Par : M. Rahmani
Alors que l’on table sur la diversification de l’économie et de l’apport que pourrait apporter le secteur agricole qui pourrait non seulement garantir l’autosuffisance, mais aussi augmenter les recettes fiscales en devises du fait d’exportations de produits, à Annaba, on pille et on dilapide les terres au profit d’un urbanisme à outrance.
En effet, dans presque toutes les communes de la wilaya, ce massacre continue, que ces terres soient exploitées pour des projets légaux et officiels ou encore de manière illicite, rien ni personne ne semble vouloir arrêter ou même dénoncer. La loi relative à la protection et à la préservation des terres agricoles est pourtant claire et ne tolère aucune dérogation quant au détournement de ces terres de leur vocation première.
Après les terres inondées par les eaux usées qui ont pollué pas moins de 30 hectares de terres agricoles, car les responsables ne se sont même pas inquiétés des conséquences du déversement de ces eaux sur les cultures suite à la construction de logements ruraux à Cheurfa, c’est au tour de la localité d’El Allelik de connaître une autre forme de détournement et de pillage du foncier agricole. C’est un mitage qui s’est opéré au Sud de ladite localité à proximité de la petite route menant à Sidi Salem et la cité Seybouse (Ex-Joannonville). L’extension a grignoté plusieurs hectares de bonne terre qui produisaient selon l’année, maraichages ou céréales et parfois des fourrages, selon les assolements programmés.
Ce sont des dizaines de constructions sur 1 ou 2 étages qui se dressent sur ce tapis vert qui s’étale à perte de vue ; on n’y voit désormais que les bétonnières et les ouvriers qui s’activent autour de ces bâtisses, sable, gravier, rond à béton et ciment jonchent le sol écrasant cette herbe verte revoyant une image d’une laideur déplaisante, voire horrible.
Cette atteinte à l’environnement, aux terres agricoles qui assurent plus ou moins une production qui nourrissait des familles entières n’a nullement inquiété les responsables locaux, ni les services agricoles qui ne se sont même pas déplacés pour constater cette agression caractérisée contre des terres censées être protégées par la loi.
Une autre agression contre les terres est venue encore aggraver cette situation et cette fois, elle n’est pas située en retrait ou isolée, car il s’agit d’un grand projet à la sortie Est de la ville d’Annaba à hauteur du lieudit “Pont Bouchet ». Une clôture en dur s’étendant sur plusieurs centaines de mètres a été érigée, des engins sont en train de creuser des fondations et des baraques ont été posées. Aucun panneau indiquant la nature du projet, les délais de réalisation, le maître de l’œuvre ou de l’ouvrage n’a été planté, un projet anonyme qu’on découvrira après sa réalisation.
Le comble c’est que ce projet sera réalisé sur une terre agricole fertile qui produisait du blé, une céréale très prisée et consommée par les populations, une production dont sera privé le pays et qui sera certainement comblée par ces milliers de tonnes qu’on importe en devises fortes.
La contribution du secteur au PIB du pays frôle les 25 milliards de dollars/an, plaçant ainsi l’agriculture en deuxième position des secteurs générateurs de richesses et de postes d’emplois après celui des hydrocarbures, cela n’a pas empêché certains de détruire ce potentiel au profit de projets et d’extensions urbaines stériles.