Par : Adem Allaeddine
Que signifie, en fait, un 7 avril pour un cancéreux ou un autre sujet atteint de maladie chronique ? Absolument rien, si ce n’est l’occasion, peut-être, de se réunir pour faire le constat de la qualité de la prise en charge en cette journée mondiale de la santé. Tous les signaux, faut-il le reconnaitre, sont au rouge. La santé dans notre pays est malade, et même gravement. Un constat partagé par tout le monde, y compris par le premier responsable du secteur, en l’occurrence Abderrahmane Benbouzid. Et ce n’est certainement pas avec de belles paroles qu’on va régler les problèmes de ce secteur névralgique. La situation a besoin en urgence d’une véritable autopsie. Le mal est vraiment profond. D’où la nécessité d’une telle opération. Dépassés, à vrai dire, par un état comateux de nos structures de santé publique, certains médecins ont préféré jeté leur dévolu sur l’étranger où les conditions de travail sont nettement meilleures. Plus de 6.000 médecins ont quitté nos hôpitaux ces dernières années pour aller travailler à l’étranger. Un chiffre effarant qui explique clairement tout le malaise qui ronge le secteur de la Santé en Algérie. Au problème récurrent de l’hygiène dans les établissements publics s’ajoute un autre plus grave encore.
Il s’agit, en effet, des médicaments et autres produits pharmaceutiques pour lesquels le ministre s’est montré incapable de trouver les bonnes solutions. Selon lui, la faute incombe en premier lieu aux importateurs et aux distributeurs. Une explication qui ne semble pas soulager les souffrances des malades, particulièrement les cancéreux qui subissent, pour reprendre les propos d’un médecin spécialiste, les conséquences d’une gestion anachronique de ce dossier. La « pénurie » des médicaments dure déjà depuis plus de deux ans. Vingt-quatre mois de souffrance pour ces malades qui n’ont plus, aujourd’hui, les forces, mentales beaucoup plus, pour faire face à une situation à la limite du tolérable. Le taux de mortalité dans nos hôpitaux est de plus en plus élevé. Certains n’hésitent pas d’ailleurs de qualifier la situation de catastrophique. Elle l’est certainement encore plus dans ces régions enclavées où le strict minimum, en matière de soins, est inexistant. Ce qui explique en quelque sorte la forte pression que le personnel du CHU ne cesse de subir quotidiennement.
Ils viennent, en effet, des 17 wilayas de la région Est pour se faire soigner au CHU de Constantine. Certains cas, affirme un jeune médecin spécialiste, qui ne nécessitent absolument pas une prise en charge au sein de l’hôpital, continuent à être envoyés à Constantine, parfois sans aucune lettre d’orientation. Et si le CHU est actuellement dans cet état, c’est aussi à cause de cette affaire de patients qui « transfusent » de toute la région. Il nous est impossible, a tenu à préciser ce jeune médecin, de travailler, selon les normes mondialement requises, dans des conditions pareilles. On est vraiment loin, ajouta-t-il, des standards appliqués dans des pays voisins. L’occasion est propice, en cette journée mondiale, de faire honnêtement le point de l’état de santé de nos structures, publiques et privées à la fois. C’est à partir d’un tel « diagnostic » qu’on arrivera, un jour, à remédier un tant soit peu à la situation actuelle, qui n’est pas totalement ingérable.