Mohamed (Hamid) Abassa est décédé le 16 juin 2023, à l’âge de 71 ans. Paix à son âme.
Hamid a été de tous les combats intellectuels du pays et ce depuis …1965 , si mes souvenirs sont (encore) bons. Année de notre première rencontre, Rue (ex-) Jacques Cartier (Alger) , à la toute nouvelle Ecole nationale supérieure de Journalisme, créée en 1964.
Enseignant au sein de l’Ensj, après d’autres études post- universitaires à l’étranger, il en devint le Directeur et je m’en souviens très bien (j’y enseignais en tant qu’associé), il y était alors que l’École recevait ses derniers étudiants originaires de plusieurs pays d’Afrique francophone ; l’arabisation totale et brutale des enseignements ayant mis fin à une assez belle aventure.
1990… la nouvelle loi relative à l’Information libère l’exercice des métiers de la communication. Sans hésiter, il se lance alors dans la désormais mythique (et, pour l’instant, unique) “aventure intellectuelle” … celle de la création d’entreprises privées spécialisées : presse écrite, publicité, relations publiques, audio-visuel…
Pour sa part, il a choisi la voie royale (plutôt la plus en phase avec les élans et les aspirations démocratiques du moment, car très liée , en bonne partie, à l’action politique) de l’époque mais certainement la plus difficile :créer un Institut de sondage (Institut Abassa) ….je crois le premier du genre à l’époque. En effet, jusqu’ici, s’il y avait un domaine de la com’ à ne pas investir, ni de près ni de loin, c’est bien celui qui permettait, grâce à des techniques et des méthodes scientifiques, de savoir avec exactitude ou presque, l’état des opinions publiques (aussi bien commerciales ,culturelles et sociales que politiques). On aimait la technique mais on craignait les résultats !
Cela relevait donc des seuls État et de ses appareils …les plus sensibles à la chose….le sujet étant presque tabou. On se contentait donc ,tout particulièrement dans les médias, de “radio-trottoir” et du courrier des auditeurs et des lecteurs et, pour les “autres” , des “écoutes sur site” comme les bars, les cafés et les mosquées ou les lettres anonymes…..d’où les nombreux échecs dans l’élaboration des stratégies….dans beaucoup de domaines. Hamid Abbassa a réussi en très peu de temps à produire des sondages de qualité et très recherchés….et dont les résultats ont mis à nu bien de “vérités”. Un succès qui ne tarda pas à lui attirer les foudres du “système” (surtout celui des années 2000) et les jalousies de “concurrents”, le marché étant prometteur. De plus , en matière de communication, le “système” n’était pas prêt à payer les services rendus au prix coûtant .Je me souviens d’un immense et formidable sondage sur « la Ville » ( j’y avais participé au niveau des synthèses. Voir deux fiches documentaires in www.almanach-dz.com/habitat/ etudes et analyses) , réalisé en 2007, dont les résultats ne furent jamais exploités (et jamais payés, je crois) par ceux qui l’avaient commandé. On ne lui pardonna pas la grosse goutte qui a fait déborder le vase de l’inimitié: Après ses chroniques de presse au vitriol , « La République couscoussière », l’édition en octobre 2009, -sous le pseudo de Mehdi El Djazair-, d’un roman assez politique et très « reality »… « Poutakhine, Journal presque intime d’un naufragé » .Dix jours après sa publication, le livre fut interdit au Sila 2009 et saisi dans les librairies et son auteur si harcelé qu’il s’exila….Revenu au pays ces dernières années (après le hirak), il lui fut assez difficile, sinon impossible, de reprendre et ses activités et ses locaux. Le reste est une autre histoire…avec un pan de la communication , celui du sondage, redevenu vierge et exploité surtout par des officines étrangères et laissant place, aussi, aux rumeurs de « cafés » et autres lieux publics et aux fake news
Par : Belkacem AHCENE DJABALLAH