Les services de police de la Sûreté de wilaya en général, et la BRI en particulier, sont en train de marquer, incontestablement, des points dans leurs missions de maintien de l’ordre, surtout en matière de répression du banditisme sous ses différentes formes. Tout porte à croire que, depuis les évènements de Sidi Salem et l’avènement d’un nouveau patron, l’approche sécuritaire a sensiblement évolué en qualité et en efficacité.
En effet, une stratégie sécuritaire a pris place, de l’aveu de nombreux observateurs de la scène locale. Depuis quelques mois, la police est passée du mode ‘’réaction’’ à celui de l’action. En clair, elle a décidé de reprendre la main et l’initiative, et de ne plus se laisser contraindre à la gestion sécuritaire ferme en gérant en parallèle, la fameuse ‘’paix sociale’’, héritée de l’ère de feu Bouteflika.
Depuis quelques semaines, ce que certains affirmaient n’être qu’une campagne parmi tant d’autres, s’est désormais avéré une stratégie qui s’inscrit dans la durée et dans la mission originelle de la police.
N’a-t-il pas fallu que quelques sabots et une présence policière physique le long de toutes les artères de la ville, pour que les automobilistes apprennent que les plaques d’interdiction de stationner, ne font pas partie du mobilier décoratif de la ville? Malgré quelques grincements les premiers jours, tous les usagers de la route ont réappris les règles élémentaires du code de la route, aidant par voie de conséquence à une meilleure fluidité du flux de voitures qui étouffaient les artères.
Les cambistes perdent leur trône
Sur un autre registre, la rue Ibn Khaldoune (ex-Gambetta), où tous les trafics se faisaient au grand jour, au vu et au su de tous les citoyens, y compris les agents de police, est passée d’un no man’s land à une rue commerçante comme le lui destinait sa vocation et son emplacement au cœur de la ville.
Pour cela, les limiers de la S.W ne se sont pas contentés de pourchasser les petits revendeurs à la sauvette. Un travail de renseignement, de filature et de confidentialité (chose qui manquait à Annaba) a permis de frapper fort les barons faits cambistes par la grâce d’une loi monétaire désuète, voire carrément obsolète au 21ème siècle, notamment dans une ville frontalière par air, mer et terre.
Le coup de filet opéré la semaine dernière au cœur de l’ex-rue Gambetta, qui s’est soldé par trois arrestations et la saisie de sommes colossales de monnaies nationale et étrangère, a été fatal à ce type d’organisations du crime. Selon des sources proches de l’enquête, ces ‘’dieux de l’Euro’’, profitant d’un laisser-faire officieux en attendant de réglementer la pratique de cession de monnaies étrangères et l’ouverture de bureaux de change officiels, se seraient convertis dans la mise en circulation de faux billets de monnaie nationale. Plusieurs touristes, notamment tunisiens, auraient été victimes de ces faussaires insatiables. C’est, dit-on, ce qui a mis la puce à l’oreille des enquêteurs de la SW, mettant ainsi fin à cet autre crime contre l’économie nationale.
Drogues, psychotropes, alcools…
Sur un autre registre et pas des moindres, dès lors qu’il touche la santé publique et s’attaque à une clientèle de mineurs et de jeunes désœuvrés, c’est le commerce illicite d’alcool et de psychotropes. A l’instar des autres wilayas du pays, Annaba n’échappe pas à ce fléau avec ce qu’il entraîne comme conséquences sur la vie sociale des citoyens au quotidien. Les mineurs, qui ne sont pas autorisés à acheter de l’alcool auprès des revendeurs agréés, se rabattent sur les revendeurs clandestins, installés au cœur de la ville dans des immeubles d’habitation, sans que le voisinage, par peur de représailles, n’ose intervenir et encore moins se plaindre.
Ainsi, l’opération musclée et très professionnelle des éléments de la BRI, qui s’est déroulée dans la nuit du 31 décembre 2023, dans un immeuble au croisement des rues Lamara Abdelkader et Zenine Larbi, alimente les discussions jusqu’à ce jour, tant elle s’est soldée par la découverte d’une véritable caverne d’Ali Baba. Pas moins de 2.600 palettes de bières, de cartons de vins et de spiritueux, des comprimés psychotropes et des drogues dures ont été saisis dans un… appartement. Le ‘’gérant’’ dudit lieu, multirécidiviste aurait déclaré que c’est pour sa consommation personnelle, rapporte une source anonyme sur les réseaux sociaux. Le gang qui gérait ce ‘’business’’ a été en partie arrêté et l’enquête suit son cours pour remonter à la source d’approvisionnement.
Force doit revenir à la loi
A travers ces trois coups d’éclat, certains se précipiteront pour dire qu’il n’y a rien d’extraordinaire à ce que la police fasse son travail. Soit! Mais, il ne sert personne que de passer sous silence ces actions qui brisent de manière magistrale, la mainmise de quelques voyous en col blanc, qui chapeautent ces ‘’petites mains’’ de la débrouille, se disant prestataires de service quand les débits, bénéficiant d’agréments, sont astreints à des horaires serrés et fermés le vendredi par arrêté wilayal. Deux arguments sur lesquels s’appuient ces ‘’dépanneurs’’ et que beaucoup de consommateurs, soit dit au passage, partagent pour des raisons différentes, d’intimité, de discrétion…
Par ailleurs, s’il faut également traduire ces actions policières, il n’est pas inutile de souligner l’importance de frapper les consciences et secouer les mentalités… pour rappeler que l’impunité n’est pas inscrite dans le marbre et que force ne peut revenir qu’à la loi, une autre mission que se sont assignés les services de police. Une stratégie courageuse qui peut s’avérer payante s’il y a un plus de répondant de la part des citoyens. Ceux-ci ne peuvent pas exiger de la sécurité et se faire en même temps complices tacites des hors-la-loi, des criminels et surtout des parasites.
En attendant ce moment de communion espéré, rappelons un adage bien de chez nous qui a la subtilité de remettre chacun à sa place : ‘’une seule main n’applaudit pas, elle frappe’’. A bon entendeur salut!
Par : M.Lilia