Par : Bouchra Naamane
« Je ne comprends pas comment les autorités algériennes tolèrent cette catastrophe environnementale. Depuis que Fertial a repris l’opération de production de l’ammoniac, les odeurs nauséabondes nous étouffent. Comment osent-ils affirmer que ces substances chimiques ne sont pas polluantes ? »
C’est en ces termes que Khaled, habitant de la cité Seybouse, et père d’un enfant souffrant de l’asthme a fait part de ses craintes quant aux menaces que représente la société des fertilisants d’Algérie, Fertial d’Annaba, notamment au cours de ces deux derniers mois.
Cela fait plus d’un mois depuis que l’unité de l’ammoniac de Fertial est entrée dans la phase de production. Cette démarche a eu de dangereuses répercussions sur l’environnement, notamment au niveau de la cité Seybouse. C’est du moins ce que l’on peut conclure des odeurs nauséabondes qui se dégagent d’une manière permanente, des déchets gazeux qui couvrent quotidiennement le ciel de la ville mais aussi des déchets liquides qui se jettent directement dans la mer.
Les médias locaux, la société civile et les habitants de la cité Seybouse et les quartiers limitrophes ne cessent, depuis la reprise de la production de l’ammoniac, de dénoncer cette pollution environnementale, mais en vain. Les autorités algériennes semblent être tellement satisfaites du rendement de l’opération de l’exportation au point de sacrifier la vie de plus de 100.000 habitants et de faire la sourde oreille aux alertes lancées par les associations et les médias, mais aussi de la direction de l’environnement de la wilaya d’Annaba. Pis encore, il s’agit également d’une pollution sonore qui marque le quotidien des habitants. « Jour et nuit, le bruit venant de Fertial ne s’arrête pas » déplore un citoyen.
En effet, suite à la fuite qui s’est produite au niveau de la conduite principale de l’ammoniac au cours du mois dernier et qui a gravement secoué la ville d’Annaba, le directeur de l’environnement de la wilaya avait déclaré : « Nous avons adressé une correspondance officielle à la société où nous avons réclamé un audit de risque global, compte tenu de l’ancienneté des équipements de cette dernière. Ces équipements n’ont jamais fait l’objet d’une opération de rénovation ».
Pour rappel, Fertial avait exporté, au cours du mois dernier, une première cargaison de 15.000 tonnes d’ammoniac vers le vieux continent.