En plein aménagement de la ville d’El Milia, qui connaît des travaux sur plusieurs fronts pour sa réhabilitation après le désastre qu’elle a subi, une polémique ne cesse d’enfler sur le devenir de la place des Martyrs, cœur battant de la ville. Rasée de bout en bout, cet espace est au centre de toutes les préoccupations des habitants.
Et pour cause. En attendant que son plan d’aménagement soit dévoilé, ce sont les bâtisses anciennes datant de l’époque coloniale qui risquent de fausser tout ce qui est en train d’être entrepris pour donner un nouveau look à cette placette. Et pas que, puisque d’autres édifices ont défiguré le centre-ville à commencer par ce bâtiment des locaux du président, qui demeure abandonné à son triste sort. «Il a tout défiguré.
Ce bâtiment nous a même privé de l’air frais que nous recevons de ce côté», lâche, désabusé, un citoyen assis avec un groupe d’amis au milieu d’un amas de gravats en pointant son doigt en direction de cet édifice. «Les meilleures poches foncières ont été gaspillées dans la construction de ces locaux qui ne servent plus à rein», poursuit-il sur un ton de dépit. Au milieu des ruines du centre-ville, la surprise est venue d’une agence bancaire dont la toiture a été couverte par… des pièces en tôle ! «On ne fait ça que pour des poulaillers», réagit un autre citoyen face à un tel décor. Confrontée visiblement à un problème d’infiltration d’eau, la toiture de cette agence a été protégée par la tôle TN40 et des tuiles en tôle.
Quoi de plus repoussant que de voir un tel décor d’une agence bancaire, représentant, de surcroît, l’une des plus grandes banques du pays, couverte en tôle. «Ça ne se passe que dans cette ville où tout est bon pour la défigurer encore davantage», lâchent encore des citoyens.
L’un d’eux s’est précipité pour prendre une photo de cette agence avant de la poster sur sa page Facebook. «Peut-être que ça va faire réagir les responsables de cette banque», espère-t-il. «Les façades des banques renvoient généralement le bon visage des villes», ajoute ce citoyen, qui a à cœur de voir changer le triste état de cette cité meurtrie par tant de destructions.
Pendant ce temps, des travaux de réhabilitation de deux autres édifices ont été entamés au niveau de l’agence bancaire de la BADR et de l’ancienne Recette communale, reprise par l’ANEM. Une consolation en pleine transformation d’un centre-ville nécessitant toutefois une solution pour le vieux bâti. «La rénovation de la place des Martyrs passe par la réhabilitation de ces bâtisses, soit en les rasant, soit en leur trouvant une solution», préconise-t-on.
Avec les rares constructions qui ont vu le jour après l’indépendance, le centre-ville, notamment au niveau des rues de la mosquée, Zighout Youcef et Oucief Aissa, est essentiellement formé par des bâtisses menaçant ruine. Abandonnées par leurs propriétaires, dont certains ne sont plus de ce monde, ou au centre d’un conflit d’héritage, ces constructions ont perdu de leur consistance et posent un réel problème pour la réhabilitation de la ville d’El Milia. Sans solution à ce vieux bâti, c’est tout le centre-ville qui risque de tomber en ruine.
Une situation qui n’arrange pas les efforts de réaménagement de cette ville qui a subi un véritable travail de sape qui est venu à bout de ses principales infrastructures, dont certaines sont à ce jour abandonnées, principalement son célèbre square.
Par : Amor Z