Ce quinquagénaire, diplômé en génie mécanique, est père de deux grands enfants. Mais, c’est surtout un amoureux de la ville d’Annaba. Il connaît, depuis quelque temps, un succès fou sur les réseaux sociaux avec ses vidéos qui dénoncent les malfaçons de certains travaux, les non-conformités apparentes et les aberrations des différents aménagements à travers les différents quartiers et places. Très plébiscité par un grand nombre d’internautes, dont la plupart est installé à l’étranger et qui garde un lien avec leur ville d’origine. Cela a permis de créer une véritable communauté d’Algériens, natifs d’Annaba, installés sous d’autres cieux. Malek Benchaabane totalise aujourd’hui des milliers, voire des millions de vues sur ses courtes vidéos. Il a bien voulu nous accorder un entretien dans lequel il nous expliquera ses intentions et une des raisons de cet engagement sans faille pour la ville qui l’a vu naître.
Pourquoi de la vidéo comme moyen de communication ?
Les vidéos, postées sur les réseaux sociaux, grâce à leurs contenus attrayants et accessibles, ont ainsi un fort impact immédiat. Elles sont efficaces. Elles génèrent des commentaires, des partages… en somme, elles fédèrent. Or, à travers ces vidéos, j’expose un problème ; mais, aussi, j’essaie de ramener la solution. Les commentaires aident énormément à trouver des solutions. L’un des internautes donne l’une des raisons du mal urbanistique de Sidi Aïssa, étant l’inexistence du plan directeur d’aménagement d’urbanisme (PDAU). La dernière polémique est celle de l’aménagement de la plage Rizi Amor. Tout le monde était unanime pour dire que le revêtement du granito est bien meilleur que le béton estampé au point de vue coût et facile à entretenir.
Pour tous les projets lancés à Annaba, est-ce qu’il y’a une place prépondérante pour les études ?
Le projet d’une troisième voie sur le boulevard Bouali Saïd, à proximité de la direction des Services technique de l’APC d’Annaba, a été réalisé sans plan. À présent, l’idée d’un parking, remplace l’idée d’une troisième voie, car la circulation automobile termine en goulot, là où la chaussée rétrécit à l’entrée de la trémie. Autre exemple, l’aménagement du rond-point de la gare ferroviaire qui a permis de donner de l’espace aux véhicules au détriment des piétons, sacrifiant, ainsi, la place de «La Gargoulette». C’est un lieu historique qui mérite une stèle pour commémorer les deux cents victimes de l’explosion d’un navire de munitions dans le port d’Annaba au mois de juillet 1964. Alors que la route de l’Avant-port, dont les pavés remontent à l’époque coloniale, a été étrangement recouverte de bitume. Pire, même le rail, le premier chemin de fer en Afrique, a été troqué contre un trottoir.
Mais, il faut aussi dire que les architectes, les urbanistes et les paysagistes sont aux abonnés absents ?
Nos APC et APW n’ont jamais sollicité ce genre de compétences. Alors qu’au Département des Aménagements à l’université Badji Mokhtar, des jeunes diplômés n’attendent qu’à être sollicités.
Pouvez-vous nous donner des exemples d’aménagements qui ont connu un véritable fiasco selon certains spécialistes ?
L’idée de planter des palmiers tout au long de la route de la Mokta, à partir de la gare maritime et qui n’ont jamais poussé ; mais aussi du revêtement de la place de la Gare en béton estampé. Un projet douteux, qui a fait couler beaucoup d’encre, c’est l’aménagement du cimetière Zaghouane. Devant la colère citoyenne, le projet est en arrêt.
Est-ce que vous avez l’impression, Mr Benchaabane, que vos vidéos dérangent ?
Chose est sûre que nous avons réglé beaucoup de problèmes qui ont fait réagir les hautes autorités de l’État. J’ai souvent essayé de démontrer l’impact de l’urbanisme sur la vie de tous les jours. Annaba est saturée. J’ai conseillé le développement de l’axe côtier Seybouse-Sidi Salem jusqu’aux limites de la wilaya d’El-Tarf. Alors que sont lancés des projets d’hôtels balnéaires sur les hauteurs du littoral d’Annaba, en pleine montagne où le client n’a même pas accès à la mer et les stations d’épuration ne sont pas encore prévues.
Quelle est la vidéo qui vous a le plus marqué et qui a suscité le plus grand nombre de réactions ?
C’est incontestablement celle de la Tabacoop. C’était un coup de colère de la situation d’abandon dans laquelle elle se retrouvait. Une situation honteuse, devant l’absence des autorités. Une vidéo qui a fait réagir. Aux dernières nouvelles, la Tabacoop fera l’objet d’une vaste opération d’aménagement. Attendons de voir.
Le mot de la fin, Mr Benchaabane
Je voudrais dire à certains que les règles d’urbanisme sont des normes universelles. Nous revendiquons la transparence totale dans la gestion de la commune. Et la critique constructive est toujours la bienvenue. Je continue à dénoncer, en proposant des solutions, et je n’hésiterai pas à consulter les spécialistes du domaine ainsi des bureaux d’études dignes de ce nom, ainsi que des compétences qui, heureusement, existent sur notre territoire.
Propos recueillis par A.Ighil