Par : Mustapha B
Quelques instants après la publication du communiqué de presse du parquet d’Alger pour démentir l’entrée en grève « d’une certaine frange de détenus de la prison d’El-Harrach », l’avocat Abdelghani Badi, membre du collectif de défense des détenus d’opinion, est sorti de son silence pour « démentir » le démenti du procureur général de la Cour d’Alger.
L’avocat, qui est à l’origine de ces informations, qualifiées de « tendancieuses » par le parquet, ne semble pas intimidé par les « menaces » du procureur. Dans deux posts publiés sur sa page Facebook, suivie par plus de 91.000 followers, Me Badi persiste et signe.
« Hassan Bouras, Boussif Mohamed Boudiaf et El-Hadi Assouli font partie du groupe de détenus ayant entamé une grève de la faim ce jeudi. Ils en ont, avec d’autres détenus, avisé l’administration pénitentiaire d’El Harrach. Nous leur avons rendu une visite ce jour-là et ils nous ont révélé des détails importants sur lesquels nous reviendrons ultérieurement », assure l’avocat dans son premier post.
Dans la seconde publication, le défenseur des droits de l’Homme défit le parquet : « Si le parquet dément l’existence d’une grève de la faim à la prison d’El Harrach, nous le collectif de défense qui leur avons rendu visite ce jeudi confirmons la véracité de cette grève. Seule une commission d’enquête indépendante pourra nous départager et révéler les tenants et les aboutissants de cette affaire ».
Me Badi ne semble aucunement intimidé par les « menaces » du procureur général de la Cour d’Alger qui avait mis en garde, avant-hier, en signalant que « la diffusion de fausses informations pouvant impacter la sécurité et la stabilité des institutions, comme il l’est établi dans le cas de figure, pourrait voir engager la responsabilité pénale de ses auteurs dans la mesure où les informations de cette nature ont pour but d’impacter négativement l’ordre public et les institutions ».
L’avocat avait révélé jeudi, suite à sa visite à des détenus du Hirak à la prison d’El Harrach, qu’une quarantaine d’entre eux avaient décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre leur arrestation qu’ils jugent « arbitraire » et « anticonstitutionnelle ».
« Certains, parmi les détenus du Hirak, de la prison d’El-Harrach, m’ont dit, lors de ma visite aujourd’hui (jeudi, ndlr), que plus de quarante prisonniers du Hirak avaient décidé d’entamer une grève de la faim à partir du 28 janvier, pour protester contre les poursuites et les fausses accusations, ainsi que les prolongations de détention provisoire injustifiées », avait-il révélé sur sa page Facebook.
Le même avocat avait précisé que les prisonniers en question comptaient mener cette action pour protester contre l’article 87 bis sur la base duquel ils sont accusés de « terrorisme ».
« Ils rejettent les chefs d’accusation retenus contre eux sur la base de l’article 87 bis du code pénal qui les accusent de terrorisme », a-t-il affirmé avant de porter une analyse sur cet article de loi qu’il qualifie de «fourre-tout ». « Ce paragraphe est dangereux en ce sens que toute personne appelant au changement du système à travers, par exemple, l’appel à une Constituante, est considérée comme un acte terroriste. C’est une aberration », conclut-il.