Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la wilaya de Jijel, depuis la nuit du 27 au 29 février 2024, ont provoqué des débordements au niveau de la plupart des cours d’eau qui sillonnent la région, des glissements de terrain et des inondations. Les précipitations, accompagnées d’un vent violent, ont atteint en l’espace de 6 heures pas moins de 62 mm, ce qui a contribué à remplir à 100% les barrages de Tabellout et Boussiaba.
Bien que ces intempéries d’une rare violence aient touché pratiquement l’ensemble des régions de la wilaya, fort heureusement, aucune perte humaine n’a été enregistrée jusque-là. Une quinzaine de personnes ont été sauvées in extremis par la protection civile, alors qu’elles ont été dangereusement cernées par les eaux.
Des subsahariens échappent aux eaux en furie
A El Mila, sur les bords de l’oued El Kébir, un groupe de subsahariens a failli être emporté par les eaux en furie, s’ils ne se sont pas réfugiés sur une butte de terre avant d’être sauvés par une intervention de la Protection civile.
Du côté de Tchlaloua à Jijel, 5 personnes ont été sauvées par les plongeurs de la Protection civile alors qu’ils s’agrippaient à un arbre. Une scène similaire a permis de sauver 2 autres personnes à Hiouana, commune de Taher, alors qu’à Tassoust (Emir Abdelkader), une personne qui a trouvé abri sur une serre, a été récupérée. Des coupures d’électricité ont été relevées ici et là, ainsi qu’une rupture de l’alimentation en eau potable dans certains quartiers de Jijel, avec un retour à la normale ce vendredi.
Au niveau du chef-lieu de wilaya, la plus grave situation a été vécue au 5ème km, à la limite avec la commune de l’Emir Abdelkader (Boukhertoum) où la crue de l’oued Mencha, «étouffé» à certains endroits par des remblais, a déversé des milliers de mètres cube d’eau de part et d’autres de son lit, inondant à l’Ouest la cité des 1200 logements AADL et à l’Est la région de Boukhertoum.
Au niveau de la cité, l’on se pose déjà la question d’avoir choisi de construire un établissement scolaire encore plus près de l’oued. Un danger à l’avenir pour les élèves qui s’y rendront par temps pluvieux. Toujours dans la commune de Jijel, l’effondrement d’un mur de soutènement au niveau de la rue Seddik Kiniouar, a gravement endommagé la maison qui le surplombait ainsi qu’un véhicule, garé à proximité. A Kaous, c’est la crue de l’oued Bouradjah, un affluent de l’oued Mencha, qui a menacé des habitations, d’où l’intervention des hommes en bleu pour leur évacuation.
Glissements de terrains et circulation paralysée
La circulation sur des tronçons routiers a été perturbée par les glissements de terrains ou encore les chutes de pierre. On relèvera, à ce propos, la RN77 dans son parcours entre Jijel et Texenna en arrivant à Djimla, le chemin de wilaya CW137 A entre Texenna et Selma, le CW135 A à Boudial (Bordj T’Har), le CW137 entre El Aouana et Selma. La route entre Tassoust (Emir Abdelkader) et El Achouat (Taher) a été aussi fermée du fait de la montée des eaux de l’oued Djendjen.
A Taher, les sapeurs-pompiers sont, notamment, intervenus au niveau de l’oued Tassift, à l’entrée Ouest de la ville, pour extraire les troncs d’arbres et autres détritus qui gênaient la progression des eaux. A Ouled Salah, deux personnes, devenues prisonnières des eaux dans leur véhicule, ont été sauvées par les éléments de la protection civile en s’aidant de la pelle mécanique d’un privé.
A Bordj T’Har, deux familles ont été évacuées de leurs habitations après un mouvement de terre qui menaçait leurs demeures. Tandis qu’à Chahna, trois familles ont été évacuées de leurs domiciles qui menaçaient d’être emportés par un glissement de terrain.
Sur la RN43, entre El Ancer et El Milia, et plus précisément entre Aïn Bouziane et Laraba, un éboulement d’un flanc de colline a obstrué une partie de la voie, heureusement dédoublée. Ce qui a permis de maintenir la circulation sur les voies réservées en sens inverse. Toujours sur la RN43 dédoublée, mais cette fois entre Jijel et El Aouana, au niveau de Kissir, où les flots déversés par le déversoir d’orage du barrage éponyme, a causé sur l’un des deux ponts routiers (côté mer), des perturbations au niveau des remblais de la culée ouest.
Un pont fermé par mesure de sécurité
Par mesure de précaution, ce pont a été fermé provisoirement à la circulation qui a été déviée via le deuxième pont réservé aux véhicules venant en sens inverse. Selon des indications recueillies sur les lieux ce vendredi, des démarches ont déjà été entreprises pour mener urgemment les travaux nécessaires à sa réouverture. Ce vendredi, les différents services (protection civile, Apc, Gest-Immo…) étaient à l’œuvre pour le nettoyage des différents sites touchés par ces intempéries exceptionnelles.
Bien qu’occasionnelles, cela ne devrait pas passer sans que l’on ne jette un regard sérieux sur tout ce qui relève de la responsabilité humaine, notamment le non-respect de certaines règles urbanistiques et de la délimitation du domaine public hydraulique.
Enfin, le bureau de wilaya du Mouvement de la société de la paix (MSP) nous a fait parvenir un communiqué dans lequel il appelle, au vu des dégâts occasionnés par les intempéries, «les autorités à déclarer la wilaya de Jijel et les autres régions du pays touchées en état de catastrophe naturelle», afin, ajoute le même communiqué, de leur permettre de «bénéficier de fonds spéciaux, de projets, d’indemnisations et de programmes appropriés pour remédier à tous les dommages et à leurs causes afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent à l’avenir».
Par : Fodil S.