineté », a-t-elle tout de suite répondu à la question des journalistes. La délivrance des visas est, bien évidemment, un acte de souveraineté pour tous les pays, mais le dire ainsi, d’une façon aussi brutale est de nature à « remettre les journalistes et les Algériens à leurs places » et d’envoyer un message très clair aux autorités algériennes. Poursuivant sa réponse aux journalistes sur cette question, Mme Borne s’est lancée dans un exercice de « pédagogie » à l’adresse du lectorat algérien, avec quelques statistiques et chiffres à l’appui. Pour reprendre la formule de Mark Twain, « Il y a trois sortes de mensonge : le mensonge, le gros mensonge et les statistiques ». La cheffe du gouvernement français a, en effet, insinué qu’il n’y avait pas réellement de problèmes de visas « contrairement à ce qu’on entend souvent », pour preuve, elle a révélé que les services consulaires de son pays avaient délivré durant les 8 premiers mois de 2022, « plus de 85.000 visas » pour les Algériens. Mais il suffira de comparer ces chiffres avec ceux de 2019, par exemple, pour comprendre que le problème est bel et bien là et que nul ne peut le nier. Comparativement au 275.000 visas accordés à l’Algérie, en 2019, la restriction imposée par les services consulaires du Quai d’Orsay, à la demande d’Emmanuel Macron, est gigantesque. Même s’il reste encore 4 mois afin de pouvoir comparer, la baisse est de l’ordre de 70%, et il est tout simplement impossible de délivrer plus de 190.000 visas en un temps si court.
Pour ce qui est du dossier mémoriel, rien n’était à attendre. En effet, le président de l’ancienne puissance coloniale avait annoncé les couleurs lors de sa dernière visite à Alger en reléguant la question mémorielle à des historiens.