La pièce théâtrale « Les Veuves », de la metteure en scène Chahinaz Naghouache, présentée, samedi dernier, au théâtre régional de Constantine devant un public jeune essentiellement féminin repense « L’École des Veuves » de Jean Cocteau avec une touche féminine matérialisée par une perception et une vision purement algérienne, même si elle est plantée dans son décor originel illustré par les costumes et une scénographie fidèle à l’œuvre.
La pièce « Les Veuves » est une adaptation libre, d’un classique universel du 4ème art, écrite en 1936 par Jean Cocteau qui s’est ’inspiré d’un conte de Pétrone (auteur latin du 1er siècle de notre ère) La Matrone d’Ephèse, pour pondre « L’École des Veuves ».
Dans sa version constantinoise, la pièce porte le public dans un monde allégorique plein de métaphores véhiculées dans une langue dialectale très riche. La scénographie, le jeu d’ombres et de lumières, la musique, la distribution des rôles au féminin pluriel et la chorégraphie sont autant d’éléments magnifiant qui exaltent cette mise en scène. Elle capte et séduit, à plus d’un titre, les jeunes spectateurs.
En un seul trait, cette pièce d’un seul acte, raconte l’histoire d’une jeune veuve affectée par le décès de son vieux mari qui décide de le rejoindre dans le caveau pour mettre fin à sa vie. Mais elle est suivie, spontanément, dans son périple, par sa plus que dévouée servante et de surcroît veuve. Les liens d’attachements inaltérables entre la maîtresse et la servante plaident cette situation.
Les deux femmes suicidaires se retrouvent dans le cimetière en pleine nuit autour du cadavre. Elles enchaînent alors de fil en aiguille à déterrer : les souvenirs, les anecdotes et les épisodes rocambolesques du défunt. Les révélations et les confidences fusent autour du cercueil. Les vérités rudes du défunt resurgissent à la surface. Elles sont alourdies lorsque sa secrétaire et amante les rejoint dans le caveau. La vérité éclate et le défunt mari, que la veuve a pleuré à chaudes larmes, s’avère un homme intrépide sans vergogne qui ne mérite guerre d’affection. Un mauvais cauchemar que la jeune veuve s’empresse d’oublier. Elle renonce à son dessein funeste de le rejoindre dans sa dernière demeure. Et aux premières lueurs de l’aube, voilà qu’elle reconsidère les avances et l’empathie du garde du cimetière viril beau et d’une carrure imposante.
Les trois comédiennes Nadjela Tarelli, Mouni Boualem et Yasmine Abassi se sont données pleinement dans cette pièce d’anthologie grecque. Elles n’ont ménagé aucuns efforts dans le registre hilarant, truffé de drôleries et d’humour. C’est là une prestation artistique majestueuse. Le public est admirablement surpris. le plaisir est immense.
Abdelhamid. Ouchtati