Par : Adam S
Alors qu’un état de ruine s’installe chaque jour plus qu’avant dans le centre-ville d’El Milia et sa périphérie, la population locale n’a plus qu’à exprimer son ras-le-bol général pour manifester son indignation face à ce qu’elle endure. Les chantiers de rénovation des réseaux d’assainissement et d’AEP, qui ont réduit son réseau routier à des tronçons impraticables, ne sont que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Bien avant le lancement de ces projets, la précarité dans cette ville s’est installée. Trois mandats successifs d’un maire sorti par la petite porte, après sa condamnation à des peines de prison ferme, ont eu raison de cette agglomération et de ses infrastructures. Non seulement, ses routes ont été éventrées, mais ce sont ses infrastructures qui ont été livrées à toute sorte d’abandon et de saccage. Le laxisme dans la gestion des affaires publiques a atteint son apogée avec une gabegie qui s’est érigée en mode de gouvernance. L’arrivée d’un nouveau staff communal, à la faveur des dernières élections locales, a toutefois donné lieu à l’espoir de voir s’installer une nouvelle dynamique dans la gestion des affaires locales. Six mois après, la nouvelle assemblée communale s’est empêtrée dans des querelles qui ont opposé les élus au P/APC. Ce dernier semble avoir été coincé dans son action avant de se soumettre aux caprices des membres de l’instance qu’il préside pour éviter le blocage de son assemblée. Sur le terrain, le dynamisme tant espéré a été compromis par ces querelles de leadership pour diriger une APC, qui a longtemps fait l’objet d’une gestion aléatoire de ses affaires. Du coup, c’est la population locale qui perd de jour en jour ses illusions. L’indignation est à son comble face à tant de déchéance et de précarité dans une cité qui ne respire plus que la poussière de sa misère. Circuler au centre-ville est devenu le cauchemar des conducteurs de voitures, confrontés aux multiples trous qu’ils ne peuvent éviter, alors que les piétons ne trouvent plus aucun tronçon qu’ils peuvent emprunter sans trébucher. Si les projets en cours ont aggravé cette situation, l’inertie des élus locaux pour intervenir, comme ils l’ont promis avant de se faire élire, est décriée de toutes parts. Le P/APC, qui proclame que le moment d’agir est venu après la passe d’arme avec les élus de son assemblée, promet de remédier à cette situation. Il fait le constat de nombreux projets à débloquer, trainant depuis la mandature précédente. Selon lui, les crédits qui leurs ont été alloués vont servir à leur relance. Victime d’un cumul de longues années d’une gestion laxiste des ses affaires, El Milia a fini par devenir un exemple d’une mauvaise gouvernance qui l’a précipité dans une situation à la limite de l’ingérable. Pénalisant la population locale, livrée à l’anarchie qui régule son quotidien dans tous les domaines, son mode de gestion est devenu un véritable casse-tête pour les autorités de la wilaya. À son installation à la tête de la wilaya de Jijel, il y a plus de deux années, le wali, Abdelkader Kelkel, a tenté d’intervenir pour inciter les élus locaux à agir pour prendre en charge les problèmes soulevée. Devant tant d’improvisation et d’inaction, il semble avoir déchanté. C’est dans un tel contexte que les réseaux sociaux sont devenus un déversoir du ras-le-bol local. Très souvent avec des formules acerbes et ironiques, tout est rapporté et décrié avec photos et images à l’appui. Les élus, qui pour une moindre action de nettoyage se prennent en photos, ne sont plus que la risée de ces réseaux, où l’on ne cesse de les descendre en flamme à longueur de temps. Pour les intervenants dans cet espace virtuel, lieu d’expression résumant le contexte répugnant de cette ville, El Milia n’est plus qu’ « El Mekhlia ». Et pour cause, la ville a été totalement désertifiée par tant de torts et de malheurs qu’on lui a causé.