Une nouvelle technologie révolutionnaire de détection de polluants par fibre optique a été mise au point par des équipes de recherche franco-algériennes, une innovation récompensée par un 2ème Prix de l’innovation au SPIE Photonics Innovation Village Awards, événement de référence dans le domaine de l’optique-photonique (du 3 au 7 avril 2022 à Strasbourg).
Le communiqué de presse diffusé le 5 octobre dernier conjointement par Satt Connectus (Société d’Accélération du Transfert de Technologies), la société «Le Verre Fluoré», le laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie (ICube) de l’université de Strasbourg (Unistra), l’INSA de Strasbourg (France) et le laboratoire d’optique appliquée (LOA) de l’institut d’optique et mécanique de précision (UFAS-IOMP) de l’université Ferhat Abbas Sétif1, annonce la signature par Satt Connectus et «Le verre fluoré» d’une licence exclusive pour l’exploitation mondiale d’une technologie innovante développée par le Laboratoire d’optique appliquée de l’Institut d’optique et mécanique de précision LOA-IOMP (Sétif), et le Laboratoire ICube (Strasbourg).
L’innovation doit, selon les rédacteurs du communiqué, permettre de concevoir, grâce à l’intégration de micro-lentilles à des fibres optiques non-conventionnelles, des systèmes de détection beaucoup plus performantes. Les fibres optiques non-conventionnelles, explique-t-on encore, transportent sans pertes des faisceaux lumineux particuliers aux systèmes de mesure.
Ces fibres en verre fluoré servent à des applications «de détection fine». Et contrairement aux fibres optiques silice classiques, lit-on encore, elles transportent plus spécifiquement des faisceaux du moyen infrarouge (IR), une lumière non-visible à notre œil.
Les systèmes de détection en moyen infrarouge utilisant des lentilles classiques, subissent une déperdition de puissance d’environ 60%, entre la source lumineuse et le faisceau à l’entrée de la fibre optique. D’où l’intérêt des équipes de recherche franco-algériennes qui ont développé «Microcurved lens» par un procédé innovant.
Cette technologie «inédite, ancrée sur l’intégration de micro-lentilles au cœur de la fibre» a des avantages multiples, notamment une performance supérieure à 70% (contre 40% avec les fibres nues), un coup plus abordable (-40% par rapport à des lentilles classiques).
Contacté, le professeur Nacer Eddine Demagh du LOA-IOMP, qui a participé à ces travaux de recherche, nous dira «qu’il fabriquait les microlentilles en bout de fibres depuis 2011». Sa collaboration avec le professeur Sylvain Lecler de ICube a permis les caractérisations et validations des résultats dans le cadre d’un projet TASSILI de cotutelle de thèses de doctorat. Cette complémentarité a, par ailleurs, catalysé le perfectionnement et l’optimisation de la technique de fabrication qui, à l’issue, s’est couronnée d’un dépôt en copropriété (Unistra-UFAS d’un brevet d’invention international.
Entretien avec le professeur Nacer-Eddine Demagh
Q : Nous avons appris que le laboratoire d’optique appliquée de l’université de Sétif 1 vient de signer conjointement avec le laboratoire français ICube, une licence d’exploitation mondiale d’une technologie innovante avec Satt Connectus et Le Verre fluoré. Que pouvez-vous nous dire sur ces travaux de recherche?
Pr N.E. Demagh : Le Travail est une préoccupation d’un groupe, d’une équipe. J’ai, en qualité de “Chef de projet”, conduit le projet en intégrant à l’équipe, avec Madame Assia Guessoum, des doctorants. La recherche menée est expérimentale adossée, bien sûr, à des concepts théoriques.
Q : Quel a été l’apport du laboratoire d’optique appliquée de Sétif dans le cadre de ces travaux de recherche ?
Pr N.E. Demagh : Notre collaboration avec l’équipe française est née à partir d’une rencontre dans le cadre de nos déplacements de recherche. Cette rencontre scientifique a permis de soulever quelques problématiques, qui, après discussion, s’avèreront d’intérêt commun. Nous détenions une solution possible et nos partenaires avaient les moyens techniques et de simulations complémentaires. À cet effet, nous avions établi un trait d’union par la mise en commun d’un projet dit TASSILI dans lequel deux étudiantes étaient enrôlées dans une formation doctorale alternée.
Q : L’idée est donc partie de cette solution possible ?
Pr N.E. Demagh : Structurellement, nous faisons partie d’un laboratoire qui est constitué de plusieurs équipes thématiques. Notre équipe, dite “Système à fibres optiques et plasmonique”, était concernée par ces travaux. Les premiers échantillons ont été fabriqués dans mon Labo à l’institut et transportés par ma doctorante à ICube pour entamer sa thèse de doctorat. L’optimisation, le perfectionnement furent l’objet de la collaboration.
Q : Avez-vous, avec vos équipes, d’autres travaux de recherche en cours ?
Pr N.E. Demagh : Nos derniers résultats ne constituent qu’une brique de solution. D’autres développements et projets sont en cours d’étude et de réalisation.
PRP/ Fodil S.