Tout dernièrement, j’ai eu la (mal-) chance d’assister à une audience d’une Cour de justice d’une belle grande ville de l’extrême-est du pays.
Un bon accueil , une salle sous bonne garde, des services d’information (aux guichets) désormais rapides grâce à l’ informatisation et à la numérisation (?) des documents, une salle pourvue de bancs (en bois) solides (presque) suffisants,… mais une sonorisation intérieure exécrable et une atmosphère chargée d’électricité et surtout d’angoisses… tout particulièrement lors de la lecture, ultra-rapide et quasi-inaudible des verdicts.
Pour un nouveau venu, l’angoisse est automatique à la vue des piles de dossiers amoncelés devant le président d’audience, laissant deviner que la journée sera longue très longue même.
Heureusement que tout va très vite, trop vite même au goût de certains, tout particulièrement les avocats -et il y en avait- qui voulaient presque tous bien montrer qu’ils méritaient amplement leurs émoluments.
Mais, on en apprend des choses de la vie de notre société… qui se retrouve globalement représentée dans ce qu’elle a de plus détestable. Car, il y a de tout comme “affaires”, de la plus simple à la plus compliquée: la possession, le trafic et/ou la consommation de substances illicites, les coups et blessures, les menaces et les violences verbales, les vols, la détérioration des biens publics et privés, etc….
Il y a, cependant, une infraction qui , parallèlement aux “coups et blessures” , sort du lot. L’escroquerie! L’escroquerie conjuguée à toutes les sauces: Abus de confiance, faux et usage de faux, signatures imitées, promesses non écrites et non tenues, “châteaux en Espagne” et visas “vendus” à des prix défiant toute concurrence, fausses déclarations, prêts non remboursés, tromperies de toutes sortes , etc…
L’escroquerie venant de tous les côtés: Femmes et hommes , jeunes, adultes et vieillards pétant de santé et invalides confondus , l’ami (e), le voisin, le collaborateur, le parent, le fils, le gendre, le client…
L’escroquerie sous toutes les formes: la petite, la moyenne , la grande, la très grande… jusqu’à celle qui peut entraîner la ruine matérielle et financière et on ne sait quels autres drames, comme le suicide ou le meurtre.
En général, si les dégâts des autres délits sont généralement et majoritairement “rattrapés” par les verdicts prononcés (pour peu que les dossiers soient étudiés avec précision en dehors de toute pression ou intervention), ceux de l’escroquerie le sont bien moins… les initiateurs ayant exploité la naïveté des victimes qui ont “ignoré la loi” (El moughafiline) et ses règles élémentaires , faisant bien plus confiance aux (bonnes ) relations sociales du moment et à la parole “donnée” qu’aux textes réglementaires.
Ajoutez-y la complexité des procédures, les dépenses générées et toutes les autres manœuvres frauduleuses et autres calculs souterrains et sordides, tous ignorant, bien souvent, aussi bien la loi , les droits…..que la simple morale. “Dura lex, sed lex” ! Pas facile à avaler et à gérer. Surtout lorsqu’on sait que, même injuste , “la chose jugée est tenue pour vérité” (“Res judicata pro veritate habetur”)
A la sortie, pour se consoler, on ne peut que se dire qu’il y a bien pire en ce bas monde… avec l’espoir de réhabilitation grâce à la … justice divine. A ce niveau , il faut vraiment y croire dur comme fer pour se réconcilier avec la vie….et tous les autres.
PS: J’ai lu dans la presse (El Watan, du 7 février) qu’un député “Mouvement El Bina”) a évoqué -lors du débat sur le projet d’amendement du code pénal- “la corruption dans le système juridique”. Le ministre de la Justice et Garde des sceaux, “irrité”, a trouvé, dans sa mise au point tranchante, que les “propos sont graves et ont froissé au plus haut degré la corporation….et les décisions de justice ne sont nullement sujettes à commentaire”. Et, il a considéré que l’ “incident est clos”. MM. les députés ainsi que les citoyens, on d (r) oit le croire . Mais, allez savoir!
Par : Belkacem Ahcène Djaballah