Par : Hamid Baali
Le chef-lieu de wilaya croule sous les ordures ménagères puisque les éboueurs sont en grève depuis dimanche 14 novembre et ce mouvement revendicatif se poursuivait ce mardi au grand dam de la population pénalisée dans son cadre de vie. Nous avons entrepris une tournée dans divers secteurs de la ville et le constat est alarmant, en l’occurrence les bacs et dévidoirs sont archipleins et les immondices jonchent le sol souillé de lixiviat visqueux et noirâtre. Des odeurs nauséabondes incommodent les riverains qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Nous nous sommes rendus au parc communal implanté à la cité Hadj Embarek, sur les hauteurs de la ville et nous avons rencontré les grévistes qui campent sur les lieux. Près de deux centaines d’éboueurs relevant de l’APC de Guelma sont déterminés à poursuivre leur grève afin d’arracher leurs droits légitimes. L’un d’eux, visiblement courroucé, a saisi l’opportunité de notre journal pour exprimer le ras-le-bol de ses collègues : ” C’est le quatrième mouvement de grève que nous observons et, en dépit des correspondances adressées au président de l’ APC, c’est toujours le silence radio de notre tutelle . Nous exigeons le versement de la prime Covid-19 que le gouvernement a accordée à tous ceux qui sont exposés à la contamination de ce virus mortel ! Nous n’avons toujours rien perçu et nous sommes déterminés à arracher ce qui nous revient de droit ! D’autre part, les quotas d’habillements censés nous protéger dans notre pénible et salissant travail ne nous ont pas été remis depuis trois ans ! C’est de l’injustice et du mépris que nous subissons, sachant que notre salaire mensuel atteint seulement les 20.000 dinars ! Nous sommes des pères de familles nombreuses et nous sommes laminés par la cherté de la vie ! ” .
D’autres interlocuteurs abondent dans le même sens et égrènent leurs griefs qui perdurent sans susciter une réaction de la municipalité de Guelma. Un travailleur, usé par ce labeur, nous confie : ” Est-il logique d’ignorer ceux qui veillent à l’enlèvement quotidien des ordures ménagères dans des conditions humiliantes ? Contrairement à notre corporation qui exerce sous d’autres cieux, nous ne possédons pas de tenues de travail, de bottes, de gants et de masques protecteurs ! Nous sommes des êtres humains et nous plaidons le respect et nos droits qui sont bafoués ! ” .
Nous apprenons que certains ouvriers ont contracté des maladies professionnelles qui ne sont pas encore reconnues par leur tutelle, troubles cardiaques et visuels, eczéma, arthrose qu’ils endurent depuis des années. Ils affirment qu’ils ne sont affiliés à aucun syndicat et, en dépit de cela, ils soutiennent qu’ils ne baisseront pas les bras jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications.
Cette grève survient dans un contexte particulier puisque la campagne des élections locales a engendré un relâchement total dans la gestion des APC, car de nombreux élus ont réitéré leurs candidatures pour un nouveau mandat. C’est un délégué communal qui est chargé de l’intérim de premier magistrat de la ville de Guelma et ses prérogatives strictement limitées ne l’autorisent pas à négocier avec les grévistes et encore moins de prendre des décisions importantes. Dans ce contexte, il appartient aux autorités locales de s’impliquer, d’écouter les doléances des grévistes et de dénouer cette crise pour permettre à la ville de retrouver sa propreté. L’hygiène en cette période de pandémie de Coronavirus est primordiale et il reste à espérer qu’une prise en charge de ce dossier sensible sera prise par madame la wali de Guelma.