Par : Hamdi Baali
Ce jeudi 18 février, des centaines de personnes des deux sexes sont montées au créneau en tenant un sit-in devant le siège de la wilaya de Guelma pour crier haut et fort leur colère face au silence affiché par les autorités locales. Arborant des banderoles et des pancartes, les contestataires s’étonnent que la liste des 2.000 pré-bénéficiaires de logements sociaux locatifs, affichée le 27 décembre 2019, demeure toujours gelée. Cette dernière avait causé un mécontentement puisque durant plusieurs jours, des manifestants avaient campé plusieurs jours, même la nuit, pour dénoncer des irrégularités et des injustices délibérées commises par les membres de la commission de daïra de Guelma. Le wali de l’époque avait formellement promis à ces contestataires d’accorder une attention particulière aux recours formulés. Il avait soutenu que les pré-bénéficiaires feront tous l’objet d’une enquête approfondie et qu’il veillera personnellement au suivi de ce dossier sensible. Cependant, début septembre 2020, ce wali a été affecté à la tête de la wilaya de Sétif et c’est un Secrétaire général de wilaya qui lui succéda à Guelma en qualité de nouveau wali. D’autres sit-in ont été observés pour relancer les légitimes revendications qui n’eurent aucun écho !
De guerre lasse, des citoyens exaspérés par la longue attente affichée par les autorités locales à leurs doléances, ont décidé de s’adresser à Le Provincial pour médiatiser leur ras-le-bol et leur calvaire enduré depuis des lustres ! Un père de famille, visiblement abattu et déçu nous confie : ” J’avais déposé un dossier complet en 2005 pour prétendre à un logement social à caractère locatif, sachant que je suis marié et père de 4 enfants, âgés de 5 à 16 ans. J’exerce en qualité de garçon de café, je perçois un salaire mensuel de 20.000 dinars qui permet à ma famille de vivre modestement. Nous occupons une seule chambre sise dans une vieille maison traditionnelle et nous utilisons un seul cabinet de toilette et un robinet au niveau de la cour avec les huit autres locataires qui vivent autant que nous dans des conditions déplorables ! Maintes fois, j’avais exposé mon cas social aux chefs de daïra successifs de Guelma qui m’avaient promis l’octroi d’un logement social puisque je remplissais les critères édictés par le ministère de l’Habitat. A chaque affichage des listes des pré-bénéficiaires de logements sociaux, c’était la douche froide, la déception et la colère. Cependant, en décembre 2019, mon nom figurait enfin parmi les 2.000 heureux élus et le wali nous avait formellement promis lors d’une rencontre, que l’étude des recours formulés par ceux qui ont été déboutés a été entamée et la liste définitive des bénéficiaires sera incessamment rendue publique. Nous attendons depuis plus de quatorze mois et aucune information apaisante n’a été fournie par les responsables locaux ! ” . Une mère de famille, veuve, mère de trois enfants, égrène son calvaire quotidien et s’étonne que son cas digne d’intérêt, n’ait pas été retenu par la commission d’attribution de logements sociaux présidée par le chef de daïra de Guelma. Elle cite les noms de personnes ne remplissant pas les conditions nécessaires et qui ont été pourtant agréées pour des raisons de copinage, de favoritisme, de passe-droit et autres ! Retenant à peine ses larmes, elle dénonce l’injustice et les dépassements de certains membres de cette commission. Elle poursuit : ” Des candidats au logement social sont célibataires et ont l’âge de mon fils aîné, d’autres sont rémunérés à plus de 35.000 dinars par mois, habitent chez leurs parents qui possèdent de somptueuses villas…etc. Quel rôle a joué cette fameuse commission de daïra ? Dans un souci de justice, nous exigeons des enquêtes approfondies diligentées par les services de sécurité pour démasquer ces indus-bénéficiaires ! “.
D’autres interlocuteurs abondent dans le même sens et tirent à boulets rouges sur cette commission qui aurait commis de flagrants dépassements au détriment de familles prioritaires hébergées dans des conditions inqualifiables depuis tant d’années. Un salarié exerçant dans le secteur privé et affirmant percevoir 22.000 dinars par mois poursuit : ” Mon épouse a vendu tous ses bijoux en or pour payer le loyer d’un studio appartenant à un commerçant. Nous y vivons à cinq, nos trois enfants, ma femme et moi dans ce minuscule logement loué 14.000 dinars par mois. Imaginez notre vie quotidienne avec ces maigres ressources financières ! “. Nous apprenons que des couples et leurs enfants vivent dans la promiscuité chez des proches, parents, beaux-parents et cela crée des problèmes qui portent atteinte à leur dignité.
Un quinquagénaire, père de 3 enfants, chômeur et vendeur à la sauvette à l’occasion, apporte son témoignage : ” La liste des 2.000 pré-bénéficiaires affichée à la fin de l’année 2019 avait été établie sous l’autorité du chef de daïra de Guelma qui a été limogé lors du dernier mouvement opéré par le président de la République. Le wali de l’époque, M. Kamel Abla, a été affecté dans le même sillage à la tête de la wilaya de Sétif. M. Kameleddine Kerbache a été installé le 3 septembre, wali de Guelma et il hérite de ce dossier sensible qui doit être pris en charge en priorité pour calmer les esprits et séparer le bon grain de l’ivraie ! L’attente a dépassé les délais impartis et il est primordial de débloquer cette liste, quitte à n’afficher que les pré-bénéficiaires méritants ! “. Un imposant cordon de service de sécurité a été mis en place pour parer à d’éventuels dépassements et une audience urgente a été sollicitée au chef de l’exécutif de wilaya par une délégation de représentants des contestataires.