Bien que bien ancré dans les moeurs de la population juvénile de Souk-Ahras, le travail en pareille saison est assimilé à un signe de débrouillardise voire, pour certains, une affirmation aux yeux de ses ainés, de sa responsabilité future. Soit. Les vendeurs de beignets tout comme les apprentis cuisiniers, les aide-couturiers, les serveurs de crème glacée, les manoeuvres dans les grands chantiers, les livreurs à motocycles…gèrent leurs vacances pour vivre mieux en période de scolarité. Il en est même pour ceux qui sont à l’abri du besoin et qui s’impliquent quand-même de manière précoce dans le marché du travail, sous le regard protecteur de leurs parents.
Yahia. A, un lycéen âgé à peine de 17 ans, en fait partie. Tout près de son père qui partage l’avis de son fils, il nous tiendra les propos suivants: ”Vous savez que le travail forge les grands esprits et permet au jeune que je suis de vivre plusieurs expériences à la fois. Celle de gérer une bourse gagnée loin du tiroir de mon père ”. Pour une autre catégorie qui est plus nombreuse, les raisons sont totalement différentes et le ton de nos interlocuteurs penche plutôt vers le dépit et la désolation. ”Même si mes eux enfants ont décidé de leur propre chef le travail au noir chez un propriétaire terrien pour un modique salaire de 15000 /mois, je me sens autant responsable de leur effort supplémentaire pour m’aider à subvenir aux besoins de la famille”, a déclaré Moussa.N d’une voix monocorde qui en dit long sur sa disette. Sur la liste des métiers d’été, nous avons repéré un groupe d’enfants ”à tout faire”: ramassage d’ordures ménagères, port de sacs pour vieilles personnes,, déménagements, gardiennage nocturne…
Aguerris à la course derrière le lucre avant d’avoir eu le temps de vivre pleinement leur enfance, ces jeunes êtres ont déjà perdu l’essentiel de cette tranche de leur vie. Tous ont adopté un regard égaré et des réflexes d’adultes. ”Mon fils trime 12 heures par jour en contre-partie d’un paiement journalier de 1.300 DA/Jour et je crains fort les répercussions de cet effort sur sa santé”, a fait part un père de famille lui-même exploité dans un sous-sol de la ville sans déclaration aux assurances sociales ni salaire fixe.
Retour en force de l’informel, déliquescence du pouvoir d’achat, paupérisation rampante et nonchalance des structures de contrôle locales
Par : Abderrahmane.D