Par : M. Rahmani
« Quand le bâtiment va, tout va !» dit-on, et ce secteur va mal très mal même depuis l’avènement de la double crise économique et sanitaire que traverse le pays et dans laquelle il se débat encore. En effet, à Annaba, comme partout ailleurs dans les autres wilayas, plusieurs projets inscrits dans différents secteurs, Hydraulique, Travaux publics, Jeunesse et Sports, Culture ont été annulés faute de crédits disponibles. D’autres ont été carrément gelés et d’autres encore sont à l’arrêt. Une situation dont l’impact et les conséquences sont dramatiques aussi bien pour les entreprises activant dans le secteur du Bâtiment, mais aussi toutes celles en relation avec cette activité, carrières d’agrégats, transports, menuiseries, plomberie sanitaire, fabrication de parpaings, de briques, de faïence et autres. Des milliers de travailleurs sont allés grossir les rangs des chômeurs et cela s’aggrave de jour en jour.
Une reprise timide cependant a pu être amorcée et quelques projets ont été relancés ces derniers temps, mais cette supposée embellie du secteur s’est heurtée à une hausse sans précédent des matériaux de construction dont les prix sont devenus prohibitifs, à l’exemple du rond à béton type 12 et 06 mm. Ce matériau a atteint la coquette somme de 14.000 DA le quintal alors qu’il n’y a pas si longtemps et pas plus loin que la fin de l’année précédente, ce type de rond à béton était cédé à 6.000 DA le quintal, soit plus du double de son prix.
Cette reprise s’est donc trouvée freinée par cette hausse qui a brisé cet élan et impacté négativement le secteur. Selon les revendeurs, la cause de cette hausse serait l’indisponibilité du produit sur le marché local et la réduction des quantités importées dans le but d’encourager et de promouvoir le produit national. D’autres avancent le fait que le prix du rond à béton a sensiblement augmenté au niveau des bourses mondiales, car une baisse de la production a été enregistrée pour cause de pandémie, ce qui a donné lieu à une indisponibilité qui a impacté les prix.
L’allégement des mesures de confinement avait permis un retour d’activité sur les chantiers de réalisation et le lancement des projets de construction de logements a boosté la demande en rond à béton qui est devenu de ce fait un produit rare et cédé à un prix aussi élevé. La spéculation a pris le relais et c’est une véritable maffia du rond à béton qui s’est installée et qui dicte sa loi.
Bien des revendeurs et des importateurs installés dans les différentes zones industrielles de Berrahal, Pont Bouchet, Meboudja et les zones d’activités imposent leurs prix. Cette hausse inattendue est à l’origine de bien des difficultés auxquelles sont confrontées des centaines d’entreprises à Annaba qui ne peuvent plus y faire face car ne pouvant plus achever les travaux de réalisation des projets de logements vendus sur plan et qui doivent être livrés dans les délais fixés sous peine de pénalités de retards qu’ils doivent verser à leurs clients.
Selon M. Tarek Berrah, chargé de communication de l’Organisation nationale des promoteurs immobiliers, les prix des matériaux de construction ont augmenté de 200 %, particulièrement le rond à béton tout en soulignant l’impact très négatif de cette situation sur les valeurs immobilières, sur les retards de livraison et l’arrêt des travaux de réalisation d’infrastructures stratégiques.
Le secteur du bâtiment traverse donc une très mauvaise passe du fait de la spéculation qui s’est accaparée un segment important dudit secteur, à savoir les matériaux de construction, cela pourrait amener la disparition de milliers d’entreprises, si l’Etat n’intervient pas et ne joue pas son rôle de régulateur.