Par : Hamid Baali
Les familles ont dû débourser de grosses sommes d’argent pendant le mois sacré du Ramadhan, car il fallait rentrer à la maison avec un couffin regorgeant de viandes rouges, blanches, légumes, fruits, sodas, douceurs, fromages, oeufs, poissons…etc. Les ménages ont été lessivés par ces dépenses extravagantes qui avaient nécessité des dettes et des emprunts auprès des proches et des amis. Les pères et mères de familles sont devenus plus réalistes après les fêtes de l’Aid-el-fitr, car il fallait se serrer la ceinture et opter pour des plats simples et surtout bon marché.
En effet, ils recourent à l’achat de fèves récoltées dans les champs de la région et que des marchands ambulants et des fellahs vendent à bord de leurs camionnettes en sillonnant les cités et quartiers. D’autres préfèrent se garer aux abords des mosquées, des supérettes et autres lieux publics pour écouler leurs légumineuses, dont les vertus nutritives sont indéniables. Des citoyens nous apprennent que les fèves riches en vitamines, sels minéraux, potassium, magnésium, recèlent de l’amidon qui n’a aucune incidence sur les diabétiques qui peuvent les consommer sans crainte .
Aux alentours de la mosquée El-Qods, implantée aux abords des cités populeuses de Champ de manoeuvre et Gahdour Tahar, il nous est loisible d’observer la présence de camions chargés de fèves. Les clients s’empressent d’acquérir des sachets de 5 kilogrammes pour la modeste somme de 200 dinars et certains se réfugient dans le square voisin pour les écosser. Méthodiques, ils jettent les épluchures des gousses dans le bac à ordures et prennent soin à ramener à leurs épouses les fèves vertes d’une grosseur significative. Les marchands écoulent en quelques heures des dizaines de quintaux à leurs clients, dont certains n’hésitent pas à acheter une dizaine de kilogrammes. De toute évidence, les fèves de cette saison s’avèrent tendres et de bonne qualité, ce qui permet à la maîtresse de maison de concocter de délicieuses recettes. Ali, un septuagénaire, nous déclare : ” Croyez-moi, j’achète chaque jour un sachet de 5 kilogramme des fèves vertes que mon épouse prend plaisir à préparer en sauce tomate dans une marmite ou à la vapeur dans un couscoussier placé au-dessus d’un ustensile rempli d’eau bouillante ! Toute la maisonnée déguste ces fèves savoureuses et aucun membre de la famille ne se plaint de la fréquence de ces menus ! ” .
Des voisins nous apprennent qu’il existe d’autres recettes à partir des fèves vertes bouillies ou étuvées à point puisque les ménagères ont l’opportunité de confectionner un couscous succulent, de la ” tamina “, du ” Rfis ” et autres. Pendant les mois de mai et juin, les Guelmoises et les Guelmois privilégient la consommation des fèves vertes pour des raisons purement nutritives et économiques. Ce plat est consommé dans tous les foyers, toutes conditions sociales confondues, et aucune famille ne déroge à cette règle.