Par : Zaoui Abderaouf
La semoule et l’huile de table ont disparu des étals des supérettes et des épiceries certes, mais ils n’ont pas complètement disparu, car des citoyens s’en procurent facilement chez des commerçants par des achats qui se font en catimini. En effet, ces denrées se vendent en cachette, aux amis, à la famille, aux « pistonnés », aux privilégiés de la société et aux personnes supposées avoir pignon sur quelque chose pouvant rendre service ; c’est ce que le citoyen lambda, cet illustre inconnu que nul ne remarque, a conclu au vu de ce qu’il se passe dans notre société. Le citoyen lambda a droit à un bidon de cinq litres, de deux litres ou d’un litre, à un sac de semoule de 10 ou 25 kilogrammes, au prix fort bien sûr, s’il fait des courses dont le montant global dépasse les 2000 dinars.
La semoule et l’huile ne manquent pas sur le marché, les gens ont appris à négocier l’achat de ces denrées et les commerçants ont appris à les gérer de manière à profiter au maximum, avec en sus, le sourire du client. Les communes ont eu beau approvisionner leurs populations en huile et semoule, mais les quantités vendues, bien que dépassant de loin les besoins des citoyens, n’ont pas suffi à arrêter la frénésie des achats, il suffit qu’un camion transportant une de ces deux denrées arrive dans un des quartiers des villes et villages pour qu’aussitôt une foule dense se forme pour en acheter, ne laissant rien aux retardataires.
Ce sont presque toujours les mêmes têtes qui reviennent. Un citoyen ayant acheté un sac de semoule au prix subventionné est retourné faire la chaîne après l’avoir vendu à un autre citoyen avec un bénéfice de 300 dinars. Combien y a-t-il de types de ce genre à faire la chaîne pour ensuite revendre ces denrées ? La rareté de ces denrées est provoquée par le citoyen et non par l’Etat, a tenu à souligner un quinquagénaire père de famille, expliquant que certains de ses amis stockent des quantités importantes d’huile et de semoule chez eux.
Que craignent donc ces personnes qui achètent et stockent ces produits en quantité chez eux ? La fin du monde ? Mourir de faim ? Une guerre ? Le font-ils pour se faire plaisir ? Toujours est-il que quelles que soient les quantités stockées, il arrivera un jour où elles s’épuiseront et qu’ils n’auront plus rien à se mettre sous la dent. L’Etat, via les médias, les agents des directions des commerces, la police et la gendarmerie nationale devrait mener des campagnes de sensibilisation à même de mettre un terme à ce fléau, car c’en est un, il faut l’avouer, faute de quoi au rythme où vont les choses, il arrivera un jour où les citoyens s’entretueront pour un sac de semoule ou une bouteille d’huile.