Par : Kouider Mohamed Achraf
La maladie ulcéreuse gastroduodénale est un véritable problème de santé publique qui menace 90 % de la population algérienne, alors que 10% d’entre elle en souffre déjà
Qu’est ce que ça veut dire une MUGD ?
C’est une affection qui se définit par une perte de substance qui peut être plus au moins profonde au niveau de la paroi gastrique ou duodénale ce qui veut dire la partie initiale de l’intestin grêle. Provoquant des douleurs plus ou moins sévères, selon l’épaisseur de la couche atteinte. Lors du contact entre la plaie et les sucs gastriques qui aident à la digestion. Ceci explique les poussées aiguës de cette pathologie qui est chronique à l’ origine
A savoir que l’ulcère du duodénum est de 5 à 7 fois plus fréquent que l ulcère de l’estomac.
Comment se présente la maladie ?
L’ulcère gastro-duodénal peut causer une douleur localisée au niveau de l’épigastre c’est-à-dire la partie haute et centrale de l’abdomen, ressemblant à une crampe ou à une sensation de brûlure, mais le plus souvent le patient décrit une de faim très douloureuse qui survient une à trois heures après un repas ou la nuit l’obligeant à se réveiller du sommeil pour manger.
Cette douleur se présente par des poussées très aigues de quelques semaines avec des phases sans symptômes, cependant, elle se calme très rapidement par la prise alimentaire et médicamenteuse surtout avec les produits anti sécrétions acides.
D’autres signes d’ulcère peuvent survenir lors d’une deuxième phase de la maladie, quand celle-ci est plus avancée : une fatigue généralisée, une anémie, une perte de poids inexpliquée, des nausées et des vomissements, ou même du sang dans les vomissements ou dans les selles : selles noires.
Quelles sont les Causes ?
Même si on retrouve un facteur génétique dans 40% des cas, la principale étiologie est expliquée par un déséquilibre entre les facteurs agresseurs (endogènes et exogènes) et les moyens de protection de la paroi gastroduodénale, le tout sous l’influence de l’Helicobacter Pylori, une bactérie qui est fréquemment retrouvée dans les cas d’ulcères (90% dans les cas d’ulcère duodénal et 70% des ulcères gastriques).
Il existe d’autres causes qui peuvent augmenter le risque tel qu’une prise chronique ou excessive de corticoïdes et d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (l’ibuprofène, l’aspirine,…etc.). Certains aliments et substances comme le café, le thé, les jus d’agrumes et le chocolat augment l’acidité gastrique .Le tabac quant a lui favorise la récidive et retarde la cicatrisation c’est-à-dire le maintien de la chronicité.
On évoque également le stress psychologique qui serait responsable de l’exacerbation de cette maladie qui a longtemps été considérée comme psychosomatique.
Helicobacter Pylori !
C’est une bactérie qui vit exclusivement dans l’estomac humain et la seule connue pouvant survivre dans un environnement aussi acide, son enveloppe hélicoïdale l’aide à se visser dans le mucus de la paroi stomacale afin de la coloniser et d’y persister. même si on la retrouve chez 90% des Algériens, la colonisation reste asymptomatique dans 70% des cas, sauf si il y a stimulation de l’infection et c’est la qu’elle pourra être a l’origine de l’ulcère gastro-duodénal ou des gastrites chroniques atrophiques.
De quoi peut-elle se compliquer ?
Les complications de l’ulcère sont de moins en moins fréquentes grâce aux performances de la médecine dans la prise en charge diagnostique et thérapeutique mais aussi dans la prévention.
Malgré tout ça, on peut rencontrer : des hémorragies digestives qui sont extériorisées par la bouche ou par l’anus, des perforations, des rétrécissements et dans de rares cas le cancer de l’estomac d’où l’utilité de faire des biopsies.
Quelles sont les démarches Diagnostiques ?
Le médecin généraliste ou spécialiste se base d’une part sur les symptômes cliniques et d’autre part sur l’interrogatoire minutieux à la recherche des facteurs de risque.
Le diagnostic de l’ulcère sera confirmé par une endoscopie digestive haute sous anesthésie locale ou générale, ce qui permet de visualiser les voies digestives jusqu’au duodénum, et de faire quelques biopsies sur les pourtours lésionnels et qui seront l’objet d’études Bactériologique (recherche de l’Helicobacter Pylori) et histopathologique (recherche d’un Cancer).
Comment traiter ?
Les objectifs du traitement médicamenteux sont multiples : cicatriser l’ulcère, réduire les symptômes et prévenir les récidives et complications.
Selon la cause la prescription du médecin peut contenir : des Antisécrétoires qui inhibent les Sécrétions de l’estomac; des antiacides: qui neutralisent l’acidité; un Pansement gastrique pour éviter l’irritation; les Antibiotiques dans le cas ou le patient est porteur d’Helicobacter Pylori.
Dans 70% des cas, ce traitement permet la guérison et la suppression rapide des symptômes. La chirurgie de l’ulcère est indiquée seulement si les médicaments ont échoué, c’est pour cela qu’elle sera indiquée en dernière intention.
Y a-t-il une prévention ?
La muqueuse digestive étant malmenée à cause de l’inflammation et de l’ulcère, il faut donc choisir des aliments faciles à digérer, éviter les irritants gastriques tels que les aliments acides comme le jus de citron pur, le vinaigre, les jus d’agrumes, qui pourraient agresser la paroi digestive dont les capacités de défense sont diminuées; les aliments trop gras : notamment les graisses cuites et les produits frits, qui surchargeront le travail de l’estomac; proscrire les aliments trop épicés trop chauds ou trop froids et les boissons excitantes (café, thé) : surtout pendant les poussées ulcéreuses.
Pour conclure, la MUGD peut être évitée par de simples mesures d’hygiènes et de diététiques dans le but de favoriser le confort de l’organisme par exemple : cinq prises de repas légers sont mieux tolérées que 3 prises copieuses en cas d’ulcère afin d’éviter d’alourdir l’estomac; une bonne mastication dans le calme pour faciliter le travail de la digestion; la réduction des sources de stress ainsi que le sevrage de la consommation de cigarettes qui seront très bénéfiques ; et bien évidement ne jamais faire de automédication ou dépasser les doses recommandées par votre médecin dans la prise de certains médicaments comme les AINS et les corticoïdes qui ont une liaison directe avec cette maladie.
Interne en Médecine membre du Club Averroès Faculté de Médecine Annaba