Par : Zaoui Abderaouf
Les prix exorbitants des fruits et légumes, des produits subventionnés par l’Etat, à l’instar de la semoule, de l’huile et du lait, entres autres, vendus en catimini, trop souvent à la tête du client ainsi que ceux des vêtements pour enfants n’ont pas stoppé la frénésie toujours croissante d’achats tous azimuts des citoyens de la wilaya de Mila. Ils achètent tout ce qui leur tombe sous la main, l’effet ramadhan les ensorcèle et les pousse à des dépenses parfois inutiles. Les marchés de fruits et légumes, les supérettes et les magasins d’habillement et de chaussures sont bondés de monde, tout se vend, tout s’achète et, à l’heure du f’tor, tout disparait. Des enfants, accompagnés généralement de leurs mères, déambulent à l’intérieur des magasins d’habillement et de chaussures, à la recherche de vêtements et souliers chics et pas chers, des désirs inavoués parfois irréalisables au vu des prix affichés. De nuit, après le f’tor, comme de jour, c’est la ruée des citoyens vers les espaces commerciaux ; les étals et les étagères se vident comme par enchantement. À voir tout cet engouement pour des achats en tous genres, c’est croire que les Algériens sont riches, il n’y a pas d’autres explications. Cependant, l’explication est tout autre, car selon les aveux de beaucoup de pères de familles, leurs épouses vendent leurs bijoux pour vêtir les enfants et eux empruntent de l’argent à leurs amis ou collègues de travail pour faire plaisir aux enfants. Voir leur progéniture bien habillée et tout sourire le jour de l’Aïd est le plus beau cadeau que des parents peuvent offrir et, selon ces derniers, peu importe les dettes et les conséquences qui en découleront après, la joie des enfants leur fait tout oublier. « Il ne faut surtout pas croire que ceux qui font les magasins sont riches » nous a avoué un citoyen abordé par nos soins à l’intérieur d’un magasin de vente de chaussures. En ce vingtième jour du ramadhan, partagés entre le désir de bien manger et celui de bien vêtir leur progéniture, les chefs de familles, hommes ou femmes, vivent un vrai dilemme. Leurs économies partent en fumée et les dettes s’accumulent ; cependant ils se battent et font de leur mieux pour faire plaisir aux enfants. Les commerçants, eux, font de très bonnes affaires et rient sous cape ; ils sucent le sang des petites bourses et savourent pleinement leur voracité. Entre bien manger et habiller les enfants, les petites bourses se débattent. Mais, malgré tout, la vie continue.