Par : Belkacem Ahcene-Djaballah
Décidemment, en matière de presse et de communication, nous n’avons pas fini de manger notre « pain blanc ».
Voilà donc un pays qui se retrouve avec plus de 150 quotidiens (déclarés), plus de 50 programmes et/ou chaînes de télévision (pour la plupart non « déclarés ») et, peut-être, quelques centaines de sites web d’information et de communication (dont à peine cent à deux cents en dz), sans compter les centaines ou milliers de youtubeurs sur les réseaux sociaux.
Et ce , Oh ! miracle organisationnel, sans avoir et ce, depuis plusieurs décennies, (en dehors de la courte parenthèse « printanière » du début des années 90), une législation claire et, surtout applicable ; en tout cas difficilement ou rarement appliquée. Ce qui fait que le « système » politique réagit au coup par coup, mélangeant, selon les situations, le chaud et le froid, la mansuétude et la sanction… avec, parfois des retombées négatives -bein exploitées par les malfaisants d’ici et d’ailleurs- sur l’« image de marque » du pays et de sa gouvernance.
Jusqu’ici et, depuis 1990, plusieurs textes ont vu le jour (audiovisuel, presse écrite et électronique), et d’autres ont été mis sous le boisseau (publicité, sondage…) ; démarche démontrant seulement l’indécision d’un système politique qui n’arrive pas encore à se décider quant au choix entre le nouveau et l’ancien… préférant s’asseoir entre deux chaises… l’étatiste et la néo-libérale, le passé et le futur… Des mélanges, à un moment ou à un autre, toujours détonants.
Tout ceci a aggravé la non-communication avec une bonne partie des corps professionnels et surtout, a produit un système de presse et de communication ni libre, ni asservi, soumis aux humeurs des politiciens, aux manœuvres et calculs des affairistes, aux jeux « journalistiques »… et aux expertises des « toutologues ».
Les leçons du passé n’ont pas servi puisque l’on se retrouve -avec tout le respect dû à bien des chercheurs et universitaires en com’- face à des analyses totalement obsolètes.
Pour moi, les problèmes recensés -comme la formation, l’accès aux sources d’information, l’accès aux professions, le respect des règles de base de l’exercice des professions, les lacunes de la communication institutionnelle, la non-réglementation du paysage audiovisuel privé, l’irrespect des règles de l’éthique et de la déontologie…- existent bel et bien… mais ils ont cette qualité (sic !) qu’à force de se répéter et de la répéter, ils sont devenus bien banals. Un peu comme cette poussière qui, oubliée sous les tapis, se transforme en « crasse » difficile à éliminer. Un peu comme la corruption. Un peu comme la spéculation sur les produits de première nécessité…
Pour moi, les problèmes relèvent d’une problématique de fond encore irrésolue (car beaucoup n’arrivent pas (à) ou n’osent pas la poser avec netteté et franchise) : La définition du concept de « service public d’information » totalement dégagé de la tutelle (ou de l’autorité) des Appareils d’Etat. Un service public applicable à tous les médias, ceux du secteur public comme ceux du secteur privé, dans le cadre, bien sûr, de cahiers de charges généraux et particuliers, avec leurs droits et devoirs, leurs obligations et, évidemment, leurs compensations.Un service public au service du citoyen et de l’intérêt général… Seulement ! Facile à dire, pas facile à faire d’autant que trop de mauvaises habitudes ont été prises… Et surtout, pas facile à mettre en œuvre car si pour le journaliste entre autres, la liberté va croître, sa responsabilité (avec ses sanctions -professionnelles- cela va de soi !) sera bien plus lourde. Quant à l’Etat et à ses appareils, des formes organisationnelles plus dynamiques, crédibles, en tout cas indépendantes des outils classiques habituels (presque toujours bureaucratiques et lourdes et même castratrices)… en matière de com’, sont à trouver… Et elles existent !