Par : Zaoui Abderaouf
L’huile de table fait courir les citoyens de la wilaya de Mila, elle a pratiquement disparu des étalages des supérettes et magasins ces derniers temps avant de revenir en camions semi-remorques pleins à craquer. La vente de cette denrée initiée par la direction du commerce est libre, il suffit au citoyen de faire la « chaine », d’attendre son tour pour se faire servir sous l’œil vigilant des services de sécurité. L’image désolante de ces chaines humaines qui se sont formées devant ces camions, ces derniers jours dans quelques villes de la wilaya, aux fins d’acquisition d’un bidon au prix de 600 dinars, reflète on ne peut mieux la crise de l’huile que vit la wilaya, mais aussi et surtout la précipitation des citoyens à vouloir à tout prix s’en procurer, même s’ils n’en ont pas vraiment besoin. À voir ces citoyens tout heureux, arborant de larges sourires, trimballant un ou deux bidons d’huile, l’on croirait que ces derniers ont gagné le gros lot à la loterie, au pari sportif, au loto ou au tiercé. Un jeune homme rencontré dans une supérette nous a affirmé que son père possède neuf bidons d’huile de cinq litres à la maison où pourtant il n’y a que son père et sa mère qui y vivent. Questionné sur le pourquoi du stockage de ces neuf bidons, le père a répondu au fils que cela ne le regardait pas et qu’il n’avait pas à se mêler de ses affaires. Cet exemple d’achat de plusieurs bidons d’huile reflète on ne peut mieux le pourquoi de la disparition de l’huile des étals. Quand un couple achète neuf bidons pour les stocker chez lui, il ne faut pas s’étonner de sa rareté sur les étals, mais plutôt de sa disparition car, à ce rythme-là, l’huile fera toujours défaut dans les magasins de vente de produits alimentaires. Le grossiste, le détaillant et le consommateur forment et créent le circuit de la crise, ils en sont tous les trois responsables. Le grossiste ne vend pas au prix réellement facturé, le second n’accepte pas d’acheter au prix proposé sans facture car supérieur au prix subventionné et le consommateur, vu la crise qui sévit, achète à « outrance » et stocke des quantités énormes chez lui, ne laissant aucune chance aux autres d’en acheter. Les gens stockent cette denrée pour des raisons qu’eux seuls connaissent. Qui saura dénouer la crise ? Là est toute la question.