Au cours des discussions avec une personne proche, en étant un parent ou un enseignant on remarque des soucis communs aux individus de la même tranche d’âge, y’a-t-il une explication ?
La personnalité est définie comme un ensemble de sentiments, de comportements et d’idées uniques à chaque individu. Son développement a fait l’objet de pas mal de théories, la plus connue étant la théorie Freudienne, le père de la psychanalyse « Sigmund Freud » s’intéressait au développement psychosexuel de l’Homme et il a affirmé qu’une personnalité arrive à sa forme définitive à la fin des premières onze années.
Erik Erikson par contre, a supposé que le modelage d’une personnalité se déroule tout au long du cycle de la vie, il a aussi insisté sur le rôle de l’environnement notamment l’expérience sociale d’où la nomination « développement psychosocial » de sa théorie.
Cette théorie explique que toute personne passe par huit principaux conflits au cours de sa vie dès sa première interaction humaine à la découverte de son environnement, de son empreinte sur celui-ci, de son identité au degré de satisfaction de sa vie.
La bonne résolution d’un conflit mène à une acquisition de vertus, à une maturité et donc à un développement sain. Un échec à une phase par contre, altère la gestion de la suivante et à une confusion du sens de soi.
Explorons ces huit stades de développement !
1/ Puis-je faire confiance aux autres ?
Dès sa naissance jusqu’au 18 mois environ, un nourrisson expérimente les interactions humaines et commence à poser des bases pour comprendre ses relations. Il est dépendant de ceux qui prennent soin de lui, il exprime des besoins notamment la somnolence, la faim, l’envie de jouer…
Si on lui répond à ses besoins, il apprend à se reconnaitre et à donner de l’importance à lui-même et à ses émotions. Par la suite il va percevoir le monde comme un milieu sûr, inoffensif et il en aura de la foi, il aura espoir à chaque problème que de la même manière les autres lui offriront de l’aide.
Par contre, s’il est négligé et délaissé il va suspecter du mal, sera anxieux et incapable de faire confiance à son environnement et malheureusement on compte un échec à cette phase.
2/ Je prends soin de moi-même !
Entre un et trois ans, un enfant explore un peu d’autonomie, il prend sa cuillère et essaie de se nourrir, de s’habiller et de dormir seul, mais le plus grand défi c’est qu’il apprenne à utiliser un pot et à éprouver un control sur son corps.
Il découvre son entourage et son corps, il les expérimente et se demande : « Est-ce que c’est acceptable d’être moi ? Puis j’aller plus loin ? »
A cette phase également, le rôle des parents est crucial, la surprotection est à éviter et ils sont donc sensés d’encourager ce sens de curiosité et de découverte de leur enfant ce qui conduit vers la conception de la confiance en soi chez lui.
S’il est réprimé, il échoue et il va douter ses capacités et avoir honte de lui-même.
3/ Il est temps de prendre quelques décisions !
C’est l’âge préscolaire entre trois et six ans, où les parents peuvent percevoir les comportements de leur enfants comme agressifs. L’enfant est curieux et il pose des questions tout le temps, il est interactif avec d’autres enfants, il organise des jeux et initie des activités. A travers ces actions, il commence à fonder les bases de son comportement et ses principes et il se demande si ce qu’il fasse est acceptable.
Il est soit encouragé et mis à l’aise, il va donc suivre ses intérêts ; soit il est restreint et il va se sentir coupable et perdra ses envies et cela n’aidera guère à son développement !
4/ Que puis-je faire ?
C’est l’âge scolaire entre six et douze ans, où on commence à apprendre et découvrir ce qu’on est capable de faire. L’enfant se rend compte qu’il est différent des autres et il veut montrer ces capacités. Sa motivation à ce stade est la reconnaissance de la part de ses parents et ses enseignants, ce qui va lui pousser à travailler sur ses capacités et à les développer. Par contre, trop de critiques mènent à l’anxiété et à un sentiment d’infériorité.
5/ Qui suis-je ?
Un adolescent commence à découvrir le style vestimentaire qui le plait le plus, à fonder ses propres opinions et à trouver son rôle social. Il est soit permis d’explorer et d’être indépendant où il va trouver son identité ; soit il est obligé à voir les choses de la même manière que ses parents et là c’est la confusion identitaire ! Il apprend donc en observant les autres et sera ainsi préoccupé par les regards des autres.
6/ Des engagements à long terme, ou pas ?
A l’âge adulte, on sort du cercle de la famille et on commence à avoir des relations proches avec d’autres personnes.
La résolution de ce conflit dépend de sa possibilité de se sentir à l’aise avec l’autre et d’éprouver de la confiance avec lui et qui résulte en un sens de sécurité et en des relations saines.
Si on échoue, on penche vers des relations superficielles voir vers l’isolation et la solitude.
7/ Leadeur ou suiveur ?
A la quarantaine, on reconnait qui on est, ses points de forces et ceux de faiblesse et on les accepte. On se demande donc comment peut-on contribuer pour la société ? Quel héritage va-t-on laisser derrière lui ? Et on veut guider la future génération, c’est la générativité !
Si on est pessimiste, on peut stagner dans sa vie.
8/ Suis-je satisfait de ce que j’ai vécu ?
Dès ses soixante ans, on n’est plus actif ni productif comme auparavant, on est plutôt observant. C’est le temps de prendre un recul et de regarder derrière lui.
Le succès et la satisfaction mènent à la sagesse et c’est le dernier stade de développement : Le Ego ! On est fier de sa vie, on se rappelle de ses jours avec nostalgie et on tend à raconter des histoires de sa jeunesse. On n’a pas peur de faire face à sa fin !
Si on regrette ses décisions, si on n’a pas atteint ses objectifs et si on n’est pas satisfait, on va vivre ses derniers jours avec un sentiment de désespoir et d’amertume.
Cette théorie a été tellement critiquée car elle ne propose pas de solutions en cas d’échec. Or elle reste toujours pertinente du fait qu’elle propose une lecture analytique du déroulement des phases de la vie en déchiffrant la balance entre les besoins d’un individu et la réponse de son environnement proposant la possible manière de succès et donc de maturation et les possibles causes d’échec qui sont alors à éviter.
Par : ZERGUI Meriem
Membre du Club Averroès Faculté de médecine Annaba*