Le procureur de la République, près le tribunal correctionnel d’Annaba a requis, hier, une peine d’un an de prison ferme et une amende de 100.000 dinars à l’encontre du rédacteur en chef du journal Le Provincial, M. Mustapha Bendjama, accusé d’avoir « exposé au regard du public des publications pouvant porter atteinte aux intérêts nationaux ».
Dans leurs plaidoiries, les avocats du collectif de défense ont mis en exergue le caractère patriotique des publications de M. Bendjama, tout en soulignant qu’il n’y avait aucune atteinte aux intérêts nationaux dans les publications du journaliste qui, en vertu de la constitution algérienne, des lois de la République et des accords internationaux ratifiés par l’Algérie, a bel et bien le droit de s’exprimer librement, compte tenu que ses propos ne sont ni insultants ni offensants envers qui que ce soit. Me Abdelhalim Kheireddine est même allé plus loin lors de son plaidoyer devant le juge. Il a ainsi affirmé que son client était la cible d’un acharnement policier et judiciaire destiné à le faire taire et à l’empêcher d’exposer ses opinions politiques. Pour preuve, il a cité les nombreuses affaires en justice que traine M. Bendjama et qui sont toutes plus ou moins similaires et en rapport avec ses écrits, le plus souvent sur les réseaux sociaux. « Mon client a déjà été relaxé par la justice à deux reprises. Il fait l’objet de trois autres procès. On est aujourd’hui devant ce tribunal, on le sera aussi demain et après-demain. Et malgré cela, les forces de l’ordre continuent à le convoquer et tentent de lui coller quatre nouvelles affaires. Mon client n’est pas un criminel. C’est un journaliste qui tente de faire son travail. Et il a le droit d’être militant et d’avoir des opinions politiques », a-t-il affirmé au juge. Le verdict dans cette affaire sera rendu le 3 janvier 2021.
Pour rappel, notre rédacteur en chef sera jugé aujourd’hui au niveau du même tribunal pour outrage à corps constitué et demain pour une autre affaire d’«exposition au regard du public de publications pouvant porter atteinte aux intérêts nationaux ». Pour rappel, M. Bendjama a été relaxé par le tribunal correctionnel d’Annaba le 2 février 2020, puis par la cour de justice d’Annaba, alors qu’il était accusé d’«incitation à attroupement non-armé», « opposition au déroulement de l’opération électorale » et « opposition à travers un rassemblement à des actions autorisées par l’autorité publique ».
R.C