À l’approche de l’Aïd el-Adha, les habitants de Biskra se retrouvent, une nouvelle fois, confrontés à une hausse significative des prix des moutons.
Cette année, comme l’année précédente, le prix d’un ovin oscille entre 80.000 DA et 190.000 DA, un montant qui dépasse largement le salaire moyen en Algérie. Cette inflation galopante rend difficile, voire impossible, pour de nombreuses familles de maintenir la tradition du sacrifice de l’Aïd, une fête religieuse majeure célébrée le 16 juin prochain.
Sur un terrain vague, dans une banlieue à l’Est de Biskra, temporairement transformé en point de vente de bétail, la poussière et les moutons se mélangent, créant une atmosphère chaotique. C’est ici que des dizaines de vendeurs proposent leurs bétails aux acheteurs potentiels. Pourtant, au milieu de cette agitation, le mécontentement est palpable.
“Je viens chaque année ici et je n’ai jamais vu ça. Les prix sont exorbitants,” lance un sexagénaire, visiblement déconcerté par la flambée des coûts. Ce constat est partagé par de nombreux autres clients, comme en témoigne un passant, les nerfs à vif : «Les moutons sont trop chers cette année, c’est n’importe quoi.»
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation des prix. Tout d’abord, l’inflation générale qui affecte l’économie algérienne, entraînant une hausse des coûts de production pour les éleveurs. Les prix des aliments pour bétail, des médicaments vétérinaires, et des transports, ont tous augmenté. Ce qui se répercute inévitablement sur le prix final des moutons. Ensuite, la demande accrue en période de fête joue également un rôle. L’Aïd el-Adha est une fête religieuse où le sacrifice d’un mouton est une tradition essentielle pour les musulmans, créant ainsi une forte demande saisonnière.
Les éleveurs profitent souvent de cette période pour augmenter leurs prix, sachant que les familles feront tout leur possible pour respecter cette fête religieuse qui relève des traditions et coutumes ancestrales. Pour de nombreuses familles, la montée des prix signifie devoir renoncer au sacrifice de l’Aïd ou se tourner vers des solutions alternatives. Certains envisagent de se regrouper pour acheter un seul mouton et le partager, tandis que d’autres cherchent des options de crédit ou de financement pour pouvoir s’offrir un ovin.
La situation actuelle soulève des questions sur la pérennité de cette tradition face à des pressions économiques croissantes. Si les prix continuent à augmenter à ce rythme, il est probable que de plus en plus de familles se trouveront dans l’incapacité de sacrifier un mouton pour l’Aïd, mettant en péril une tradition séculaire. Pour tenter de remédier à cette situation, des mesures pourraient être envisagées.
L’intervention des autorités locales pour réguler les prix du marché, la mise en place de subventions pour les éleveurs, ou encore la promotion d’initiatives communautaires pour l’achat collectif de moutons, sont autant de pistes qui pourraient aider à rendre le mouton de l’Aïd plus accessible.
En attendant, les Biskri espèrent que cette situation ne devienne la norme et que les célébrations de l’Aïd retrouvent leur caractère traditionnel, sans mettre à mal les budgets familiaux. Pour l’instant, la frustration et l’inquiétude dominent, laissant entrevoir un Aïd el-Adha sous le signe de l’incertitude et des sacrifices, au sens propre, comme au figuré.
Par : N.Bensalah