Les habitants de la cité Mont Plaisant dans les quartiers Nord de la ville d’Annaba ont vécu une nuit de terreur, entre samedi et dimanche, suite à un glissement de terrain qui a entrainé la chute, une dizaine de mètres plus bas, de la quasi-totalité de la clôture d’une maison, ainsi qu’une partie du jardin. La cause de l’effondrement du terrain ne serait autre qu’un chantier de réalisation d’une promotion immobilière. Malgré les nombreuses protestations du voisinage de ce quartier résidentiel, composé essentiellement de villas et de maison coloniales, le promoteur a obtenu un permis de construire pour la réalisation d’un immeuble de plus de 6 étages.
Dans la journée, le maire d’Annaba, Tahar Merabti, a fait le déplacement en compagnie des responsables du service technique de la direction de l’urbanisme de la wilaya d’Annaba afin de constater les dégâts occasionnés, selon lui, par le non-respect des lois de la République en matière d’urbanisme et de réalisation de logements. En effet, en creusant pour réaliser les fondations de son futur immeuble, le promoteur aurait, délibérément négligé la construction de murs de soutènement comme l’exige la réglementation en vigueur. En effet, selon le président de l’APC d’Annaba, Tahar Merabti : « Les services techniques mixtes de la commune d’Annaba et la direction de l’urbanisme de la wilaya ont déjà adressé audit promoteur deux mises en demeure pour non-respect de la réglementation. On lui a déjà notifié qu’il ne devait plus rien toucher avant de réaliser les murs de soutènement nécessaires pour ce genre de réalisations ».
« Le promoteur a tous les permis nécessaires pour réaliser sa construction, mais lors de l’installation de son chantier, il n’a pas pris les mesures qui s’imposent en matière de protection et prévention de son environnement immédiat, notamment les habitation qui l’entourent. Ceci a eu pour conséquence des dégâts matériels très importants ; c’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons décidé de geler ses travaux jusqu’à ce qu’il se conforme à la réglementation et qu’il répare les dégâts occasionnés par son chantier. Le promoteur doit aussi offrir toutes les garanties que son chantier ne représente plus de risque ou de danger pour la sécurité du voisinage », nous a affirmé le maire d’Annaba.
De son côté, la veuve du défunt moudjahid Mohamed Aouachria, propriétaire de la maison ayant subi le plus de dégâts, témoigne de la nuit d’horreur qu’elle a vécue avec sa famille. L’octogénaire affirme qu’ils n’ont pas pu fermer l’œil de toute la nuit, suite au glissement de terrain qui s’est produit. « On croyait qu’il s’agissait d’un tremblement de terre », affirme l’octogénaire, qui semblait être épuisée.
Même constat à Sidi Aïssa
La veille, un événement similaire s’était produit au niveau de Sidi Aïssa, sur la route menant du rond-point de la cité Beni M’hafer vers la commune de Séraïdi. Un glissement de terrain avait bloqué la circulation au niveau de cet axe routier, à moins de 5 mètres du chantier d’un autre promoteur immobilier. Les citoyens ont tout de suite pointé les négligences des promoteurs et le non-respect des normes en matière de protection de l’environnement immédiat des chantiers, mais les autorités locales n’ont toujours pas réagi.
Où en est la guerre du wali
En juillet dernier, le wali d’Annaba, Djamel Eddine Berrimi, avait déclaré la guerre à ce qu’il a qualifié de « promotions anarchiques ». Le wali avait décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière en s’attaquant au dossier, ô combien délicat de l’urbanisme. Le wali avait fustigé les conditions d’attribution de terrains et de permis de construire défiant toutes les normes urbanistiques en vigueur qui révèlent la concussion entre des promoteurs véreux et certains responsables à plusieurs niveaux de l’administration locale, auxquels il s’agit aujourd’hui de demander des comptes.
Comme au temps du sieur Baha Eddine Tliba et autres parrains de la mafia du foncier, Annaba semble toujours victime de la prédation. Le wali avait pris, l’an dernier, la très courageuse décision de geler toute nouvelle opération d’octroi de permis de construire permettant la réalisation des projets immobiliers. Mais un an après, les résultats ne sont toujours pas visibles. S’agissait-il seulement de promesses en l’air et d’effets d’annonces sans lendemain ? Le wali d’Annaba a-t-il fini par comprendre que les prédateurs étaient les maitres des lieux au « far est » algérien ? Ou bien le premier responsable de la wilaya a-t-il juste besoin d’un peu plus de temps pour venir à bout de ce problème épineux ? Des questions qui restent encore sans réponses, compte tenu de la politique d’opacité de nos responsables, un vestige du système Bouteflika qui semble avoir la peau très dure.
Par : R. C.