La plus belle et la plus longue plage de la wilaya de Jijel est en état d’abandon. Après le retour à la quiétude et la tranquillité dans la région de Beni Ferguene, un grand bourg rural relevant de la commune d’El Milia, à l’extrême Nord-Est de la wilaya, c’est sa célèbre plage qui aurait pu renaître de ses cendres.
Sauf que le constat à faire est des plus amers dans cette région à vocation agro-touristique connue pour ses forêts denses et sa sablière qu’on ne cesse d’exploiter depuis des décennies sans le moindre impact sur le développement local. Oued Zhor, où un abri de pêche a été réalisé avant d’être injustement rattaché pour son exploitation à la wilaya de Skikda, est un littoral s’étendant sur une dizaine de kilomètres.
La plage El Marsa
Elle parcourt tout au long de son sable fin trois plages aussi belles l’une que l’autre. «El Marsa», où l’abri de pêche a été érigé sur un territoire de la commune d’El Milia, avant d’être détourné au profit de l’autre localité éponyme relevant de la wilaya de Skikda, est la première fenêtre de cette immense plage. Après trois décennies de fermeture, elle a renoué, l’année passée, avec l’activité estivale.
Les efforts des autorités de la wilaya de Jijel ont été couronnés de succès, lorsque les démarches entreprises pour son ouverture ont abouti au grand bonheur de la population locale et des adeptes de ce littoral. Bien avant son ouverture, elle drainait déjà des milliers d’estivants. Pour l’édition estivale 2023, la fréquentation de cette plage bat encore des records. Chaque jour, elle attire des estivants venant profiter de sa beauté et de la tranquillité des lieux pour un séjour balnéaire en dépit des maigres commodités dont elle dispose.
À vrai dire, elle ne dispose que de quelques gargotes offrant des repas aux baigneurs. Sans vespasiennes, ni infrastructures de soin ou de loisirs, elle reste à doter par des commodités pour améliorer la qualité des prestations estivales dans une région prévue pour accueillir à l’avenir une zone d’expansion touristique.
La plage Aftissen
Plus loin, c’est la plage d’Aftissen qui s’offre aux visiteurs. Le rivage est interdit à la baignade. Les autorités n’ont pas encore décidé de l’ouvrir à l’activité estivale, surtout qu’il ne dispose pas d’un accès convenable. La route menant à cette plage est difficile d’accès. Tant bien que mal, elle attire toutefois de nombreux estivants, notamment des familles à la recherche d’un coin tranquille pour une repose balnéaire bien méritée. Le dernier rivage à atteindre dans ce littoral n’est autre qu’un site isolé au pied d’un mont forestier au milieu duquel quelques maisonnettes résistent encore au temps suite à l’exil massif qu’avait connu la région dans les années 1990.
La plage Aourar
C’est Aourar, qui reste la plage la plus enclavée d’une région totalement abandonnée. L’accès à ce rivage est encore plus difficile tout au long d’une route caillouteuse que les impénitents adeptes de cette plage empruntent pour l’atteindre. Ici, le camping est roi.
Des familles et des groupes d’estivants débarquent, notamment durant les week-ends, pour un séjour dans le coin le plus tranquille d’une région à réhabiliter. Alors que le projet d’une route a été lancé dans le sillage des efforts pour désenclaver cette vaste zone d’ombre, les autorités sont interpellées pour un effort de plus.
Les caravanes d’estivants débarquant dans ce littoral enclavé font d’ailleurs de leur mieux pour faire la promotion de cette plage, à l’instar de l’association «Golden Star» d’El Milia, qui a récemment organisé un camping à Aourar. Son but est de «sensibiliser sur l’importance de la réhabilitation de cette zone à vocation touristique», selon un de ses membres, Nabil Bellah, en l’occurrence.
La plage d’Oued Zhor qui reste à aménager dans le sillage des efforts de désenclavement lancés timidement à l’initiative d’une association de Beni Ferguene a, d’ailleurs, connu il y a quelques jours un événement écologique majeur. Elle a été le théâtre de l’éclosion de tortues Caouannes, une espèce protégée en voie d’extinction.
La scène de leur éclosion a été filmée par Fanit Khereddine, un membre de cette association, avant que son ami, Boutbiba Rachid, qui était en camping avec lui, ne diffuse la vidéo qui n’a pas tardé à faire le buzz sur la toile. Le lieu d’éclosion de ces tortues a, depuis, été visité par des scientifiques et des militants écologistes s’intéressant à la protection de cette espèce.
Par :Amor Z