Par : Hamid Baali
Affichée le 27 décembre 2019, la fameuse liste des pré-bénéficiaires des 2.000 logements sociaux locatifs, implantés sur le site de la nouvelle ville à Guelma, avait suscité des vagues et des mouvements de contestations au sein d’une frange de la population guelmoise qui s’était estimée lésée et écartée injustement. En effet, à plusieurs reprises et pendant plusieurs jours, des centaines de protestataires des deux sexes avaient observé des sit-in devant le siège de la wilaya et même passé des nuits blanches dans la rue pour que leurs recours soient étudiés et pris en considération par la commission de wilaya. Les autorités locales avaient formellement promis qu’une enquête approfondie serait diligentée par les services de sécurité pour débusquer ceux qui n’étaient pas éligibles. Des demandeurs de logements déboutés avaient crié haut et fort que cette liste englobait des personnes à l’abri du besoin, habitant chez leurs parents dans de vastes villas alors que d’autres percevaient un salaire mensuel supérieur aux 24.000 dinars comme stipulé par le ministère de l’Habitat. De toute évidence, des dépassements ont été signalés aux services de la wilaya dans le souci d’assainir la liste des bénéficiaires.
Les heureux élus avaient été avisés par SMS par les services de la daïra de Guelma afin de retirer la convocation qui leur avait permis de prendre part au tirage au sort le 12 mars 2020 relatif à la localisation du site, de l’immeuble, de l’étage et de l’appartement . Cette opération s’était déroulée dans la salle de l’OPOW Souidani Boudjemaâ à Guelma, en présence du chef de daïra, du directeur de l’OPGI, d’un huissier de justice, des services de sécurité et de nombreux fonctionnaires requis pour assurer le bon déroulement de cette opération.
Aucune information officielle n’avait filtré quant au nombre des pré-bénéficiaires écartés et ce, sûrement pour des raisons évidentes de sécurité. Le wali de l’époque avait formellement promis aux candidats à un logement social que plusieurs quotas de LSL en voie d’achèvement seront distribués incessamment. Ce dernier avait été affecté début septembre 2020 à la tête de la wilaya de Sétif et son successeur était resté à peine une année à Guelma puisqu’il avait été nommé fin août 2021 dans les mêmes fonctions dans la wilaya de Béjaïa. C’est l’ancienne wali de Tipaza qui a pris le relais et aucune information n’a filtré pour rassurer ceux qui sont sur des charbons ardents et attendent la fin de leur calvaire.
Dans ce contexte, plusieurs citoyens ont saisi l’opportunité de Le Provincial pour interpeller madame la wali. Hocine, un sexagénaire, visiblement à bout de nerfs, s’exprime : ” Je remplis toutes les conditions pour obtenir un logement car je perçois moins de 24.000 dinars par mois, je suis locataire depuis tant d’années chez un propriétaire d’un bien immobilier auquel je verse 18 millions de centimes par an ! Père d’une famille de 4 personnes, je suis dans l’obligation de travailler au noir chez des commerçants pour subvenir aux besoins de la maisonnée ! Nous menons une vie pénible et j’ose espérer une issue heureuse à ma pénible situation ! “. D’autres interlocuteurs abondent dans le même sens et font part de leur ras-le-bol face au silence radio affiché par les responsables locaux. Fethi, âgé d’une trentaine d’années, marié, père d’un enfant, travailleur occasionnel, nous confie : ” Imaginez que depuis mon mariage, je vis dans un F3 chez mes parents en compagnie de mes trois frères majeurs et célibataires. Nous sommes huit personnes à cohabiter sous le même toit, condamnés à l’exiguïté, au manque d’intimité et autres problèmes qui en découlent ! J’ai failli divorcer mais j’ai préféré avoir foi en Dieu pour décrocher un logis pour mon foyer ! Le chef de daïra de Guelma qui gère nos demandes de logements gagnerait à activer la finalisation de la liste des pré-bénéficiaires, à recevoir le public et surtout à réconforter et rassurer ceux qui attendent un toit depuis des lustres ! ” .