Tribu d’El Milia et composant de nombreux Archs, dont les plus cités dans des sources françaises ont pour nom Ouled Aidoune, Beni Tlilene, Beni Kaid, Beni Khettab, Beni Haroun, Ouled Ali, Ouled Aouat, Mechat, Ouled Mbarek, Beni Sbih, Laachach et enfin, les Bbeni Toufout, les Ouled Aidoune avaient organisé une insurrection, le 14 février 1871, pour se soulever contre l’autorité coloniale qui venait à peine d’installer ses premières bases.
« Il y avait eu, en effet, le 14 février 1871, à vingt lieues en aval de Constantine, une prise d’armes plus dangereuse que celle de Souk-Ahras, en ce sens que, cette fois, c’était une tribu entière qui s’était soulevée et était venue bloquer un fort français. A cette nouvelle, le général Lallemand avait quitté Alger et était arrivé à Constantine pour se rendre mieux compte de la situation», écrivait Louis Rinn, un juriste et officier français, partit en Algérie en 1864.
Réunion du plan d’attaque des « Archs »
Selon le récit de la page «histoire et patrimoine», s’intéressant à l’histoire locale d’El Milia, «les hauts cheikhs, les notables et les représentants des trônes et des tribus se sont réunis lors d’un mariage chez les fils de Hanash, à l’invitation du commandant du trône, Cheikh Ahmed Bin Saoud Bin Al-Dahmani. Le but de la réunion était de mettre la touche finale au plan d’attaque».
Mise au point des diverses étapes de l’attaque
Les axes du plan comportaient plusieurs étapes, tournant principalement autour de l’attaque du marché hebdomadaire et l’élimination des soldats européens qui le fréquentaient. Ils prévoyaient, également, l’incendie des maisons européennes et le vandalisme du camp de garde, en plus de couper la ligne télégraphique, la destruction du canal qui alimente en eau la tour, l’attaque de cette dernière, son siège et ensuite, l’élimination des dirigeants du Bureau arabe et l’interception des convois de secours français pouvant venir de Constantine ou de Skikda.
La révolte des « Archs »
La même source rapporte que «100 révolutionnaires armés ont été choisis pour lancer l’attaque menée le mardi 14 février à l’occasion du marché hebdomadaire. Les assaillants ont pu imposer un siège aux Français et à leurs partisans qui se sont réfugiés dans la tour et à demander l’aide de Constantine, qui était alors dépourvue de soldats en raison de la guerre avec la Prusse».
De nombreux éléments avaient poussé à la révolte de ces Archs qui voyaient déjà les colons français débarquer dans les leurs terres et entamer le pillage de leur richesse.
L’insurrection des Ouled Aidoune
Il est rapporté que l’établissement de la tour administrative française chez la tribu des Ouled Aidoune entre 1859 et 1860, l’installation d’un bureau Arabe dirigé par des officiers de l’armée française, la démolition du système du trône, la création des directions et des départements et la nomination des dirigeants et des cheikhs, ainsi que l’unification du système fiscal et des amendes punitives auprès de la population, avaient été des facteurs déterminants dans cette insurrection.
Les insurgés ne supportaient pas la restriction des activités des résidents et la surveillance de leurs déplacements, des éléments qui s’ajoutent au début de l’afflux des colons et le début de l’exploitation des forêts de liège, pillant les richesses et les terres et détruisant l’économie locale.
A l’époque, la dégradation des conditions de santé et la propagation des épidémies transmises par les Européens, ainsi que les facteurs de la sécheresse et de l’invasion acridienne, la propagation de la famine et la mort d’un grand nombre d’indigènes, étaient des éléments suffisants pour déclencher cette insurrection, encouragée par la défaite de la France contre la Prusse en 1870, la capture de l’empereur Napoléon, l’effondrement du prestige de la France et la destruction de son armée lors de la bataille de Sedan (1er septembre 1970), ainsi que de l’octroi de la nationalité française aux Juifs Algériens selon le décret Crémieux (24 octobre 1870).
La rébellion d’El-Tarf et Souk-Ahras
La rébellion des Sabahiyya à El-Tarf et Souk-Ahras et leur refus de se rendre sur le front allemand (janvier 1871), la révolte de Muhammad al-Kablouti et Al-Hanansha à la frontière algéro-tunisienne (1871) et la tension dans les relations entre Muhammad Al-Maqrani et les Français et enfin, l’activité accrue de la Tariqa Al Rahmani dans la région d’El-Milia, sont les autres éléments de cette révolte.
Le «bordj d’El-Milia», pour surveiller les tribus
Selon Louis Rinn, l’insurrection des Ouled Aidoune avait eu lieu subitement, sans cause connue, et c’était cet inconnu qui inquiétait le plus, rappelant que l’action coloniale directe sur ces tribus ne s’exerçait que depuis 1860, «année où on avait construit le bordj d’El-Milia afin d’y installer un bureau arabe annexe chargé de surveiller les tribus des Ouled-Aïdoun, Mchat, Beni-Tlilène, Beni-Khetab et Ouled Aouat».
L’assaut « mitigé » des indigènes
Selon son récit, c’est vers neuf heures que les indigènes, «voyant que nous étions sur nos gardes et que ni mobiles, ni civils n’allaient sur le marché, pillèrent quelques boutiques en poussant de grands cris et se portèrent, en tirant des coups de fusil, où les mobiles étaient retranchés dans les constructions. A ce moment seulement apparurent les trois caïds et les autres agents, qui, ordinairement, les jours de marché, arrivaient de bonne heure au Bordj. Ils dirent que la pluie les avait empêchés de venir plus tôt, excuse qu’on fit semblant d’accepter, mais à laquelle le chef d’annexe ne crut pas. La vérité était que ces agents, tous aussi paysans et aussi crédules que leurs administrés, avaient eu peur de se compromettre vis-à-vis de leurs coreligionnaires».
Par : Amor Z