Par : Bouchra Naamane
Il va sans dire que l’investissement touristique peine à voir le jour dans la wilaya d’Annaba, en dépit de tous les facteurs naturels propices à transformer la ville en un véritable pôle touristique digne de son nom. Le projet de « Marina El Kettara » qui devrait être situé sur la Corniche d’Annaba est une parfaite illustration des dilemmes dans lesquels reste plongé ce domaine, ô combien important pour la relance économique tant promise par le gouvernement algérien.
A en croire les chiffres et les fiches descriptives qui nous ont été avancés par le propriétaire de ce projet, M. Reda Rezid, La Marina pourrait réellement transformer la façade de la ville. « L’estimation du projet en 2015 était à 20 millions d’euros avec 200 postes d’emplois directs et environ 500 emplois indirects. Le projet est étendu sur une assiette foncière de 4 hectares sur plan d’eau et une douzaine d’unités de restauration légère et restaurant classée. On y trouve également une agence de voyage, un club de pêche, de plongée sous-marine et de voile ainsi que 200 anneaux avec un traitement des eaux du bassin et une alimentation en énergie solaire » nous explique notre interlocuteur tout en précisant que ce projet contient également un parking ayant une capacité d’accueil d’environ 70 véhicules.
Ce projet promettant une véritable valeur ajoutée à l’économie de la ville a été vivement encouragé par l’ancien chef de l’exécutif local, M. Youcef Chorfa, mais ce dernier, soudainement, s’est porté opposant. C’était au mois de février 2016 que l’investisseur avait reçu une correspondance de la part de la direction des mines et de l’industrie portant sur le refus d’accorder l’assiette foncière à ce projet, sous prétexte que la Marina est localisée dans le périmètre du domaine public maritime (DPM). C’est en effet l’argument qui semble être quasiment illogique étant donné que les projets portuaires, partout dans le monde, pourraient être implantés le plus normalement sur des domaines publics maritimes, tout en respectant des normes techniques imposées par l’Etat. C’est en effet l’endroit idéal pour construire ce projet, selon M. Rezig qui se demande « Où est-ce qu’on va construire un tel projet, si ce n’est pas sur un domaine maritime ? ». Ce qui laisse également penser que cette décision n’a pas été fondée sur un critère objectif, c’est que, dans la lettre de refus qui avait été reçue par l’investisseur, la direction des mines et de l’industrie avait mentionné que le projet est situé dans la commune d’El Hadjar, alors que ce dernier est implanté sur la Corniche d’Annaba. Le concerné avait donc saisi le laboratoire des études maritimes (LEM) relevant du ministère dont la mission est d’intervenir dans les activités liées aux infrastructures portuaires et maritimes et a validé la localisation du projet, et pourtant, ce dernier reste, jusqu’au jour où nous mettons sous presse, bloqué.
M. Reda Rezig avait été convié, le mois de janvier dernier, à une réunion de la cellule d’écoute des investisseurs, présidée par le wali d’Annaba, M. Djamel Eddine Berimi, qui avait instruit le directeur de l’industrie et des mines de lui présenter ces dossiers pour pouvoir étudier et débloquer cet investissement mais depuis, le projet n’a malheureusement pas bougé d’un iota.
L’investissement touristique, entre chiffres et réalité
A en croire les chiffres avancés par les services de la wilaya, on a l’impression que La Coquette se transformera prochainement en l’une des meilleures villes touristiques de l’Afrique du Nord. En effet, ces sources ont indiqué que le secteur touristique compte un total de 25 constructions touristiques en cours de réalisations à travers le territoire de la wilaya, avec une capacité d’accueil estimée à 3.848 lits. Ces projets assureront un total de 1.551 postes de travail.
Parmi ces projets, un total de 14 constructions a été amorcé dans les cinq zones d’extension touristique que compte la wilaya, tandis que 11 autres projets seraient localisés à l’extérieur de ces zones. Cependant, seulement deux infrastructures hôtelières seront réceptionnées au cours de la prochaine saison estivale et dont la capacité d’accueil est à 242 lits, assurant environ 66 postes de travail.
Il est certainement vrai que la ville d’Annaba reçoit annuellement des milliers de touristes venant des quatre coins du pays, mais il est important de noter que l’investissement touristique au sein de la wilaya laisse à désirer. Notamment si l’on sait qu’environ 13 projets sont désormais à l’arrêt pour des raisons techniques et 42 permis de construire ont été délivrés sans que les travaux de construction ne soient entamés.