À 03h du matin, hier, le Secrétaire général du ministère des Transports, M. Djamel-Eddine Abdelghani Dridi, a entamé une visite d’inspection. Il est arrivé à l’aéroport Rabah Bitat, où il a assisté au départ des pèlerins vers Médine pour le Hadj. Ce qui a commencé comme une cérémonie d’au revoir, s’est rapidement transformé en une inspection rigoureuse des infrastructures de transport de la wilaya.
Inspection de l’aéroport Rabah Bitat
Après avoir salué les pèlerins, M. Dridi a, immédiatement, commencé une inspection minutieuse de l’aéroport. Il a constaté plusieurs lacunes dans les installations et a donné des directives précises pour améliorer l’accueil des passagers, particulièrement en prévision de la saison estivale. Il a insisté sur la nécessité de simplifier les procédures administratives, tout en maintenant des contrôles de sécurité efficaces. «Il est essentiel de faciliter les démarches administratives pour nos passagers, tout en veillant à la sécurité», a-t-il déclaré. Il a, également, souligné l’importance d’enrichir l’apparence de l’aéroport avec des éléments traditionnels et des informations touristiques sur Annaba pour offrir une meilleure première impression aux visiteurs.
Le ministre : « Il y’a des taxi fraudeurs… au CHU !? »
Ensuite, la journée s’est poursuivie avec une présentation détaillée par le directeur intérimaire des Transports sur l’état général du transport dans la wilaya d’Annaba. Une présentation que certains ont qualifié de «catastrophique». Plusieurs points préoccupants ont été abordés lors de cette réunion.
En ce qui concerne le transport en commun, le tramway a été mentionné comme une solution potentielle en cours de délibération à un niveau supérieur. Le Secrétaire général de tutelle a indiqué que «le projet du tramway est sérieusement envisagé. Mais, aucune décision finale n’a encore été prise».
Un autre problème majeur soulevé a été le rond-point «Pont Blanc», un véritable point noir de la circulation dans la ville. «Le rond-point Pont Blanc est un goulot d’étranglement critique qui nécessite une solution urgente pour créer une sortie supplémentaire et fluidifier la circulation», a expliqué M. Dridi.
Le processus de numérisation des documents de transport a, de même, été évoqué. Actuellement, seulement 60% des transporteurs ont achevé leur enregistrement numérique. Cette lenteur est due en partie à la réticence des transporteurs à soumettre leurs documents. «Nous travaillons en collaboration avec les services de l’Etat civil pour accélérer ce processus et atteindre une numérisation complète», a-t-il ajouté.
Il a été constaté que de nombreuses statistiques concernant les outils de transport ne correspondent pas à la réalité sur le terrain, en raison de l’utilisation des agréments donnés comme unité de mesure. En effet, beaucoup de détenteurs d’agréments ne les utilisent pas réellement. Ce qui fausse les données et entrave l’ouverture de nouvelles opportunités pour d’autres transporteurs. «Il est impératif de réviser ces agréments afin de libérer des opportunités et d’obtenir des statistiques précises», a insisté M. Dridi.
Le retrait des services de transport public pour favoriser le secteur privé n’a pas été efficace, et le secteur privé ne parvient pas à répondre aux besoins de la wilaya. «Nous devons réévaluer l’implication du secteur public pour combler les lacunes du secteur privé», a-t-il souligné.
La discussion a également porté sur l’expansion du réseau de stations vers Draa Errich, Kalitoussa et Berrahal, ainsi que sur la préparation des services de transport pour la saison estivale. Il a été proposé d’étendre le réseau de bus pour desservir des zones, comme Ain Achir.
La façade de la présentation a commencé à se fissurer lorsque des questions ont été posées, notamment sur la présence de taxis en permanence devant le Centre Hospitalo-universitaire d’Annaba, alors que la wilaya dispose de 4.000 taxis. «Oui… il y a des taxis fraudeurs», a admis le directeur. Une réponse qui a choqué les responsables présents. Pour atténuer l’impact de sa première réponse, il a ajouté : «Mais, nous comptons instaurer un système de permanence bientôt.»
Une autre question a porté sur le comportement inacceptable de certains transporteurs et leurs receveurs. «Certains comportements sont inadmissibles et nécessitent une formation et une mise à niveau», a déclaré un responsable. La réponse du directeur, toutefois, a été perplexe : «Il y a plusieurs choses que nous laissons passer parce que si nous les punissons, ils rendront leurs agréments et cesseront de travailler». Cette déclaration a mis en lumière la fragilité de la situation où les transporteurs exercent une pression considérable sur les autorités.
La gare maritime
Après l’inspection de l’aéroport et la présentation de l’état général du transport à Annaba, la visite s’est poursuivie à la gare maritime, qui a été inaugurée en juillet 2023. Là, le Secrétaire général a noté un grand manque de communication entre les différents services au sein de la gare maritime. Il a souligné l’importance cruciale du travail d’équipe pour faire avancer les opérations. «C’est le citoyen qui souffre à la fin de l’histoire», a déclaré le M. Dridi, mettant en garde contre les conséquences néfastes d’une absence de coordination et de collaboration entre les différents départements. Il a insisté sur le fait que si chaque service agit de manière autonome et cherche à imposer sa propre voie, cela mènera à l’échec. «Le succès repose sur une communication transparente, une coopération étroite et une vision collective», a-t-il ajouté, soulignant que l’harmonisation des efforts est essentielle pour garantir un service de qualité aux citoyens et aux visiteurs.
L’envoyé du ministère des Transports a inspecté minutieusement le déroulement de la prise en charge des voyageurs de A à Z, ainsi que les différentes infrastructures à l’intérieur de la gare maritime. Il a pris des notes et donné des directives sur l’utilisation des différents espaces complètement vides et inutilisés, suggérant comment ils pourraient bénéficier de nouveaux aménagements. «Nous avons investi des millions dans ce projet, ne négligeons pas les détails», a ajouté le Secrétaire général.
Il est à noter, par ailleurs, que la gare maritime reste sans programmation de voyages jusqu’à juillet, et que l’inspection s’est déroulée dans une station vide, dépourvue de tout signe de vie à l’exception des responsables et de leur délégation. Cette observation a renforcé l’importance d’une gestion efficace et proactive des infrastructures de transport pour assurer un fonctionnement optimal et répondre aux besoins des usagers.
La gare ferroviaire
Après son passage à la gare maritime, M. Dridi a poursuivi sa visite en inspectant minutieusement la gare ferroviaire. Accompagné du directeur de la l’infrastructure ferroviaire, il a examiné en détail tous les services proposés aux usagers ainsi que les différentes lignes desservies par cette gare. L’inspection a porté sur divers aspects, notamment la sécurité des installations, la propreté des espaces, le fonctionnement des guichets et des services pour les voyageurs, ainsi que la ponctualité et la fiabilité des horaires de train. Des discussions approfondies ont eu lieu concernant les défis rencontrés au quotidien et les améliorations potentielles à apporter pour garantir une expérience optimale aux voyageurs utilisant cette gare centrale.
La gare routière “Mohamed Mounib Sendid”
Continuant son périple d’inspection, toute la délégation s’est dirigée vers la gare routière “Mohamed Mounib Sendid”, où M. Dridi a examiné les plans d’extension des lieux. Ce projet vise à accueillir, à la fois des bus et des taxis, en transférant les taxis de la gare routière «Sidi Brahim» vers la nouvelle gare élargie. «Cette extension permettra de désengorger les espaces surchargés et d’améliorer la fluidité du transport dans la wilaya», a déclaré M. Dridi.
La direction des Transports en clôture
Clôturant sa visite, M. Dridi a fait une halte au siège de la direction des Transports où il lui a été présenté en détail l’organisation et le fonctionnement des services. Un point crucial a été soulevé, concernant l’insuffisance d’espace, avec seulement 14 bureaux pour une cinquantaine d’employés. Cette contrainte logistique a été discutée en profondeur, mettant en lumière la nécessité pressante d’étendre les installations pour garantir des conditions de travail optimales et une efficacité accrue dans la gestion des affaires liées au transport.
Cette visite a révélé des dysfonctionnements majeurs dans le système de transport de la wilaya d’Annaba, nécessitant des mesures urgentes et une coordination renforcée entre les différentes entités impliquées.
La détermination du Secrétaire général à remédier à ces problèmes est évidente. Mais, la mise en œuvre des solutions reste à voir. Les prochaines semaines seront cruciales pour mesurer les progrès réalisés et la capacité des autorités à répondre efficacement aux défis soulevés.
Par : Mahdi AMA