Par : Hamid Baali
Dans le cadre d’un découpage administratif opéré en 1975, Guelma avait acquis un statut de chef-lieu de wilaya à la grande satisfaction des autochtones qui souffraient d’un manque flagrant d’infrastructures, tous secteurs confondus, qui pénalisait le cadre de vie des habitants. Réputée pour sa vocation agricole, elle avait bénéficié de l’édification de quatre importants complexes industriels, en l’occurrence, la Sonacome, la Sogedia, la Céramique et la Sonitex qui avaient recruté plus de quatre milliers de salariés des deux sexes qui disposaient de nombreux avantages sociaux. A cette époque, le chômage était inexistant et des familles rurales avaient quitté leurs mechtas pour s’installer en ville, sachant que la vente de leur bétail leur avait permis de construire des villas, des magasins et de disposer d’un poste de travail permanent. Les premiers walis de Guelma avaient piloté la réalisation de centaines de bâtiments collectifs au niveau des cités 8 mars, Gahdour, Ain-Defla secteurs A, B et C (Fougerole), des frères Rahabi (Jerodan) et Bara (Soréco), ce qui avaient permis de reloger des milliers de familles.
Le rail, ce grand absent
Au fil des ans, Guelma enregistra une extension notable et un effort particulier avait été consenti dans les secteurs de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de la Formation et l’Enseignement professionnels, de la Jeunesse et Sports, de la Culture, du Tourisme, de l’Hydraulique ainsi que le bénéfice du gaz naturel, de la téléphonie fixe, du transport urbain…etc. Les Guelmois empruntaient le petit train en direction de Bouchegouf pour rallier, à bord du Trans-Maghreb, la Tunisie et les villes d’Annaba et Alger, car la voie ferrée Guelma-Constantine était fermée depuis 1958, à la suite de l’effondrement d’un tronçon emporté par des crues exceptionnelles. Au grand dam de la population, la grande gare de la ville qui avait connu une renommée méritée durant la période coloniale pour l’intensité du trafic ferroviaire, à savoir les voyageurs qui empruntaient le Trans-Maghreb quotidiennement et le transport des marchandises, céréales, agrumes, bétail est devenue à présent un lieu fantomatique puisqu’elle est fermée depuis une quinzaine d’années, à la suite de la cessation de l’exploitation de la ligne de Bouchegouf. Le sifflement langoureux du train est amèrement regretté par les habitants qui se remémorent avec mélancolie ces années fastes. D’autre part, le petit aérodrome implanté à Belkheir, à quelques kilomètres du chef-lieu de wilaya, qui devait abriter un aéroport moderne, est voué à l’oubli car ses terres ont été versées au monde agricole.
Une économie « démantelée »
Jaloux de la prospérité de leur wilaya, des citoyens se sont rapprochés de notre journal pour exprimer leur désespoir et interpeller les pouvoirs publics sur cette récession de la région. Ammi Messaoud, un sexagénaire, déverse sa colère : ” Les quatre unités industrielles qui faisaient la fierté de notre wilaya ont licencié leurs milliers de travailleurs lors de la crise économique mondiale des années 90 et c’était le début de la descente aux enfers ! La Céramique et la Sonitex ont été dissoutes et la Sogedia (ENA sucre) et Sonacome (Cycma) fonctionnent au ralenti ! Nous tenons à plaider le développement tous azimuts de notre wilaya qui enregistre un retard dans tous les secteurs, car le chômage est galopant puisque la paupérisation n’a pas épargné des milliers de foyers de condition moyenne ! ” .
Djamel souhaite que le ministère des Transports programme la réhabilitation des tronçons ferroviaires Guelma-Constantine et Guelma- Bouchegouf à l’instar des autres régions du territoire national qui sont sorties de leur isolement. Il souligne que ce projet tient à cœur la population qui réclame l’édification d’un aéroport car leur région ne dispose pas de voies de communications adéquates. Il poursuit : ” Les projets de voies à double sens des RN 21, 20 et 16 accusent un retard immense qui engendre de nombreux accidents mortels de la route !
L’Etat sera-t-il à l’écoute ?
Ce dossier nécessite une attention particulière des pouvoirs publics qui gagneraient à accorder un programme spécial à notre wilaya qui souffre en silence ! J’ose espérer que nos nouveaux parlementaires, de jeunes universitaires intègres et dynamiques, seront nos porte-paroles à l’Assemblée nationale et au Sénat ! Nous demandons la construction d’un autre barrage, car l’actuel ne répond pas suffisamment à l’alimentation en eau potable et aux besoins de l’irrigation des milliers de terres agricoles ! Les autoroutes doivent être réceptionnées dans les délais impartis et il est vital que le médiateur national de la République se déplace à Guelma pour constater de visu la réalité des faits et recueillir les doléances des autochtones ! ” .