Par : Qasmieh Hala
Une maladie fréquente peu connue, et qui peut être handicapante si elle est diagnostiquée tard. Parlons-en !
Qu’est-ce qu’une polyarthrite rhumatoïde ?
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est le plus fréquent des « rhumatismes inflammatoires chroniques », c’est une maladie systémique du tissu conjonctif, caractérisée par une inflammation articulaire chronique évoluant par poussées c’est à dire l’apparition de nouveaux symptômes ou encore l’aggravation de symptômes déjà existants pendant plus de 24 heures. Elle provoque progressivement des déformations symétriques des articulations touchées s’accompagnant de diverses manifestations atteignant d’autres organes que les articulations.
Qui est touché par la Polyarthrite Rhumatoïde ?
C’est une maladie fréquente qui touche entre 0,4% à 0,8 % de la population de tous les âges, le plus souvent une femme de plus de 50 ans (4 femmes pour un homme).
Quelles sont les causes de la Polyarthrite Rhumatoïde ?
C’est une maladie auto-immune multifactorielle, qui peut associer un facteur génétique : il existe des gènes de prédisposition mais qui ne représentent que 30% du déterminisme de la maladie. Ainsi que des facteurs environnementaux : le tabac joue notamment un rôle très important dans le déclenchement, la sévérité de la PR et la réponse au traitement. Aussi, des facteurs infectieux : certains virus et bactéries peuvent être incriminés comme la bactérie Porphiromonas gingivalis, mais leur rôle reste à confirmer. Il ne faut pas oublier le rôle de l’état mental, dans 20 à 30% des cas la PR survient après un choc ou événement marquant comme un deuil, une intervention chirurgicale ou un accouchement. Finalement des facteurs hormonaux peuvent avoir un rôle dans l’apparition de la maladie surtout au moment de la ménopause.
Comment se manifeste la Polyarthrite Rhumatoïde ?
Une évolution par poussées, quand la polyarthrite rhumatoïde (PR) est active, elle se manifeste par une inflammation articulaire avec une douleur de rythme inflammatoire qui est améliorée par l’effort et non par le repos, des réveils nocturnes, des gonflements et un dérouillage matinal de toutes les articulations, mais surtout les mains et les pieds. Si l’inflammation persiste longtemps, l’articulation risque de s’abîmer et peut conduire à des difficultés dans la vie quotidienne telle une difficulté à prendre une bouteille d’eau et à l’ouvrir. La polyarthrite rhumatoïde (PR) s’accompagne aussi souvent d’une grande fatigue et plus rarement, d’autres manifestations non articulaires notamment une atteinte des poumons, du cœur ou des nerfs ou encore l’apparition des nodules rhumatoïdes qui sont des formations indolores de consistance ferme en général localisées sous la peau.
Peut-on prédire l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde ?
L’évolution de la polyarthrite rhumatoïde (PR) dépend du contrôle de l’inflammation. Un mauvais contrôle de l’inflammation peut conduire à des déformations articulaires ou à des complications qui définissent la Polyarthrite Rhumatoïde sévère telles les maladies cardiovasculaires et l’ostéoporose.
Peut-on prévenir la polyarthrite rhumatoïde ?
Il n’existe pas de moyen reconnu pour prévenir la polyarthrite rhumatoïde, il est tout de même possible d’éviter certains facteurs déclenchants comme le tabagisme.
L’importance d’un diagnostic précoce
Dans la polyarthrite rhumatoïde, comme dans bien d’autres maladies, un traitement est plus efficace s’il est entamé à un stade précoce. En cas de douleurs articulaires ou de gonflements, mieux vaut donc consulter, le médecin cherchera d’autres atteintes articulaires et extra-articulaires.
Le diagnostic repose sur un interrogatoire, un examen clinique, des examens d’imagerie médicale : radiographies des articulations touchées, des mains, des pieds et souvent du rachis à la recherche de signes d’inflammation articulaire. Aussi, des analyses biologiques qui montrent la présence d’anticorps. C’est la conjonction de ces différents arguments qui permet de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde, aucun de ces arguments pris isolément ne peut suffire à un diagnostic de certitude.
Comment se traite aujourd’hui la Polyarthrite Rhumatoïde ?
Globalement, les objectifs du traitement de la polyarthrite rhumatoïde sont de soulager la douleur, de stabiliser les lésions existantes, d’éviter la survenue de nouvelles lésions et d’améliorer la qualité de vie du patient. Pour cette raison, il est recommandé de suivre cette prise en charge et le suivi en milieu spécialisé.
Le traitement global de la polyarthrite rhumatoïde associe des médicaments de fond autres sont symptomatiques ou de crise (antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens ou stéroïdiens), des thérapeutiques locales (ponctions évacuatrices, infiltrations de corticoïdes, synoviorthèses à l’acide osmique…), des mesures de réadaptation fonctionnelle (appareillages de repos, ergothérapie, kinésithérapie…), parfois des gestes chirurgicaux. Un suivi psychologique est aussi nécessaire.
En conclusion , la polyarthrite rhumatoïde est une maladie qui risque de détériorer la vie du malade si elle est découverte à un stade tardif de son évolution, c’est pour cela qu’il faut consulter un médecin dès l’apparition des premiers symptômes et la suspicion de la maladie afin de bénéficier d’une prise en charge précoce qui fera en sorte d’éviter ses complications handicapantes et d’assurer une qualité de vie satisfaisante.
Membre du Club Averroès Faculté de Médecine Annaba*