Au moment même où des signes apparents de pauvreté sont perceptibles chez une importante couche de la société, incluant des familles sans ressources, des personnes impotentes, des travailleurs journaliers, des retraités et des petits fonctionnaires, une caste initiée à la création des fortunes a su émerger du lot pour s’imposer à Souk-Ahras comme une vérité inaliénable.
La wilaya ne sait plus cerner ses richesses encore moins ses véritables détenteurs. Entre ceux qui fouinent, en fin de journée, dans les décharges publiques en quête de quelques denrées et ceux -encore plus nombreux- qui gardent le voile de la pudeur tout près de leurs visages émaciés, tout se lit dans l’incertain.
Mohamed-Rida ne fait pas partie de ces nombreux flibustiers qui quémandent obole auprès des structures sociales compétentes et lésine aucunement sur les moyens pour gagner sa croûte. Il est profondément convaincu que son profile pédagogique et sa formation professionnelle le mènent droit vers des besognes manuelles et il ne s’en est jamais plaint. Il refuse d’offrir en spectacle les membres de sa famille dans un quelconque bidonville pour pouvoir prétendre à un gîte et préfère débourser 12.000DA/mois pour le loyer en attendant des jours meilleurs. Bref, un honnête citoyen. ”Je débourse pour le couffin d’un jour l’équivalent de mes achats pour une semaine d’il y a seulement deux années et mes employeurs refusent toute augmentation et le propriétaire de l’immeuble où j’habite demande une révision à la hausse du loyer”, a-t-il résumé.
Pour Yahia, un fonctionnaire moyen, la situation n’est pas meilleure. ”Avec mes 50.000 DA/mois, je dois couvrir toutes les dépenses de la famille composée de sept membres et la création d’un nouveau foyer pour moi qui suis quadragénaire, n’est pas une priorité”, a-t-il ironisé.
Une ancienne habitude que l’on croyait révolue depuis des décennies est de retour à Souk-Ahras. Il s’agit des achats à crédit que les commerçants locaux viennent d’adopter comme mode de paiement pour leurs clients. Erosion du pouvoir d’achat, déstabilisation du marché, spéculation… le tout est supporté par les couches vulnérables dont le nombre va crescendo.
Autre signe de misère: faute de pouvoir joindre les deux bouts, des septuagénaires demandent l’embauche au noir sans conditions et sans droits. Dans cette même wilaya, des sommes faramineuses sont investies dans des créneaux morts sinon cumulées dans l’informel. Peu d’investissements fiables, peu de projets structurants, peu d’attrait pour la chose publique… Et pourtant des signes apparents de richesse ne laissent aucune équivoque quant à un déséquilibre certain dans la régulation du partage de la manne du contribuable par le biais d’une dynamisation macroéconomique à l’échelle de la wilaya. Une wilaya où une source très au fait nous informe que le nombre de personnes dont la fortune dépasse des milliers de milliards de centimes dépasse l’entendement.
Par : Abderrahmane.D