Par : Aymene Hamzaoui*
Le cancer de l’ovaire a longtemps demeuré une maladie méconnue, sous-estimée et mal diagnostiquée à cause de ses modes de révélations souvent trompeurs et non spécifiques.
L’ovaire est un organe principal de l’appareil génital féminin, double, situé de part et d‘autre de l’utérus et qui joue un rôle primordial dans la reproduction par la libération du gamète femelle « l’ovule » qui sera par la suite fécondée par le spermatozoïde de l’homme pour donner naissance à un embryon ; Ainsi que par son rôle dans la sécrétion des hormones principales de la femme : l’œstrogène et la progestérone.
En 2020, le cancer de l’ovaire est devenu le 3ème cancer gynécologique et le 5ème chez la femme en Algérie (étude Slobodan 2020), il représente également la deuxième cause de décès par cancer gynécologique après le cancer du sein, son pronostic est sombre dans la majorité des cas en raison d’un diagnostic tardif du fait de ces symptômes non spécifiques et l’absence de test de dépistage fiable contrairement au cancer du sein et du col utérin par exemple.
Quels sont les facteurs prédisposants ?
Le cancer de l’ovaire est une maladie étroitement liée à l’âge et à l’hérédité, il touche le plus souvent des femmes âgées de plus de 65 ans, ayant des antécédents personnels ou familiaux de premier ordre (tel que la mère ou la sœur) de cancer du sein, de l’utérus, ou de l’ovaire.
Des hormones ont été incriminées dans la survenue de ce cancer notamment les œstrogènes. En effet, une exposition plus importante (en quantité ou en durée) à ces derniers accroit le risque d’atteinte et ceci se voit dans des situations telles qu’une puberté précoce avec des premières règles avant l’âge de 12 ans, une ménopause retardée survenant après 50 ans, absence de grossesses durant la vie sexuelle active, et lors de certaines maladies comme l’endométriose et l’obésité.
Certaines thérapeutiques peuvent également augmenter le risque de survenue d’un cancer de l’ovaire, notamment certains médicaments utilisés dans le traitement des stérilités (exemple : clomifène) ou comme traitement substitutif de la ménopause à base d’œstrogènes.
Les facteurs environnementaux et le mode de vie ont aussi été incriminés dans le développement de ce cancer tel que le tabac et l’amiante entre autres.
Quels sont les facteurs protecteurs ?
Il a été démontré que les grossesses répétées et l’allaitement maternel ont prouvé un meilleur effet protecteur vis-à-vis du cancer de l’ovaire. En effet, cette contraception naturelle diminue l’exposition aux œstrogènes en réduisant sa sécrétion et sa concentration dans l’organisme tout en maintenant un équilibre hormonal adéquat et bénéfique.
L’usage de la contraception orale ou la pilule contraceptive a aussi été retenu comme facteur protecteur après l’observation d’une nette diminution du risque de survenue de cette maladie chez les femmes l’ayant utilisé pendant leur vie sexuelle active.
On note aussi une survenue très faible chez les femmes ayant subi une castration, opération qui consiste à détruire les ovaires avec des rayons ou des médicaments, et donc à supprimer leur fonction hormonale qui a pour conséquence une diminution de l’exposition à ces hormones notamment l’œstrogène.
De même, L’activité physique régulière diminue nettement le risque de survenue du cancer de l’ovaire.
Les symptômes qui peuvent révéler la maladie
Malheureusement, le cancer de l’ovaire se manifeste souvent par des symptômes variés et non spécifiques.
Longtemps discret, il peut se révéler par une douleur du bas ventre et de l’abdomen, allant de la simple gêne jusqu’au tiraillement atroce ; une constipation, des faux besoins, une augmentation du volume de l’abdomen associé ou non à la perception d’une masse ; des anomalies du cycle menstruel, des saignements vaginaux en dehors des règles, des anomalies de la miction, un gonflement des pieds et des jambes, des difficultés respiratoires, un amaigrissement, et bien évidement une altération de l’état de bien-être.
Du fait de son polymorphisme et de ses symptômes non spécifiques qui rendent le plus souvent son diagnostic difficile et trop tardif, le cancer de l’ovaire revête le plus souvent un pronostic si sombre que la prise en charge en est limitée. En conséquence, Une vigilance accrue pour déceler tout éventuel signe d’appel notamment si des facteurs prédisposants sont retrouvés est plus que nécessaire afin de diagnostiquer ce cancer à un stade précoce et avoir ainsi une prise en charge adéquate à temps et ainsi relever les chances de guérison. Qui plus est, des mesures simples telles qu’avoir une hygiène de vie parfaite, une alimentation saine, une activité physique régulière, une vie sexuelle équilibrée avec des grossesses bien planifiées et un allaitement maternel prolongé permettent de diminuer significativement le risque de survenue de cette pathologie émergente et représentent ainsi un pilier essentiel dans la lutte contre cette forme de cancer.
Membre du Club scientifique Avérroès Faculté de médecine d’Annaba*