Par : M. Rahmani
La rentrée scolaire étant pour bientôt, il ne reste plus que quelques jours pour voir à nouveau nos petites têtes brunes rejoindre les bancs de l’école. Il faut qu’ils soient habillés de neuf avec des sacs cartables pleins de fournitures scolaires pour aborder cette nouvelle année qui sera celle de la réussite.
Mais, cette rentrée est aussi l’occasion pour certains de faire des affaires sur le dos des ménages qui se démènent pour couvrir les dépenses générées par cet événement. Des dépenses dont ils ne peuvent se dispenser car nécessaires pour une scolarité normale de leurs enfants. Et là, ce sont les commerçants qui les attendent au tournant pour les délester de ce qui reste de leur maigre portefeuille dont plus de la moitié est désormais consacré à l’alimentation au vu de la flambée des prix. Ce portefeuille du pauvre qui se réduit comme une peau de chagrin et qui est tenu en respect par des prix devenus insolents.
Tabliers, effets vestimentaires, sacs cartables coûtent les yeux de la tête, le pauvre père de famille ne sait plus où donner de la tête, particulièrement celui qui a 3 et 4 enfants et dont le salaire ne suffit même pas à couvrir les charges du foyer familial.
On emprunte, on se débrouille comme on peut et on essaye d’envoyer ses enfants à l’école qui représente pour cette catégorie de la population le seul moyen de promotion sociale. Certains pères de familles se mettent au commerce informel après les heures de travail pour essayer de gagner un peu plus et ainsi arriver à joindre les deux bouts. D’autres se font recruter auprès d’entreprises privées pour être des veilleurs de nuit et d’autres encore travaillent dans les boulangeries jusqu’au petit matin pour ensuite rentrer chez eux et aller rejoindre leur travail officiel vers 8 heures du matin, ils y arrivent déjà fatigués par une longue nuit qu’ils ont passée à être au pétrin et au four.
« Je suis appariteur, dans une administration, je touche un salaire minable qui ne tient pas 2 semaines, nous confie Saïd, la quarantaine, les cheveux déjà grisonnants, après les heures de travail, je fais le clandestin avec la voiture qui appartient à un voisin et auquel, je dois lui remettre les 2/3 de la recette de la soirée. Je fais le « fraudeur » jusqu’à minuit avant de rentrer fatigué pour me lever le lendemain vers 5 heures du matin et travailler encore jusqu’à 7h30-8h et ensuite rejoindre mon travail. C’est vraiment dur de venir à bout de tous ces problèmes qui se posent. Je suis harcelé de toutes parts, facture d’électricité, loyer, dépenses de santé, dépenses pour l’alimentation, pour le transport, téléphone…etc. C’est vraiment infernal surtout avec la flambée des prix qui sévit depuis près d’un mois et à laquelle les gens de condition modeste ne peuvent faire face. »
Les conditions dans lesquelles vit et se débat M. Saïd se répètent à l’infini parmi les catégories sociales défavorisées et qui n’en peuvent plus. Ceux qui ont un poste d’emploi peuvent plus ou moins se débrouiller, au moins pour assurer leur subsistance et celle de leurs familles ; pour les autres, tous les autres, c’est l’enfer au quotidien. Le chômage fait rage et mord à pleines dents dans l’édifice social qui commence à vaciller. Cela n’augure rien de bon et la situation devient insupportable pour des milliers de famille. La misère est là et bien là ; une explosion sociale est à craindre…