Il a suffi d’un simple appel, lancé sur la toile au cours de la dernière semaine par des jeunes annabis actifs dans le milieu associatif, pour mobiliser une grande partie de la population de la wilaya d’Annaba, ses autorités locales et sa société civile en vue d’effectuer une vaste campagne d’hygiène dans la Casbah de Bouna, plus connue sous le nom de la Citadelle Hafside.
Ayant conscience de l’importance de ce patrimoine qui témoigne de la richesse de notre histoire, les jeunes annabis, accompagnés des associations et des représentants des différentes institutions, à l’image de la mairie d’Annaba, la direction de la culture, EPIC Annaba et le musée d’Hippone ont organisé une vaste campagne d’hygiène dans la journée d’hier au niveau de la Citadelle Hafside. Cette démarche intervient dans le but de protéger cette forteresse, notamment suite à la dégradation environnementale qu’a connue la Citadelle au cours de l’année dernière. En effet, avant la propagation de la pandémie, la société civile de la wilaya d’Annaba avait l’habitude d’organiser des visites récurrentes à la Casbah durant lesquelles les visiteurs effectuaient, à chaque fois, des campagnes d’hygiène. Cependant, ces initiatives ont cessé depuis le mois de mars de l’année dernière, suite aux mesures de confinement imposées par les autorités centrales. Ainsi, la Citadelle a fait l’objet d’une véritable dégradation environnementale qui a nécessité une telle démarche.
Selon certains participants à cet évènement, il ne s’agit pas d’une simple campagne d’hygiène, mais d’une démarche visant à attirer l’attention des autorités locales et centrales et les inciter à prendre le taureau par les cornes pour préserver ce patrimoine qui continue de connaitre les affres du temps.
Une véritable richesse historique
A l’époque des Hafsides, à la fin du XIIIe siècle, la puissance maritime des Aragonais avait pris des proportions inquiétantes. Et ils se mirent alors à envahir les côtes maghrébines, à avoir recours à la piraterie, au pillage et à l’assassinat pour trancher par la force les litiges qui les opposaient aux négociants. Face à cette situation, de plus en plus dramatique, toute l’énergie du royaume de Béjaïa fut axée vers la lutte contre leurs débarquements. Un seul objectif pour les Bejaouis, nous raconte H’sen Derdour : « Renforcer le littoral par la construction de nouvelles forteresses. Aussi, Abou Zakaria Ibn Arabi Ishac, plus connu sous le nom d’El Mountakhib Li Lhaï-Din-Illeh, souverain de cette partie orientale de l’Algérie, ayant compris que Bouna ne pourrait résister aux agressions venant de la mer sans le soutien d’une force extra-muros, avait réagi par l’édification de l’une des plus imposantes forteresses du littoral constantinois : La Kasba du Djebel Abed ».
Aussitôt, les travaux furent entrepris par le gouverneur de la ville, Abou Mohammed Es-Salah Ben El Masrour El Jazairi, sous la direction de l’architecte Omar Ben Mohammed vers 1299.
H’sen Derdour explique qu’elle a été construite en bonne maçonnerie et qu’elle couvre de nos jours une surface de près de trois hectares. Initialement, elle était entourée de deux hautes murailles parallèles, l’une servant de mur de soutènement à une vaste plateforme, l’autre laissant supposer par sa structure un système complet de défense.
A l’intérieur de la citadelle, en même temps que les tours, une importante mosquée, Jamaâ El Kasba, a été bâtie pour permettre aux djounoud de faire leur prière sans avoir à se rendre en ville.
Parmi les vestiges hafsides, en plus d’une façade donnant sur le côté Nord, face à Ras El Hamra, on retrouve les soubassements constitués avec des briques et des pierres de dimensions et de provenances diverses.
Cette Casbah formait une vraie petite ville avec ses magasins d’approvisionnement, ses écuries, les dortoirs et réfectoires pour les cavaliers. L’idée de l’existence de plus d’un atelier pour forger les armes ou façonner les accessoires, tels que les étriers, les mors ou les muserolles, n’est pas saugrenue, tant le rôle de cette cavalerie était primordial.
Bouchra Naamane