Par : Hamid Daoui
Depuis des années, les administrés de la municipalité d’El-Khroub constatent, à leurs corps défendant, la dégradation vertigineuse de leur cadre de vie et de tout le tissu urbain !
En effet, depuis 2013, date de création des nouvelles entreprises communales sous le statut d’entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC), les budgets de l’APC et l’apport accessoire des subventions sectorielles de la wilaya n’arrivent plus à couvrir les besoins élémentaires, sans cesse croissants, en matière de salubrité, d’entretien, d’éclairage public avec son corolaire la sécurité des biens et des personnes et d’amélioration urbaine, ainsi que ceux inhérents aux missions sociales et sanitaires dévolues à l’Assemblée populaire communale.
Néanmoins, les modifications et les nouvelles prérogatives introduites dans le nouveau Code Communal relatives à une certaine « liberté relative accordée au président de l’APC et au secrétaire général en sa qualité de cheville ouvrière de la mairie » n‘ont pas pour autant résolu, ou du moins amoindri, les dysfonctionnements multiples relevés dans la gestion des affaires de la Cité. Bien au contraire.
C’est ainsi qu’avec la création irréfléchie et hypothétique de nouvelles entreprises communales budgétivores, l’état des lieux s’est aggravé et l’effet escompté consistant à éradiquer les lourdeurs de la bureaucratie et son corollaire, la corruption et la perte de temps à travers l’observation stricte des dispositions du Code des Marchés publics dans la réalisation de leur cahiers de charges, s’est pulvérisé et s’est obscurci ! Il en est de même pour les perspectives du développement de la commune.
Il n’en fut rien de tout cela, c’est-à-dire, une économie de temps et d‘argent et encore moins d’une quelconque amélioration ! L’APC s’est engloutie davantage avec ses budgets distribués sous forme de subventions aux EPIC. Par ailleurs, elles se sont transformées elles-mêmes en des « mini-APC » qui redistribuent la rente, produit de la fiscalité des contribuables et de celle de la rente des hydrocarbures versée à des programmes sectoriels et plans communaux de développements (PCD) via la Trésorerie des contributions diverses de la commune.
Tous ces gros budgets ne profitent pas aux services pour lesquels ils sont affectés, à savoir les besoins de la Cité et ses administrés, mais vont remplir les poches des nombreux sous-traitants privés triés sur le volet de la clientèle toujours la même via le gré-à-gré. Elles profitent ainsi aux managers des EPIC et leurs subalternes parmi la clientèle du personnel pléthorique, dit de « maitrise », recruté à travers les passe-droits et les cooptations et autres procédés immoraux et des trop nombreux ouvriers précaires, dits «d’exécution » dont une grande partie émargent dans la masse salariale, tout en étant satisfaite par le bénéfice des avantages en matière de sécurité sociale, de retraites en exerçant d’autres activités et fonctions dans l’informel, à titre individuel ou chez des particuliers privés !
Tout ce beau monde a été satisfait de cette situation durant les premières années, exemptes de tout conflit social enregistré au sein de ces entreprises, sauf ceux qui interviennent à travers les manœuvres actionnées par les responsables de connivence avec des syndicats UGTA inféodés d’une part et du président de l’APC et les élus du conseil de l’administration (CA) des Epic d’autres part autour des différends qui les opposent sur les intérêts bassement matériels de choix des sous-traitants privés et autres partages que l’on pourrait aisément deviner, d’autant que ceux-ci ont été dénoncés lors des grèves manipulées par les uns et les autres .
Cependant avec le temps, cette situation ne peut plus tenir la route avec ou sans les manipulations et instrumentalisation des grèves ouvrières afin de régler les différends d’intérêts précités, alors que la distribution de la rente de l’APC et des subventions sectorielles ont drastiquement diminué.
Désormais, pratiquement toutes les Epics n’arrivent plus à honorer à terme échu les salaires de leurs ouvriers !
Les Epics se prêtent entre-elles de l’argent. A celles « en faillite programmée » qui ont leurs comptes bancaires à découvert ou encore bloqués par voie judiciaire par des sous-traitants privés qui revendiquent leurs dus estimés en millions de dinars, résultant des travaux qui devraient être pris en charge par ces Epics créées à cet effet !
Le phénomène en cascades des salaires impayés n’épargne pratiquement aucune entreprise communale, à l’instar de l’entreprise des espaces verts, ECEV, de l’assainissement, EPCA et EGUVAM, de l’entretien des routes et des trottoirs, EASR, des travaux de l’éclairage public, l’ETREP ; de la maintenance du patrimoine communal, ECMAP ou encore de l’office des sports, de la culture, des loisirs et du tourisme, OSCULT !
Cependant, outre les modifications à des objectifs intentionnés des cahiers de charges de l’ETREP et de l’ESAR, des articles de tous corps d’état (TCE) pour la première entreprise et d’autres articles de grands et moyens travaux pour la seconde, y compris par l’achat onéreux de matériels et d’un atelier neuf de menuiserie immobilisé avec un gaspillage et dilapidation dépassant tout entendement. On enregistre curieusement et manifestement une absence totale de sous-traitance de marchés conclus légalement de gré-à-gré pour des travaux quelconques entre ces entreprises publiques communales. Pas mêmes la location de leurs moyens matériels, entre autres, de transports et d’utilité publique à l’exemple du tracteur-citerne pour arroser les espaces verts, camions de transports de marchandises diverses ou encore de véhicules utilitaires de services…etc.!
Chacune d’elles se réserve le droit d’avoir ses propres moyens matériels et logistiques en milliards de dinars, y compris de leurs «sièges sociaux» qu’elles louent chèrement chez des particuliers alors même que le patrimoine immobilier « vacant » est déserté ou abandonné à l’érosion du temps sans faire l’objet d’un entretien ou d’une quelconque maintenance de la part de l’entreprise habilitée pour ces travaux , en l’occurrence, l’ECMAP! Paradoxalement, cette dernière s’est transformée en une entité qui monopolise tous les marchés publics, notamment des réfections des établissements scolaires primaires réaffectés aux entreprises du secteur privé. On trouve même les ruses et les astuces soufflées par les fonctionnaires de la direction technique maitrisant parfaitement le détournement des dispositions contenues dans le Code de Marchés Publics, notamment celles limitant le seuil du montant d’attribution des marchés sous forme de gré-à-gré qui était de l’ordre de 800 millions de centimes qui est passé depuis à 1,2 milliard lors de la énième modification de ce Code !
L’astuce en question consiste à utiliser un cartel d’entrepreneurs privés afin de se soustraire aux dispositions légales de la concurrence du « moins-disant dans l’octroi des marchés !
Quant à la gestion des ressources humaines de l’APC et ses annexes administratives et techniques, c‘est une autre affaire avec près de 1.800 fonctionnaires et assimilés contractuels, issus des dispositifs de la précarité légalisée par l’Etat, l’on parle de près de 500 travailleurs qui émargent sur les budgets de l’APC sans contrepartie d’un quelconque labeur fourni, voire certains ne pointent que devant les guichets de la Poste pour retirer leurs « salaires » ou lors de la distribution des effets vestimentaires de protection et de sécurité au travail pour les écouler au marché noir ou encore pendant les fournitures scolaires pour les enfants scolarisés et autres prêts sociaux.
Telle est l’avis partagé d’une grande majorité des administrés qui ne croient plus dans ce système maffieux et corrompu, rejeté par le hirak populaire et pacifique qui préconise un changement radical !