Par : Bouchra Naamane
Deux jours nous séparent des élections législatives du 12 juin 2021. La campagne électorale a « officiellement » pris fin mardi à minuit. C’est en tout cas ce qui est censé être, si l’on se réfère aux articles de l’ordonnance n°21-01 du 10 Mars 2021 portant la loi organique relative au régime électoral. Pourtant, nous constatons déjà qu’il y a eu de multiples infractions de cette loi au niveau du territoire de la wilaya, notamment en ce qui concerne le respect de la clôture de la campagne électorale et les formes de publicité adoptées par certains partis et liste indépendantes.
Hier, le mercredi 9 juin 2021 est censé être le premier jours de la période du silence électoral, durant laquelle « Nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, faire campagne, en dehors de la période prévue à l’article 73 », stipule l’article n° 74 de la loi électorale tout en faisant référence à l’article n°75 qui précise que « La campagne électorale est déclarée ouverte, vingt-trois (23) jours avant la date du scrutin. Elle s’achève trois (3) jours avant la date du scrutin ».
Sur certaines pages officielles des listes électorales de la wilaya d’Annaba, comme sur les pages de certains candidats, plusieurs posts ont été diffusés dans la journée d’hier, dont le but est de rappeler les citoyens annabis des numéros de listes et de noms des candidats. Sur ces posts, certains remercient les citoyens d’avoir assisté à leurs meetings, d’être à leurs écoutes et de les avoir encouragés durant cette épreuve, tout en publiant, en dessous des textes de remerciement, leurs affiches électorales portant leurs photos, noms et numéro de liste. D’autres, n’ayant visiblement aucune gêne à violer la règlementation en vigueur, préfèrent inciter les citoyens d’une manière directe à choisir leurs listes. Ces tentatives d’influence ne se limitent pas aux réseaux sociaux, car, même sur les lieux publics, plusieurs candidats font fi des articles qui régissent cette période et ce, si l’on se réfère, à titre d’exemple, aux voitures qui circulent sur le territoire de la wilaya en portant les affiches et les photos des candidats sur les capots et les lunettes arrières.
Il est certainement vrai que plusieurs articles figurant dans l’ordonnance portant la loi organique relative au régime électoral sont flous et peuvent faire l’objet de moult interprétations. En effet, certains candidats de la circonscription électorale d’Annaba, comme un peu partout à travers l’ensemble du territoire national d’ailleurs, ont eu recours à la publicité commerciale de Facebook, afin de donner plus de visibilité à leurs publications à des fins de propagande électorale.
La publicité commerciale de Facebook, plus communément appelée « sponsoring », est un acte qui nécessite de payer une somme donnée en devises dans le but de diffuser un contenu à des personnes qui ne sont pas abonnées à la page en question, mais qui sont concernées par les élections. Un processus de publicité ciblée, possible grâce aux algorithmes d’intelligence artificielle du réseau social, qui se base sur l’utilisation des données personnelles des utilisateurs pour proposer aux annonceurs de pub des paramètres réglables à souhait afin de toucher uniquement certaines catégories. A titre d’exemple, le candidat-annonceur peut sélectionner la tranche d’âge ciblée selon chaque publication, ou encore le lieu des personnes visées -selon sa circonscription électorale-. De nombreux autres critères peuvent être définis, selon l’intelligence et l’ingéniosité dudit candidat-annonceur.
Alors que certains candidats respectent à la lettre les lois de la République, et notamment la loi organique relative au régime électoral, d’autres semblent complétement la violer ou l’ignorer. En effet, la publicité commerciale, sous toutes ses formes, est strictement interdite pour les candidats lors de la campagne électorale. L’article 80 de l’ordonnance n° 21-01 portant la loi organique relative au régime électoral stipule : « L’utilisation de tout procédé publicitaire commercial à des fins de propagande durant la période de la campagne électorale, est interdite ». Mais certains candidats ayant eu recours à cette pratique justifient un « flou » qui entoure cet article de loi qui semble pourtant clair pour les autres candidats et qui traite de la publicité commerciale au sens large, sans préciser, mais surtout sans exclure aucune forme de cette publicité commerciale.
Il convient également de préciser que plusieurs candidats à Annaba ont visiblement violé l’article 82 de la loi organique des élections précisant que « Des surfaces publiques réservées à l’affichage des candidatures sont attribuées équitablement à l’intérieure de la circonscription électorales. Toute autre forme de publicité, en dehors des emplacements réservés à cet effet, est interdite. ». C’est le cas, à titre d’exemple, d’un candidat ayant accroché des immenses banderoles portant ses photos et le numéro de sa liste électorale sur des immeubles en cours de construction. La délégation de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) à Annaba, censée veiller à l’application des dispositions énoncées dans l’article en question, semble faire fi de ces dépassements flagrants. Les banderoles gigantesques et les affichent électorales sont restées collées d’une manière anarchique sur tout le territoire de la wilaya durant toute la période de la campagne électorale.