La journée d’hier a été marquée par le lancement du Salon de la pharmacie « ALPHARMA » au niveau de l’hôtel Sheraton Annaba. L’évènement, qui est devenuun rendez-vous incontournable pour les professionnels, sera axé cette année sur « l’impact des réformes stratégiques sur l’industrie pharmaceutique », a déjà réuni beaucoup de monde lors de sa première journée, à la grande satisfaction des organisateurs qui n’en attendaient pas moins de cette deuxième édition.
QG d’un business made in dz
En plus d’être une plateforme d’exposition et d’échanges d’expériences entre les différents acteurs de l’industrie, cette édition ALPHARMA s’est clairement positionnée comme un vecteur de promotion d’échanges commerciaux internationaux. L’exportation vers les pays africains étant aujourd’hui un objectif dont l’Algérie ne se cache pas.
En effet, les représentants des ambassades du Zimbabwe, de la Lybie, de l’Ethiopie et de la Tanzanie étaient présents lors du salon et n’ont pas hésité à s’arrêter à chaque stand pour s’informer sur les produits et les technologies utilisées.
L’étude de contrats d’exportations vers ces pays n’est pas à exclure au terme de ces rencontres. Elle est même un paramètre central lors de ce salon qui aura réuni au final 75 exposants représentant l’industrie pharmaceutique nationale.
Bien évidemment, la vedette de ce salon était le laboratoire BIOCARE avec son process de stylos à insuline 100% made in dz, lancé sur le marché début mai. Le laboratoire qui estime être en mesure de répondre entièrement à la demande nationale d’ici la fin de l’année, s’est déjà lancé dans un plan d’exportation. Pour M. Slimani, directeur commercial du groupe BIOCARE, il n y a rien d’improbable dans les ambitions du laboratoire, qui connaît ses limites et qui est pleinement disposé à assurer une qualité de produit irréprochable pour tous.
De son côté, M. Filali, organisateur du salon ALPHARMA, estime que le succès avéré de cette deuxième édition permet d’ores et déjà d’augurer que ce salon sera désormais un rendez-vous annuel à Annaba. Victime de son succès et faute de place, le salon a dû établir une liste d’attente de 15 laboratoires (qui ne sont d’ailleurs pas des moindres) et qui n’ont finalement pas pu participer à cet évènement.
A cet effet, M. Filali, qui prévoit déjà la troisième édition du salon, met la lumière sur la nécessité de créer un centre d’expositions à Annaba pour accueillir ce genre d’évènements. Le Sheraton n’étant plus capable de couvrir la demande des exposants pour des salons de cette envergure.
Réconcilier le citoyen lambda avec l’industrie
Si la première programmation de ce salon était réservée aux professionnels du secteur, cette deuxième édition est, quant à elle, ouverte au grand public. Pour Dr Slama, président régional du SNAPO d’Annaba et vice-président national, l’accès du citoyen lambda au salon va lui permettre de faire confiance à l’industrie nationale. « En allant au contact des différents laboratoires, le citoyen réalisera forcement qu’il y a un travail colossal derrière les médicaments génériques qui sont rigoureusement réglementés, en plus d’être soumis à des contrôles scrupuleux».
M.Slama, qui est avant tout pharmacien, appelle à la prescription et à la consommation du produit générique. Il reconnaît volontiers que, sur le terrain, l’attrait des consommateurs pour les produits importés est un phénomène réel. Toutefois, l’impact économique sur le portefeuille du client n’est pas des moindres, puisqu’aucun remboursement des produits avec la molécule-mère n’est possible, au moment où le citoyen algérien ne paye que le tarif de référence, à savoir la différence entre le produit fini et le produit «générique» local. Pour le pharmacien, il est plus que temps de bannir ces appréhensions et de consommer algérien.
La souveraineté médicale, un travail commun
Il suffisait de faire un tour entre les rayons du salon ALPHARMA hier, pour ressentir la cohésion évidente entre les différents acteurs de l’industrie pharmaceutique algérienne. De toute évidence, les différents laboratoires ont mis de côté les chiffres et la concurrence habituelle pour se focaliser sur un objectif commun prédéfini par le ministère de l’Industrie pharmaceutique.
En effet, la politique nationale actuelle est on ne peut plus claire, relativement au secteur pharmaceutique. Un seul mot d’ordre ressort « la nécessité d’atteindre une souveraineté nationale médicale le plus tôt possible ». En d’autres termes, le ministère de l’Industrie pharmaceutique vise une production nationale pour tous les médicaments actuellement autorisés en Algérie. Cette volonté se fait bien ressentir entre les allées de ce salon où les laboratoires nationaux s’imposent en leaders proposant des technologies novatrices qui n’ont rien à envier aux produits habituellement importés. A cet effet, M. Slama nous a confié que cet objectif, certes ambitieux, n’est pas aussi inaccessible qu’il n’y parait au vu du rythme de croissance de l’industrie pharmaceutique algérienne. Selon lui, il sera question de souveraineté médicale dans moins de deux ans en Algérie.
Des lois et règlementations bien ressenties
La volonté d’atteindre la très convoitée souveraineté médicale nationale, va naturellement de pair avec des stratégies et des lois spécialement conçues à cet effet par le ministère de l’Industrie pharmaceutique.
Ainsi, tous les opérateurs dont nous nous sommes rapprochés lors de cet évènement, ont salué les facilitations pour le lancement de nouveaux projets à l’instar des unités de production de produits jusque-là importés.
C’est également relativement aux règlementations des produits «naturels» à l‘instar des produits de phytothérapie et des compléments alimentaires que les réglementations se font ressentir.
M.Filali nous a, en effet, confié que le nombre d’exposants dans ce secteur ont diminué de plus de la moitié, comparé à l’année dernière en raison des nouvelles réglementations qui sont on ne peut plus strictes vis-à-vis de ce type de produits.
Face au boom de consommation qu’ont connu ces produits au lendemain de la pandémie COVID, le ministère de tutelle était dans l’obligation de se pencher de plus près sur les composants de ces produits dont la consommation relève de la santé publique.
Toutefois, M. Filali et Dr Slama sont unanimes sur la question de l’investissement dans la médecine naturelle. Face à la forte demande générée par les citoyens algériens, cette période est plus que propice à l’exploitation de ce filon. Mais, encore faut-il être en mesure de se plier aux lois en proposant des produits de qualité irréprochable?
Par : Mechakra Lilia