Par : M. Rahmani
A Annaba, les migrants subsahariens sont de retour. Par petits groupes de 5 ou 6 personnes, en familles ou parfois seuls, ils déambulent dans les rues, occupent les trottoirs demandant la charité aux passants qui, il faut le dire, essayent de les aider du mieux qu’ils peuvent.
Ils viennent principalement du Niger et du Mali, fuyant la misère, la pauvreté et la guerre, ils trouvent refuge en Algérie qui représente pour eux l’Eldorado tout proche, sans avoir à affronter les dangers et les risques d’une traversée de la Méditerranée.
Ces gens, qui essayent de survivre au jour le jour, se contentent de peu en demandant juste de quoi manger à leur faim sans plus. Ils sont là, adossés au mur, une sorte d’écuelle à la main qu’ils tendent aux passants pour récolter quelques pièces qui leur permettront de tenir pour acheter ce dont ils ont besoin pour eux et leurs enfants. Les femmes avec leurs bébés qu’elles serrent contre elles, les yeux baissés et regardant dans le vide attendent quelque âme charitable qui pourrait les aider, ne serait-ce qu’en leur donnant une baguette de pain qu’elles s’empressent de glisser dans un sachet.
Les enfants de ces migrants qui en général ne dépassent pas les 8- 10 ans courent dans les rues, collent aux voitures au niveau des feux de signalisation pour demander une pièce aux conducteurs ou aux passagers. Parfois, ils obtiennent ce qu’ils demandent, sont tout contents et leurs yeux brillent et parfois, ils sont quelque peu rudoyés par certains qui remontent les vitres de leurs véhicules pour ne pas avoir affaire à eux. Mais, malgré cela et connaissant la nature des Algériens dont la plupart ont ce sens de l’humain et de l’entraide et de la solidarité, ils préfèrent continuer à demander aux passants de les aider.
Ces Subsahariens maliens ou nigériens ont été contraints de quitter leurs pays, chassés de leurs foyers par la faim et le dénuement pour se réfugier ici chez nous et Dieu merci, quels que soient certains comportements, les Algériens n’ont jamais été racistes, ils accueillent à bras ouverts leurs voisins, car ayant vécu eux-mêmes des périodes difficiles durant l’occupation française. Grands déplacements des populations, exodes forcés, réfugiés dans des pays limitrophes, les Algériens ont souffert mais ont tenu et c’est ce vécu qui a fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui et c’est ce qui les pousse à aider les autres, car ils éprouvent une empathie particulière pour des personnes traversant une mauvaise passe comme c’est le cas pour ces migrants.
Ces migrants qui passent leurs nuits sous les ponts ou sous des portes cochères, à proximité des boulangeries ou dans des jardins publics grelottant de froid devraient être pris en charge pour les héberger dans des centres qu’on devrait créer pour les accueillir décemment. L’Etat devrait examiner leur situation, accorder l’asile pour ceux dont la situation peut être régularisée.
Si ces derniers temps, malgré la pandémie qui sévit et qui fait des ravages dans certains pays, ces migrants ont affronté bien des difficultés pour venir en Algérie, c’est qu’ils croient qu’ils y seront bien traités et nous devons les aider, c’est notre devoir à tous.