Depuis ce lundi 23 janvier, la photo de la dépouille mortelle de Fella Borsali, sur l’un des trottoirs du centre-ville d’Annaba, au moment où les éléments de l’arrivée des éléments de la protection civile pour la transférer à la morgue, font le tour des réseaux sociaux. Les internautes algériens ne sont pas restés insensibles. Les images, bouleversantes même pour les plus endurcis, ont suscité une vague d’indignation à travers le territoire national.
Lundi 23 janvier 2023, Mme Fella Borasli a été retrouvée morte de froid, après une nuit glaciale dans la rue. Répondant aux appels des citoyens, les services de la Protection civile sont intervenus au niveau de la rue du 24 février 1956 à quelques mètres du cours de la révolution, dans la ville d’Annaba, suite à un signalement portant sur le décès d’une SDF, souffrant de troubles psychiatriques sur les lieux. A leur arrivée, ils ont découvert le corps sans vie d’une femme, gisant à même le sol. Quelques heures plus tard, la toile s’est enflammée suite à une information portant sur le fait que Mme Borasli était, en effet, une ex-enseignante à l’université Badji Mokhtar Annaba et titulaire d’un doctorat en biologie de l’université de la Sorbonne en France.
Étant une information venue d’une source inconnue, ou plutôt, une source n’ayant aucun contact direct avec la défunte ou ses proches, nous avons contacté le recteur de l’université Badji Mokhtar d’Annaba, M. Mohamed Manaâ, pour confirmer ces dires et pour avoir plus de détails sur son parcours académique. Même si, il faut le rappeler, le drame reste entier, peu importe le parcours scientifique ou professionnel de la victime. La perte d’une vie humaine, dans des conditions aussi tragique, sera toujours un drame, quel que soit son parcours.
Une ex-enseignante à l’UMBA
“Selon les informations que nous avons pu collecter auprès de l’administration ainsi que les enseignants ayant côtoyé la défunte au cours de son parcours académique, Mme Fella Borasli avait obtenu un diplôme d’études supérieures (DES) en biochimie et non pas en biologie en 1984, de l’université Badji Mokhtar d’Annaba. Elle a ensuite enseigné comme vacataire, chargée des travaux dirigés (TD) pendant une année à ladite institution”, explique M. Manaâ avant d’ajouter que la défunte avait bénéficié par la suite d’une bourse d’études en France. En 1988, elle est revenue en Algérie, tout comme ses collègues ayant bénéficié de la même bourse. Cependant, elle souffrait d’une dépression sévère provoquée par un drame familial. Ainsi, contrairement à ses collègues, Fella n’est jamais retournée à l’université d’Annaba.
L’EHS Er-Razi, transformé à un centre d’accueil ?
Suite à la vague d’indignation qu’avait suscitée cette tragédie, les yeux se sont tournés vers l’hôpital psychiatrique Abou Baker Er Razi à Annaba. “Pourquoi ne pas accueillir ces malades au niveau de l’hôpital psychiatrique ?”, “C’est la responsabilité de l’hôpital Er Razi de prendre en charge ces individus”, lit-on dans un nombre important de commentaires. Or, il est important de préciser que ledit établissement hospitalier ne prend en charge que les cas des maladies psychiatriques sévères pouvant représenter un danger pour le malade et pour autrui. Souffrant déjà d’une saturation, l’hôpital en question se trouve contraint, depuis des années, d’accueillir des malades présentant un comportement plus au moins stable et ne représentant aucun danger, ni pour eux-mêmes, ni pour les autres. Ces malades, dont une grande majorité ne peut pas être relâchée, car l’hôpital ignore leurs identités respectives.
Rien qu’au cours de la soirée d’avant-hier, l’EHS Er Razi, a reçu trois malades psychiatriques dont le cas ne nécessite pas réellement une hospitalisation au niveau de l’institution. Les médecins assurant les gardes se sont retrouvés contraints d’affronter une situation délicate, ne pouvant assurer l’hospitalisation de ces individus après leur évacuation par les services de la Protection civile ou la DASS. D’où, justement, la nécessité de créer des centres d’accueil spécialisés dans la prise en charge des malades psychiatriques représentant un comportement non dangereux. L’hospitalisation de ces malades risque d’empêcher le personnel au sein de l’hôpital d’assurer une prise en charge adéquate aux patients représentants un comportement dangereux pouvant mettre sa vie ou la vie d’autrui en danger.
Par : Bouchra Naamane