“Chaque société a tendance à fabriquer une « architecture corporelle » particulière dans son détail anatomique, comme dans ses capacités expressives. Depuis l’indépendance, notre système éducatif a fait un silence sur l’éducation du corps” (Belkacem Lalaoui, universitaire spécialiste du sport. Contribution© Le Soir d’Algérie, dimanche 27 mars 2022)
La première table de dissection virtuelle « made in Algeria » (nous dit-on) pour l’enseignement de l’anatomie (humaine) est désormais là. Elle a été présentée, tout dernièrement, comme une grande star (ce qui démontre que c’est un grandissime événement) au siège de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Conçue et fabriquée, nous dit-on, dans le cadre d’un partenariat entre un grand groupe industriel national, l’université Moulay-Tahar de Saïda et deux startups, en collaboration avec un chercheur algérien établi à l’étranger.
Pour quoi faire ? Tout simplement, c’est un équipement qui permet la visualisation de l’anatomie humaine en 3D ainsi qu’une dissection virtuelle destinée à l’enseignement de l’anatomie et de la physiologie. Cette table est présentée sous la forme d’un écran tactile grandeur nature entièrement interactif. Elle permet d’explorer et d’apprendre l’anatomie humaine au-delà de ce qu’un cadavre pourrait offrir. Ses utilisateurs peuvent visualiser l’anatomie exactement comme ils le feraient sur un cadavre. Elle va, ainsi, permettre, à travers tous les modules qui sont intégrés, de travailler avec l’étudiant, dès sa première année, une anatomie basique et vers la troisième année en imagerie radiologique, voire en simulation chirurgicale.
A noter que cette technologie est déjà adoptée (depuis bien longtemps ?) par de nombreuses écoles et institutions médicales dans le monde. Non parce qu’il y a pénurie (ou absence) de cadavres, à l’image de ce qui se passe chez nous, mais parce que tout simplement les étudiant (e)s voient bien mieux, plus rapidement et apprennent bien plus. Sans rester enfermé(e)s ou freiné(e)s, à l’image de ce qui se passe chez nous, par/dans on ne sait quelle pudeur et autres contraintes psychologiques et/ou religieuses.
Il faut seulement espérer que cette véritable révolution technologique médicale ne se limite pas à la seule présentation d’un prototype (installé, nous dit-on, à Saida), que sa généralisation ne va pas se heurter à on ne sait quelles contraintes techniques et financières, et qu’elle s’étende au plus vite à tous les centres de formation . Donnant ainsi la possibilité à tous les étudiant (e)s d’avoir accès, en profondeur, aux mille et un secrets , tous le secrets, du corps humain qu’ils sont appelés à soigner…et, surtout, ainsi, être, plus tard, à la hauteur de leurs maîtres-enseignants …et, surtout, ne plus être tentés d’aller voir ailleurs si l’herbe n’est pas plus verte , là où les corps humains sont moins “tabouisés” ou interdits.
Encore que…il est plus qu’évident que le cerveau se repère mieux dans une topographie physique que dans une structure virtuelle numérisée. Car, la science est bien plus qu’une simple discipline, mais une démarche qui permet d’acquérir (et d’agir), collectivement et individuellement, une part essentielle de notre humanité. Et tout (im-)patient en a bien besoin… même l’état de cadavre. Un autre débat !
Par : Belkacem AHCENE-DJABALLAH