Par : Hamid Baali
La paupérisation gagne du terrain en ces temps de vaches maigres, car le chômage et la cherté de la vie se sont imposés dans le quotidien de la population qui endure un calvaire sans précédent pour vivre décemment. Des pères de familles et parfois des jeunes gens se sont investis dans le recyclage à petite échelle en fouinant dans les bacs à ordures, les poubelles, les décharges publiques, les terrains vagues pour récupérer des objets en plastique, en métal ou en bois. Activant à pied, en camionnette, en moto, en poussant une carriole ou une brouette, ils sillonnent quotidiennement les cités et quartiers du chef-lieu de wilaya pour dénicher des bidons, seaux, bouteilles, cuvettes, vaisselle en matière plastique qu’ils écouleront à des commerçants versés dans le recyclage qui est un créneau porteur. D’autres se spécialisent dans le ramassage des objets métalliques, dont la récupération intéresse ceux qui les achètent pour les revendre en gros à des usines ou autres ateliers spécialisés dans ce domaine.
Ces fouineurs de poubelles agissent sans complexes et certains sont à bord de voitures de tourisme et de camion afin de glaner le maximum d’objets intéressants et négociables. Aux abords des bacs à ordures, les riverains des immeubles collectifs déposent chaque matin des sachets contenant du pain rassis que s’empressent de ramasser ces débrouillards qui les écoulent à des aviculteurs et éleveurs de bétail qui saisissent cette opportunité pour nourrir leurs bêtes à moindre frais. Des quintaux de pain rassis sont collectés chaque jour dans chaque quartier et cité de la ville par ces personnes qui ont trouvé les moyens de gagner des billets de banque pour répondre aux besoins de leurs enfants et de leurs familles.
Cette activité s’est banalisée au fil du temps et chacun y trouve son compte ! Abordé à proximité d’une décharge publique, un sexagénaire proprement vêtu, nous déclare : ” Après plus de trente années de travail dans une entreprise du secteur privé, je perçois une pension mensuelle de 26.000 dinars qui ne couvre aucunement les dépenses de ma famille, dont mes trois enfants. J’estime qu’il n’est pas dégradant de recourir à cette démarche de ramasseur d’objets destinés à des recycleurs ayant pignon sur rue. Cela me permet de gagner de vingt mille à trente mille dinars chaque mois, ce qui n’est pas négligeable pour régler les frais de charge de mon logement et d’offrir quelques douceurs à ma famille ! “.