Par : Fatima Zohra Bouledroua
Il ne se passe pas un seul mois à Annaba, même en période de confinement, sans que nombre de jeunes y viennent enrichir la scène culturelle, en organisant des festivals de courts métrages, journées cinématographiques ou en raflant des prix nationaux et internationaux, dans cette même catégorie.
Annaba connait depuis quelques années une dynamique croissante dans la réalisation des courts métrages. De type fiction ou documentaire, les jeunes annabis tentent de s’exprimer à travers des réalisations traitant différents sujets et mobilisant dans la majorité des cas très peu de moyens. Plusieurs éléments contribuent à l’édification d’une culture cinématographique autour du court métrage à Bône, nous tenterons d’en dresser une liste non exhaustive, surtout, de ce qui a marqué les deux dernières années écoulées, pour donner une idée sur le rôle des jeunes dans l’épanouissement de cette culture, et, nous essayerons de mettre en exergue le degré de créativité et d’engagement dont ils font preuve.
Ne dépassant pas en général les 60 minutes, le court métrage est une réalisation qui permet de traiter un sujet et faire passer un message spécifique en quelques minutes. Cette appellation qui se distingue du « Très court métrage » de moins de trois minutes, du moyen métrage de plus de trente minutes et du « Long métrage » de plus de soixante minutes a été crée en 1924.
Depuis, l’industrie du court métrage se développa dans le monde.
Dans une dynamique de restructuration du secteur de la culture, le gouvernement Djerad tente de redonner vie au septième art en enclenchant plusieurs actions qui peinent à démarrer et qui ne sont aujourd’hui qu’au stade embryonnaire.
Rétrocession des salles de cinéma, modernisation des équipements pédagogiques, élargissement des offres de formations professionnelles dans les métiers du cinéma, autant d’actions qui seront engagées pour constituer un levier à ce secteur. Une évaluation de l’efficacité des dispositifs financiers de soutien direct et indirect à l’industrie cinématographique ainsi que la participation du secteur privé dans la chaîne des valeurs de l’industrie cinématographique seront aussi des priorités.
Pendant ce temps, à Annaba, et dans une atmosphère marquée par des obstacles financiers et administratifs (autorisation de tournage), nos jeunes réalisent des prouesses :
- The Digital Gate International Film Festival
Après tout juste un mois de confinement, en Avril 2020, Dalil Belkhoudir, réalisateur d’Annaba, crée « Doumam Festival ou le festival virtuel du film à domicile » une page Facebook, plate forme numérique et chaine u tube, beaucoup de volonté, et le festival virtuel fut lancé.
Ayant pour seul condition de filmer à domicile, ce festival avait pour objectif d’animer la vie des confinés, de créer un divertissement et de pousser les jeunes à extérioriser leur créativité tacite. Smartphone et logiciel de montage auront suffi aux participants de plus de 23 pays, d’envoyer 58 réalisations à une commission de sélection puis un jury international pour désigner les trois courts métrages gagnants.
A raison d’une édition par mois, le festival évolue aujourd’hui vers sa 14 éme édition, et pour la première fois, la cérémonie de clôture de la précédente édition a été organisée en présentiel au niveau de la salle de la cinémathèque d’Annaba. De plus en plus de jeunes dans le monde entier affichent leur intérêt à participer à cette manifestation culturelle dont le concept est unique au monde, et tentent de gagner le premier prix « Le portail d’or ».
- Les journées d’Annaba du court métrage :
Principal lieu de rencontre des jeunes cinéastes de tout le pays, cette manifestation culturelle organisée par la maison de la culture d’Annaba est tenue périodiquement. Depuis 15 années, treize éditions ont eu lieu sous différentes appellation (Les journées cinématographique d’Annaba / Annaba cinéma : affiliées au Festival d’Annaba du Film Méditerranéen / les journées d’Annaba du court métrage). La quatorzième édition n’a pu avoir lieu, en raison de la situation sanitaire.
- Association Founoune pour la promotion de la culture :
Fondée et crée en 2020 par l’artiste et cinéaste Algérien Dalil Belkhoudir, elle a pour objectif d’assurer la promotion de la culture cinématographique et d’organiser des activités culturelles. L’association a ratifié plusieurs conventions de coopération entre le festival « Doumam Festival » et d’autres festivals à l’échelle internationale, permettant ainsi à nos jeunes dès l’ouverture des frontières de se déplacer vers des pays amis et voisins pour échanger et se perfectionner dans les métiers du cinéma. Plusieurs festivals internationaux sont partenaires et ont ratifié des conventions cadre de coopération avec l’association Founoune, nous citons les pays suivants : Italie, Maroc, Tunisie, Palestine, Egypte, Lyban, Syrie…..et bien d’autres.
- L’association cinématographique » Daou el moutaouassit »
Crée en 2020 et présidée par le talentueux formateur en photographie et audio-visuel monsieur Ahmed Hamel, elle a pour objectif de promouvoir la culture cinématographique auprès des jeunes, de former dans les métiers de l’audiovisuel et du cinéma, organise des activités et des manifestations qui se rapporte au 7ème art.
- Les ateliers :
Point de passage de tous les jeunes bônois désirant acquérir des compétences dans le domaine, l’atelier du palais de la culture forme depuis 16 ans les apprenants dans la photographie et les techniques de l’audiovisuel. Cours et stages y sont dispensés par monsieur « Ahmed Hamel » conseiller culturel et chef de service animation culturel au palais de la culture d’Annaba. Cet atelier est reconnu comme étant le berceau de la majorité des jeunes cinéastes et photographes bônois.
- Les jeunes réalisateurs primés :
« Tous le monde peut avoir une caméra, mais tout le monde n’est pas cinéaste » disait Gérald Hustache-Mathieu.
Shawki Med Taher Boukef : Plusieurs jeunes annabis remportent des prix nationaux et internationaux dans la catégorie courts métrages, mais le plus récompensé de tous, est le jeune Shawki Med Taher Boukef. Jeune diplômé du département des sciences de l’information et des communications de l’université d’Annaba, Shawki multiplie les réalisations et rafle les prix depuis 2017 à ce jour.
Créatif, il s’est orienté depuis son deuxième court métrage vers l’utilisation de la technique « Animation traditionnelle » dans la réalisation. Il compte à ses actifs 07 films d’animations, des vidéos clips et plusieurs participations et collaborations à l’international. Les réalisations : « Why ? , Stay , Exam , Sun » lui permettent d’obtenir plusieurs prix dans des festivals nationaux et internationaux. Le prix du président de la république « Ali-Mâachi » pour les jeunes créateurs 2021 section « cinéma et audiovisuel » lui a été décerné grâce à son dernier court métrage intitulé : The Bridge.
Abderrahmane Harrat :
Connu pour avoir été le plus jeune réalisateur Algérien, talentueux et déterminé malgré son jeune âge, il réalisa plusieurs courts métrages et un long métrage. Primé au festival d’Annaba du film méditerranéen avec son court métrage « Désolé », il continue ses prouesses même en temps de covid en arrachant le13 avril, le premier prix du concours Al Jazeera documentaire du court métrage, avec son film de sept minutes intitulé « Jamila fi zaman el-hirak ». Cette réalisation qui véhicule un message d’espoir et de désolation a été projetée dans presque toutes les salles Algériennes. Il s’est classé à la deuxième place au prix du président de la république Ali Maachi 2020 section cinéma et audiovisuel.
Abdallah boughraf : Primé deux fois en 2020, en Egypte pour le meilleur montage et à Alger pour le meilleur film documentaire, il enregistre plusieurs participations dans des festivals nationaux et internationaux avec trois courts métrages, le dernier « The Recovory king » est actuellement en compétition en Italie.
D’autres jeunes écrivent l’histoire du court métrage à Annaba, nous citons : Badis Kharfane primé dans un festival universitaire en 2018, Khalil Felliga a obtenu les encouragements du jury au festival international du film documentaire de Rélizane en 2019 avec « El Matrak », « Hajar El Baz » réalisé par une équipe d’Annaba avec Dalil Belkhoudir a gagné le premier prix dans cette même manifestation. Toujours en 2019, Djamel Eddine Sakhri a eu le premier prix au festival d’Annaba du court métrage. Le trio Hichem Guassar Elil, Amer Djedid et Abderrahim Merrah obtiennent le prix du jury au concours national « Raconte l’histoire de ta ville » organisé » cette année même par la télévision nationale.
Entre réussites marquantes et obstacles grandissants, d’autres jeunes talentueux, créatifs, diplômés et sérieux, attendent, méritant écoute et soutien, pour décoller des carrières de professionnelles.